Promouvoir la rééducation de la sclérose en plaques par l’exercice ? L’exercice, un outil encore trop « nouveau » ? Il s’avère pourtant puissant et efficace à gérer les symptômes de la maladie. C’est d’ailleurs le combat mené par cette équipe d’experts de la Fondation Kessler, un organisme de bienfaisance et de recherche américain (New Jersey). En rappelant les preuves d’efficacité de l’exercice contre les symptômes de la SEP, l’équipe propose dans la revue Exercise and Sports Sciences Reviews, un protocole complet qui guide le neurologue dans cet accompagnement du patient à la pratique de l’exercice.
En effet, pour parvenir à intégrer l’exercice dans la routine des soins cliniques pour la sclérose en plaques, il s’agit de mobiliser les neurologues comme prescripteurs de changement de comportement et leur apporter un protocole d’interaction avec leurs patients à toutes les étapes de ce soutien à la pratique.
Intégrer l’exercice dans le parcours de soins de la SEP
Le rôle central du neurologue dans les soins cliniques à ces patients atteints de SEP est la base de cette nouvelle thérapie de rééducation. C’est en effet au neurologue de promouvoir l’exercice comme fondamental pour la gestion des symptômes physiques et cognitifs de la SEP. Les auteurs citent des preuves de plus en plus nombreuses qui soutiennent l’exercice comme un outil important pour gérer les manifestations de la SEP, dont la fatigue, la dépression, le déclin de la mobilité physique, de l’équilibre et de la cognition.
Bien que d’autres thérapies puissent ralentir la progression de la maladie et de l’invalidité, elles ne soulagent pas les symptômes ou le déclin fonctionnel qui nuisent à la qualité de vie. Cette mobilisation du neurologue est primordiale :
En dépit des bénéfices de l’exercice, l’inactivité physique est signalée par 80 % des personnes atteintes de SEP.
Les interactions patient-médecin, constituent la deuxième condition à cette pratique bénéfique de l’exercice. Pour promouvoir l’exercice chez les personnes atteintes de SEP, les auteurs décrivent un modèle conceptuel à 3 niveaux :
- la base du cadre pyramidal est bien la formation du neurologue ou du professionnel de santé à cet accompagnement et éducation du patient (ETP) ;
- le niveau intermédiaire fournit les ressources nécessaires aux protocoles d’exercice ;
- le niveau supérieur précise le processus de fixation d’objectifs et la surveillance nécessaires à passer de l’inactivité à un mode de vie actif.
Un modèle prêt à l’emploi en milieu clinique : selon l’auteur principal Brian Sandroff, chercheur en Neuropsychologie et Neuroscience à la Kessler Foundation, « l’intégration de la rééducation par l’exercice parmi les options de traitement a le potentiel de transformer la prise en charge de la SEP. Les neurologues ont un rôle fondamental à jouer, non seulement dans la promotion de l’exercice auprès de leurs équipes de soins et de leurs patients, mais aussi en garantissant l’accès aux ressources nécessaires pour mettre en œuvre un vrai changement de comportement ».
Des défis subsistent à la mise en œuvre pratique et d’autres expériences seront nécessaires pour combler les écarts entre les connaissances et la pratique clinique.
Des protocoles d’exercice devront être encore testés, afin de sélectionner ceux qui permettent d’obtenir des résultats optimaux. Mais le message est passé.
Source: Exercise and Sports Sciences Reviews Oct, 2021 DOI: 10.1249/JES.0000000000000262 The neurologist as an agent of exercise rehabilitation in multiple sclerosis
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