Jusqu'à maintenant, outre un filtrage sur des critères élémentaires d'âge, de revenus et de résidence, l'éligibilité des emprunteurs est vérifiée par des moyens traditionnels, à savoir les scores de crédit des agences Equifax et TransUnion. Toutefois, comme beaucoup d'acteurs depuis quelque temps, Shawbrook devrait bientôt exploiter les opportunités de la banque ouverte, en collaboration avec son partenaire existant ClearScore, de manière à affiner ses pratiques et mieux maîtriser les risques de défaut et donc ses coûts.
Le principe est désormais tout à fait classique : lors de la création de son dossier de crédit à la consommation (seul produit concerné pour l'instant), le demandeur est invité à partager les informations de son ou ses comptes. Dès lors, la banque analyse l'historique de ses transactions, détermine ainsi de façon fiable et sécurisée le niveau de revenus et le profil de dépenses de la personne (ou du ménage) et peut alors évaluer sa capacité réelle à faire face à ses futures échéances de remboursement.
Cependant, Shawbrook ne perçoit pas cette approche uniquement comme une optimisation de ses méthodes ancestrales. Elle considère qu'elle représente aussi pour elle un moyen de lutter à armes égales avec les fournisseurs primaires de ses clients, qui ont, par essence, une vue directe sur les habitudes budgétaires de ces derniers, à travers leur relation courante, et qui profitent de cette position pour optimiser leurs décisions (par exemple à travers un rabais personnalisé). C'est la raison pour laquelle ceux qui jouent le jeu de l'ouverture se voient accorder une réduction de 1% de leur taux d'intérêt.
L'offre constitue naturellement un encouragement pour les utilisateurs à adopter le concept, alors que le bénéficie usuel de l'expérience plus fluide n'apparaît ici pas très pertinent (dans la majorité des cas, la réponse est immédiate avec la procédure en vigueur aujourd'hui). Mais le rabais consenti est également un juste retour des choses du point de vue de la banque, qui révèle ainsi sa confiance dans la qualité des résultats de son nouvel instrument, probablement renforcée par le maintien (non explicitement confirmé) d'une surveillance des comptes du client pendant toute la durée du prêt.
L'idée va certainement faire grincer des dents dans les institutions financières historiques mais le consommateur se réjouira sans doute que les dispositifs, un peu obscurs pour lui, d'« open banking » stimulent la compétition commerciale sur le crédit et ne se réduisent plus à simplifier les parcours de souscription. Par ailleurs, les acharnés du modèle économique des APIs trouveront là un exemple à méditer, l'avantage concédé à l'emprunteur reflétant automatiquement une source de revenus potentielle.