Chaque année, les Français passent des vacances bien méritées. D'ailleurs, nous venons d'apprendre que les Français travaillent en moyenne 41 heures [1] par semaine depuis... 2003. L'INSEE profite des vacances pour informer et donc faire son travail. Croyez-vous que l'INSEE aurait pu nous prévenir avant de voter les yeux fermés pour Sarkozy ? Sans doute. Mais il fallait que les Français votent pour Nicolas Sarkozy, l'homme qui allait sauver la France de la faillite, l'homme qui allait remettre la France au boulot.
A ce propos, je voudrais en rajouter une couche sur cette proposition caduque du candidat Sarkozy. Dans bon nombre de petites et moyennes entreprises, les heures supplémentaires ne sont pas payées officiellement. Elles ne sont jamais déclarées sur la fiche de paye mais dédommagées par des primes exceptionnelles. Le gouvernement peut se vanter de voir le nombre d'heures supplémentaires [2] augmenter. Mais s'il s'agit d'une officialisation d'une pratique non déclarée jusqu'alors, expliquez-moi où se trouve l'exploit. Nulle part très certainement.
La presse s'est fait grand bruit de la désaffection du pays pour le candidat élu. Au début du mandat, il était beaucoup plus facile de continuer à taper sur Ségolène Royal que d'avouer un encensement disproportionné eu égard aux compétences supposées de Nicolas Sarkozy. Le magazine Marianne a très bien titré : "Hier ils l'encensaient, aujourd'hui ils le lynchent..." désignant ainsi l'hypocrisie des médias, préférant tourner casaque afin de suivre l'opinion du peuple.
Revenons à ces nouvelles qu'on annonce pendant les vacances : la Société Générale a attendu le début du mois d'août pour annoncer un bénéfice en baisse. J'ai beaucoup de mal à croire que cette banque, dont toutes les données comptables sont informatisées, ait besoin d'un mois pour calculer son résultat. Mais saluons l'exploit : malgré la boulette de Jérôme Kerviel et la crise des subprimes, la Société Générale affiche un bénéfice de 644 millions d'euros. J'espère que les dirigeants ont une pensée émue en songeant aux frais financiers ponctionnés sur les pauvres gens.
Et quand il ne se passe rien, on recycle. Il y a deux jours, le Parisien revenait sur le cas de parents qui oublient leurs enfants. Amis du glauque, bonjour ! Le journal n'ayant pas de nouvelles fraîches à annoncer, il reprend les meilleurs faits divers du mois dernier, pour présenter une jolie synthèse à ses lecteurs. Miam !
Comme si le public avait envie qu'on lui raconte à nouveau l'histoire de ce père qui a oublié sa fille dans sa voiture en plein soleil. Quand j'avais appris cette nouvelle, j'avais ironisé, imaginant que le père se pochtronnait au bistrot d'à côté [3]. Que nenni ! Ce fut pire que ça : le cadre dynamique et stressé avait zappé que sa petite se trouvait sur la plage arrière de son véhicule, tout submergé qu'il était par ses tracas professionnels.
Heureusement, hier, un nouveau fait divers en a chassé un autre. Et là, pas d'histoire de bébé congelé ou de mamie déshydratée, "un gagnant du Loto escroqué par des marabouts". Gilles, 56 ans, a gagné 559 471 € au Loto le 8 mars dernier. Après avoir fait exploser sa joie dans tout Limoges, il est contacté par deux marabouts aux pouvoirs spéciaux : ils ont le pouvoir de tripler la mise ! Le chiffre trois est tellement plus mystérieux...
Mais quel est leur secret ? Le procédé est digne du transfert pour les nuls.
Il faut placer de vrais billets entre des feuilles de papier à monnaie vierge et recouvrir le tout d'une mystérieuse substance. Par un procédé chimique qui reste évidemment "secret", la manipulation permet de reproduire les coupures et de les multiplier par trois...
Le Parisien
, 08/08/08 p. 17
Gilles place 100 000 € dans son frigo, avec la consigne de ne pas ouvrir le paquet. Évidemment, entre temps, les billets ont été remplacés par du papier journal. Mais Gilles ne le sait toujours pas, puisqu'il a scrupuleusement suivi le protocole qui consiste à attendre. Attendre de se faire plumer de nouveau. Car les marabouts demandent 50 000 € supplémentaires pour que l'argent se démultiplie. Là, heureusement, une amie de Gilles flaire l'arnaque. La police attend donc le passage des marabouts, et en pince un sur deux.
"Une fois au commissariat, j'ai voulu ouvrir le paquet du congélateur. Quand j'ai vu le papier journal, j'ai compris. Forcément, perdre 100 000 € comme cela, c'est idiot. Mais je ne vais quand même pas me plaindre." Gilles.
T'as raison, Gilou, il te reste 459 471 € !
Mais au grand jeu de la connerie, t'es un vrai winner [4].
Comme le dit le slogan, 100% des gagnants ont tenté leur chance.