De Clint Eastwood aux Beaux-Arts, et la salade Grenobloise la meilleure du monde!

Par Missrimel

J’ai eu l’occasion de constater, au cours de mes deux années à tenir mon affaire, que dans un bar/restaurant ou même un salon de thé, c’est pas comme dans « le bon, la brute et le truand ».

Vous allez me dire : « quel rapport avec un western, elle est folle celle-là ? »

Ben si, y’en a un.

C’est pas que j’accueillais mes clients avec un colt à la main, non, rassurez-vous (je n’ai jamais tué personne même si parfois c’est pas l’envie qui m’en manquait)…

C’est pas non plus les crachoirs dans les coins du commerces. A Zazen, on savait se tenir non mais !

Non, là vous êtes encore froids.

Vous séchez ?

OK.

Dans « le bon, la brute et le truand », Blondin/Clint dit (attention phrase culte) :

« le monde se divise en deux catégories. Ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses » (trop fort ce Clint).

Bon, ben dans un bar/salon de thé, les clients se divisent en trois catégories.

Donc c’est pas comme dans le bon, la brute et le truand.

CQFD.

Et c’est pas les mêmes catégories que dans le western, hein (je n’avais jamais sur moi de pistolet chargé et de toute façon si quelqu’un s’était approché de mon beau parquet wengé avec une pelle pour creuser je l’aurai foutu à la porte).

C’est systématique, et on ne le constate que lorsqu’on passe du temps dans ce genre d’endroit. Mais quoi qu’il arrive, et quel que soit l’établissement, vous retrouvez à tous les coups ces trois catégories.

Et comme vous êtes des gens biens-comme-il-faut qui ne passez pas votre vie dans les bistrots, vous ne l’avez peut-être pas remarqué.

Heureusement, je suis là pour ça. Merci qui ?

Dans un bar, vous avez les clients de passage, ceux qui s’arrêtent juste de temps en temps, voire une seule fois dans l’année, parce qu’ils ont vraiment soif après leur journée de shopping, ou parce qu’ils ont du temps à perdre en attendant leur car (et qu’il fait froid dehors).

Ces gens là vont vous commander un café, ou une bière, ou un sirop, ou un soda, et aller à une table pour déguster tranquillement leur boisson favorite en feuilletant distraitement un magazine emprunté sur le comptoir (et à disposition de la clientèle).

Ils ne vous parleront pas plus que nécessaire, seront très polis et souriants (la plupart du temps, si vous êtes souriant la première bien sûr), et resteront hyper discrets. Vous ne les reverrez jamais ou alors, jamais avant de nombreuses semaines. Vite fait bien fait. Courtois, efficace et satisfaisant. L’idéal s’il vous reste de la vaisselle du midi à faire ou des comptes à terminer.

La deuxième catégorie, c’est la clientèle la plus importante, les "réguliers". Les gens qui viennent chez vous au moins deux ou trois fois par mois, que vous voyez suffisamment pour les reconnaître et échanger avec eux quelques mots cordiaux sur comment va leur travail, leurs enfants ou leurs animaux de compagnie.

Ils vont rester un peu plus longuement, s’arrêter à l’occasion d’un passage à proximité de votre affaire, parfois rien que pour vous dire un petit bonjour en passant si vraiment vous avez bien accroché avec eux, et oh oui, un café aussi pourquoi pas ?

Ce sont les mamans du samedi qui venaient régulièrement avec leurs poussettes, et dont on finissait par connaître le prénom, ainsi que ceux  des bambins adorables qui gazouillaient dans leur cosy acidulés.

Ce sont les messieurs dames du marché qui venaient se reposer un peu après leurs emplettes, autour d’un croissant tout chaud et d’un cappuccino maison, et avec lesquels vous refaites le monde autour du Dauphiné Libéré du jour…

Ce sont les salariés d’à côté qui viennent le midi chez vous pour leur pause déjeuner, histoire de passer un bons moment entre collègues autour de petits plats faits maison, sans façon…

Ce sont les mémés du quartier qui venaient boire leur demis pression au sirop et au soleil, parce que chez vous « c’est propre et on se sent bien, la musique est agréable et le service discret »…

Bref, ce sont les gens que vous finissez par connaître doucement, sans jamais les connaître vraiment, mais dont les visages vous seront familiers au fur et à mesure des semaines qui passent.

Et puis, il y a la troisième catégorie.

Les habitués, les vrais. Les durs, les addicts.

Ceux qui deviennent par la force des choses (et la fréquence de leurs visites) les gens avec qui vous passez le plus de temps dans le journée.

Comme s’ils étaient vos amis, ou de votre famille. Sauf que vous ne les choisissez pas.

Ce sont eux qui vous choisissent.

Ils s’ennuient, ils sont le plus souvent sans travail ou en arrêt maladie.

Ou ils travaillent juste à côté de chez vous et vous apprécient beaucoup (vous ou vos pâtisseries).

L’endroit leur plaît, vous êtes sympa et ils s’entendent bien avec vous.

Ils viennent alors vous voir tous les jours, comme ils iraient voir leur sœur, leur frère ou leur meilleur pote.

Ils ne consomment pas énormément en général (ça coûterait trop cher s’ils consommaient beaucoup, vu qu’ils viennent tous les jours, voire plusieurs heures par jour). Et ils restent systématiquement au comptoir, pour parler de tout et de rien avec vous.

Toute la journée. Du temps, des évènements nationaux, des débats politiques, de leur vie dont vous allez peu à peu faire partie intégrante.

Vous êtes leur repère, leur passe-temps, leur deuxième maison.

Et leur ami. Et parfois, vous le devenez même pour de vrai.

Bien sûr, de temps en temps c’est casse-pieds de devoir toujours répondre présent, d’être à l’écoute même si vous n’avez pas forcément la tête à ça. Mais là, vous ne pouvez pas laisser la porte close et faire semblant de ne pas être là les jours où vous ne voudriez voir personne et rester tranquille. C’est votre travail. Comme les scouts, toujours prêt. A écouter, à recevoir, à discuter.

Vous êtes l’ami qui ne leur fermera jamais sa porte. Ils veulent vous voir ? Ils savent où vous trouver.

Quelquefois, ils viendront avec un petit quelque chose pour vous, une fleur, un petit cadeau, un gâteau à partager.

Et ça vous touchera, et c'est ça qui fait la beauté de ce métier...

Maintenant que je n’ai plus mon Zazen, ce n’est pas pour autant que j’ai déserté le quartier ! Au contraire…

Bien entendu, monsieur-mon-cœur travaillant à côté de mon ex-emplacement, je suis souvent amenée à revenir dans le coin, et à revoir certains de mes ex-clients ou collègues…

Et je suis à mon tour devenue une habituée.

Une cliente addict. Addict du café des Beaux-Arts, situé à quelques pas de mon ancien local.

« Le café des Beaux-arts »

11, Boulevard Agutte Sembat
38000 Grenoble

Certes, la personnalité chaleureuse et enjouée des propriétaires y a été pour beaucoup. On s’y sent bien, on y revient, je n’avais pas envie de les perdre de vue, ça c’est sûr !

Toujours prêts à rendre service, honnêtes et bosseurs comme j’ai rarement connu, le café des Beaux-Arts a notamment été notre repère, à Franck et à moi, pendant notre déménagement.

Un endroit où souffler un peu, où se plaindre des travaux qui n’avançaient pas, de la fatigue qui s’accumulait. Carlos et Michel ont été, à leur tour, les oreilles attentives et toujours prêtes à écouter nos états d’âmes.

C’est bien simple, je ne les ai jamais vu être de mauvaise humeur ! On passe toujours de bons moments, on oublie le quotidien tout gris et on se paye une bonne tranche de rigolade franchouillarde et libératrice.

Combien de fois, alors que ma cuisine était encore toute poussiéreuse, j’ai apprécié la bonne popotte toute simple mais succulente de Carlos, qui nous emmène systématiquement des assiettes aussi grosses que les nénés de Lolo Ferrari ?

Franck se dirige souvent vers le plat du jour ou vers les assiettes d’entrecôte/frites si chers aux mecs, aux vrais (du bœuf, des patates)…

Moi, je craque à chaque fois pour les salades (énormes !) que je n’arrive jamais à terminer tellement y’en a (enfin, parfois la gourmandise l’emporte quand même !) ;-)

Elles sont belles, elles sont encore meilleures en vrai. Les meilleures salades de la ville.

Ma préférée ? La salade Grenobloise !

Comment ça, je suis chauvine ?

Merci Carlos !

Salade Grenobloise façon Carlos

Quelques belles feuilles de chêne (la salade, hein, pas des vrais feuilles de vrai chêne !)

Deux grosses tomates

½ oignon rouge coupé en fines rondelles ou lamelles

Deux grosses poignées de noix de Grenoble

1 boule de mozzarella

Quelques dés d’emmental

½ concombre coupé en rondelles fines

2 œufs durs

Pour la sauce façon grenobloise:

Ecraser 2 portions de fromage bleu type bleu de Sassenage ou Roquefort à la fourchette dans un bol.

Ajouter deux-trois cuillères à soupe d’huile de noix et deux-trois cuillères à soupe d’huile neutre type pépins de raisin. Bien mélanger pour obtenir une consistance pâteuse.

Ajouter trois bonnes cuillères à soupe de vinaigre balsamique, ½ gousse d’ail hachée, du sel et du poivre.

Remuer pour que la consistance devienne crémeuse, comme une sauce moutarde.

Recouvrir la salade de cette sauce au bleu et saupoudrer de basilic haché.