Le sarkozisme tel qu’il hait
août 9th, 2008 Posted in France, Sarkozisme et bling bling, VidéosLe 2 août dernier, deux étrangers incarcérés dans le centre de rétention administratif du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) ont tenté de mettre le feu à leur matelas.
Il n’en a pas fallu davantage pour que le sinistre Brice Hortefeux, ministre sarkoziste de l’immigration et de l’identité nationale, y voit le résultat d’une incitation extérieure provenant de l’association « SOS soutien aux sans-papiers ».
Ladite association a depuis rejeté les accusations du ministre, précisant qu’elle n’appelle en aucun cas à la destruction et à la mise à feu des centres de rétention, mais à leur fermeture.
Il faut croire que cette nuance était trop subtile pour le ministre, lequel a demandé au préfet de Seine-et-Marne d’interdire la manifestation de cette association, normalement prévue ce samedi devant le centre de Mesnil-Amelot.
La manipulation du gouvernement est évidente. En imputant la responsabilité de l’incident du 2 août à l’association « SOS soutien aux sans-papiers », le gouvernement entend détourner l’attention des médias et de l’opinion publique des traitements inhumains et dégradants commis sur le territoire de la République au sein de ces centres. Très récemment, le 22 juillet dernier, le Comité des droits de l’homme de l’ONU a publié un rapport cinglant à ce sujet (voir les points 18 à 21 de ce rapport).
Pendant que la polémique s’installe, on évite ainsi soigneusement d’évoquer, non seulement le rapport de l’ONU, mais aussi celui de la Commission nationale de contrôle des centres et locaux de rétention administrative et des zones d’attente (créée dans le cadre de la loi du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration et au séjour des étrangers). Ce dernier a été remis au gouvernement en juin de cette année. Il avait pourtant attiré l’attention du gouvernement sur le climat de tensions et de violence (suicides, grèves de la faim, automutilations, etc.) qui règne dans les centres.
Les Français, intoxiqués par la propagande sarkoziste, ignorent généralement les drames qui se jouent derrière les murs de ces centres de rétention. Des milliers d’hommes et de femmes y sont parqués comme du bétail, dans l’attente de leur expulsion, alors que nombre d’entre eux avaient un travail, une famille, des amis, une maison, etc.
Pour des raisons électorales (récupération de l’électorat du Front National), la droite UMP-Nouveau «Centre» n’a eu de cesse de durcir la législation relative à l’octroi et au renouvellement des papiers administratifs (cartes de séjour, permis de travail). Des dizaines de milliers d’individus sans histoire ont été alors précipités dans l’illégalité et poussés, malgré eux, dans une clandestinité qu’ils n’ont pas voulue.
La stigmatisation du clandestin est devenue réellement insupportable. Le clandestin est l’autre que l’on parque, l’ennemi anonyme à propos duquel on ne veut rien savoir et dont la présence est présentée comme une menace pour l’identité nationale. L’image de l’immigré sans-papiers est en quelque sorte le tour de passe-passe que le racisme ordinaire a trouvé pour s’exprimer, en toute bonne conscience, et se répandre comme un venin dans la société française. En cela, le clandestin est beaucoup plus que le simple étranger qui n’est pas en règle avec la douane et le ministère de l’intérieur.
Le clandestin est en effet l’immigré indéfendable, hors la loi, et à propos duquel on ne conçoit pas d’autre alternative que l’internement et l’expulsion. Son anonymat le sacrifie donc à l’intolérance d’une politique inefficace, dont les maîtres d’œuvre principaux s’appellent Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux.
La paranoïa des pouvoirs publics est d’ailleurs telle, qu’elle vise même les Français, en particulier ceux qui souhaitent épouser des étrangers. Ils sont présumés coupables de vouloir se livrer à des mariages blancs interdits par la loi. Les tourtereaux sont alors convoqués en préfecture pour subir, chacun de leur côté, des interrogatoires de police attentatoires à leur vie privée, aux termes desquels des fonctionnaires sont contraints de leur demander comment ils se sont rencontrés, depuis quand ils se fréquentent, s’ils baisent bien comme il faut, s’ils entendent vivre paisiblement, s’ils savent que le participé passé s’accorde quand le complément d’objet direct est placé avant l’auxiliaire « avoir », etc.
(Carte de Séjour- Douce France)
Les élus locaux sont également incités à collaborer à ce contrôle et à se faire juge de la sincérité des futurs époux. Evidemment, selon la nationalité du promis ou de la promise, le contrôle est plus ou moins serré. Bien souvent, pour ne pas dire systématiquement, la sévérité du contrôle est proportionnelle au taux de mélanines.
La discrimination n’est jamais énoncée par le texte législatif ou réglementaire, mais se manifeste dans les conséquences de son application. Elle n’éclate au grand jour que lorsqu’elle est médiatisée ou sanctionnée par la justice. Mais pour quelques procès, combien d’injustices sont commises quotidiennement dans l’indifférence générale ?
C’est à se demander presque si Le Pen a réellement perdu le second tour de l’élection présidentielle de 2002.
Voir aussi : Aux immigrés, la Patrie reconnaissante.