Après une petite perte de motivation ayant nécessité une courte pause par ici, je reviens pour vous parler d’un titre lu il y a quelques semaines déjà « La saison des feux » de Céleste Ng.
J’ai entendu parler de ce roman lors de son adaptation en mini-série par Reese Witherspoon (la reine des bookclubs et des adaptations, généralement bien réussies), mais c’est, plus précisément, l’épisode du Podcast « Adapte moi si tu peux » (dont je vous parlais ici) qui m’a donné envie de me plonger dans cette lecture avant même de découvrir la série.
Le livre : « La saison des feux » (ici)
Crédit photo : L&T
L’autrice : Céleste Ng est une romancière et nouvelliste originaire de Hong Kong. Ses parents se sont installés aux États-Unis à la fin des années 60. Diplômée des universités d’Harvard et du Michigan où elle a été lauréate du prix Hopwood pour sa nouvelle « What Passes Over ». Sa nouvelle « Girls at Play » a obtenu le prix Pushcart en 2012. Son premier roman, « Tout ce qu’on ne s’est jamais dit » a été récompensé par le Prix Alex et le Massachusetts Book Award en 2015, et en France par le prix Relay des voyageurs lecteurs 2016. Avec son deuxième roman, « La saison des feux », elle confirme son talent exceptionnel. En 2020, il a été adapté en mini-série produite et jouée par Reese Witherspoon et Kerry Washington. Pour la suivre, c’est ici !
Le résumé : « Rues bien droites, pelouses au cordeau : rien ne dépasse. À Shaker Heights, banlieue huppée de Cleveland, tout est luxe, calme et sérénité… Dans ce tableau bourgeois, les Richardson ne détonnent pas. Père avocat. Quatre ados sans histoire. La famille modèle. Tout le contraire de leurs nouveaux locataires : Mia Warren, artiste photographe, anticonformiste et bohème à souhait, et sa fille Pearl. Elles sont aussi nomades que les Richardson sont sédentaires, aussi libres qu’ils sont prisonniers des apparences… Alors qu’au début la cohabitation semble plutôt chaleureuse, insensiblement, les rapports vont se crisper. La tension montera dangereusement… jusqu’à l’embrasement ? »
Mon avis : « La saison des feux » a pour cadre Shaker Heights, une banlieue très cossue de Cleveland aux Etats-Unis. Le genre de coin où toutes les maisons se ressemblent, les pelouses sont toujours tondues au cordeau et les poubelles cachées dans les cours intérieures pour préserver les apparences, car tout y est une question de façade et de réputation.
Elena Richardson est parfaitement à son aise dans cet environnement. Ancienne étudiante bourgeoise idéaliste, elle s’est rapidement laissée rattraper par ses envies de confort matériel et émotionnel, a éteint le début de braise qui rougeoyait en elle et a choisi la voie du mariage et de la maternité, laissant, par la même occasion, derrière elle ses ambitions de devenir une journaliste d’investigation pour s’adonner à quelques articles, sans grand intérêt, dans le journal local de Shaker Heights.
Pour se donner bonne conscience et tenter de faire le pont avec ses velléités de jeunesse, Elena Richardson accueille, pour trois fois rien, des locataires qu’elle considère comme défavorisées et méritants dans sa résidence secondaire. Cette année, c’est Mia Warren, une mère célibataire, et sa fille, Pearl, a qui elle a décidé de louer.
Elena Richardson fantasme son rôle de bonne samaritaine et en attend de la reconnaissance et un bon boost pour son égo. Mais voilà, Mia ne se montre pas aussi reconnaissante que Mrs Richardson le voudrait.
Mia est, en effet, tout le contraire de sa bailleresse : artiste, nomade, indépendante, détachée des considérations matérielles et mystérieuse. Une sorte de jalousie commence alors à poindre chez Mrs Richardson face à tant de liberté.
Pearl est, quant à elle, à l’inverse de sa mère, fascinée par le monde dans lequel elle vient de mettre le pied. Tout y paraît si facile, les adolescents de son âge semblent tout droit sortis de publicités « Hollister » et ont l’aisance de ceux qui savent déjà que la vie leur sourira. Pearl va alors développer une relation ambiguë avec les enfants de la famille Richardson, tiraillée par un conflit de loyauté entre l’amour qu’elle porte à sa mère, son admiration pour cette famille qui semble parfaite et son envie d’anticipation en s’intégrant à un monde que sa mère exècre.
Au fur et à mesure, on sent que les tensions entre les deux mères de famille, qui représentent chacune un milieu différent, s’intensifient jusqu’à ce qu’un évènement mette définitivement le feu aux poudres…
Ce livre est essentiellement psychologique. Il ne faut pas s’attendre à de gros rebondissements. C’est davantage une lente montée en pression. « La saison des feux » décrit avec justesse cette lutte des classes qui, malgré les apparences, est toujours latente dans les rapports sociaux.
Avec son roman, Céleste Ng s’intéresse également à d’autres grands sujets de société comme l’émancipation des femmes, la maternité ou la transition à l’âge adulte pour une jeune femme et ce que cela implique. Ce sont, en effet, des femmes qui sont au coeur de cette histoire, il est donc normal que leurs préoccupations soient au centre de l’intrigue.
Malgré quelques petites longueurs, j’ai beaucoup apprécié cette lecture et ses personnages dont l’intériorité est développée de façon authentique. Je n’ai pas trouvé l’histoire caricaturale, ce que l’on aurait pu craindre initialement. J’ai également aimé le traitement de certains éléments de l’intrigue via l’art (Mia étant une artiste, elle utilise beaucoup la communication non verbale), ce qui est original.
Je suis désormais très curieuse de découvrir l’adaptation en série pour savoir comment cette intrigue psychologique a été portée à l’écran. La bande annonce me donne, en tout cas, envie. Elle a l’air fidèle à l’histoire tout en étant un peu plus rythmée pour des besoins « cinématographiques ». A voir donc…
Ce livre vous tente ? Avez-vous regardé son adaptation en mini-série ?