LettrE au HasarD - La PleurésiE

Par Veroniquedubois


Liège, mercredi, 4 avril 1951




Cher Jacques,

Pauvre petit être, couché dans un petit lit blanc, les yeux au plafond, dans l'attente de la visite d'une mouche trépidante, tu la suis, tu la pourchasse du regard.
Comment as-tu pu attraper une pleurésie ? Une maladie assez grave, elle demande encore des soins après la convalescence.
J'aimerai beaucoup pour aller voir pour te taquiner, mais, il existe toujours un mais, mon père ne ma laissera pas, ne me donnera pas l'autorisation. Mon  père, de mauvaise humeur, ces temps-ci. Tu crois que je vais souvent chez Claude, tu te trompes, ce n'est pas l'envie qui me manque, ni les invitations... Je n'ai plus les pieds à Bruxelles depuis janvier. Mais passons cette double douloureuse, j'attendrai que l'on te donne un congé chez toi, pour retaper ta santé et te tenir compagnie.
Maintenant, je te donne de mes nouvelles, J'ai eu mal au yeux. Le medecin m'a fait un certificat médical. Je l'ai envoyé à l'Académie, pour reposer mes yeux. Je me suis reposée à Ostende, je t'ai envoyé une belle carte. Le temps maussade, ma maman malade, mes frères, cousins ont tourné dans l'appartement comme des lions en cage. Je ne me suis pas amusée sauf les instants lorsque que tu es venu me rendre visite.
Le temps s'est acharné, la mer montait sur la digue. Elle assommait les intrépides accoudés à la rampe. Elle a même aspergée des voitures dans des rues. Une évacuation de voiture fut nécessaire.
Nous sommes rentrés à Liège, dimanche soir, pour reprendre les activités le lundi matin. Beaucoup de travaux doivent être rentrés à l'académie, les heures supplémentaires seront nécessaires.
Je me suis en tête de prendre des cours de sténo-dactylo. Ce cours dure trois mois. Deux de mes amies, assistance sociale, ne trouvent rien avec leurs diplômes. Elles ont suivi ce cours et maintenant elles sont placés avantageusement.
Puisqu'il m'est impossible de te voir, veux-tu que je t'envoie des livres ou une autre demande qui te ferais plaisir et pour  que tu puisse passer le temps.
Je formule les voeux les plus sincères pour un très prompt rétablissement. Tout ton peuple et tes admiratrices sont dans la plus profonde affection.
Blague dans le coin, soignes toi bien, sois sage, obéis. Je  t'embrasse car je peux embrasser une personne dans ton cas sans quiproquo.

Cherico

Lili