Hier soir à Paris, au théâtre du Châtelet, a eu lieu la représentation du Vol du Boli. Un opéra racontant l'histoire du continent africain et de sa colonisation. Du moins c'en était l'ambition. Non pas que la pièce ne soit pas réussie, mais j'ai été déçue du résultat par rapport à ce qui avait été annoncé.
La pièce se base sur le vol d'un Boli et plus largement sur les questions que soulèvent la colonisation du continent africain par les occidentaux, et de ses conséquences.
Les Bolis sont des objets sacrés, que l'on pouvait retrouver au Mali dans la région de San, chez les habitants Bamana d'un village de cette région. Il y en avait un par village abrité dans une hutte spécifique où personne n'était autorisé à entrer, à part quelques initiés. En septembre 1931, des européens membres d'une mission ethnographique volent le Boli d'un village qui leur était familier. Michel Leiris, écrivain, faisait partie du groupe d'hommes qui commirent ce sacrilège et qui amenèrent le boli en France, aujourd'hui encore exposé au musée du Quai Branly. Il avouera la gravité de sa faute bien plus tard, dans un de ses ouvrages.
Belle équipe sur scène, un nombre impressionnant de danseurs, chanteurs, choristes, membres d'orchestre, et de comédiens. N'étant pas toujours en français, les textes sont traduits en français et anglais grâce à des sous-titres. J'ai trouvé les paroles trop simples, trop factuelles, sans réflexion derrière, trop évidentes, ce qui m'a beaucoup déçue. Tout le visuel c'est-à-dire les décors, les costumes, la mise en scène, les lumières, le jeu d'acteur et les chorégraphies était complètement fou, beau et émouvant, mais le fond de la pièce m'a laissé sur ma fin.
Avant de voir le spectacle, mes attentes étaient très hautes, aussi parce que la principale personne à l'origine de cette pièce est Abderrahmane Sissako, réalisateur mauritanien qui a réalisé de nombreux films magnifiques et poignants, dont Timbuktu en 2014 qui avait fait sensation, et reçu plusieurs récompenses aux Césars. Certes théâtre et cinéma sont deux domaines différents, mais je m'attendais à davantage en termes de profondeur de discours. Volontairement, la pièce du vol du Boli ne propose aucune réponse, morale ou tout autre conclusion aux questions qu'elle soulève, ce qui à mon avis, lui fait perdre en substance et en intérêt.
Le début de la pièce m'a beaucoup plu. L'entrée en matière est douce, subtile et forte à la fois, et la musique est merveilleusement amenée. La toute première scène en musique est belle, puissante et chargée d'une énergie particulière qu'on reçoit directement. Malheureusement, cette énergie s'est quelque peu estompée sur la durée. Par moments j'étais soit convaincue soit peu touchée, ce qui a éteint mon intérêt pour ce qui se passait sur scène, au fur et à mesure, le lien qui s'était créé au début s'est effiloché. Dommage !
était splendide du début à la fin. C'est elle selon moi qui portait l'opéra, elle est d'ailleurs la chanteuse principale. Sa voix nous parvient sans efforts et vibre d'intensité et de beauté. Elle endosse parfaitement l'épaisseur à laquelle cette pièce prétend et incarne toutes sortes de sentiments et de sensations rien qu'avec son charisme ambiant et la texture de son chant, la douce violence de son coffre. La conception musicale est dirigée par Fatoumata DiawaraDamon Albarn.
A la fin du spectacle, le reste du public avait l'air conquis, les artistes sur scène ont eu droit à une ovation générale qui faisait plaisir à voir et j'en suis sûre, à recevoir. Comme quoi, ne vous arrêtez pas à ce que je vous dis, différentes lectures de cet opéra sont possibles. Les représentations durent jusqu'au 8 mai, vous pouvez encore en profiter et vous faire votre propre avis !