Titre : La horde du contrevent, T3 : La flaque de Lapsane
Scénariste : Éric Henninot
Dessinateur : Éric Henninot
Parution : Octobre 2021
Éric Henninot s’est lancé comme pari fou d’adapter La Horde du Contrevent d’Alain Damasio. Après deux tomes, on peut dire que le pari est pour le moment réussi. En réduisant le nombre de personnages et en simplifiant deux/trois concepts, l’auteur est parvenu à rendre le livre moins complexe. Un bel exemple d’adaptation. Cependant, pour le bédéaste comme pour la horde, le chemin est encore long jusqu’à l’Extrême-Amont. Alors, qu’en est-il de ce troisième tome ?
Après l’air, l’eau
On avait terminé le deuxième tome sur deux choix cornéliens. Fallait-il traverser la Flaque de Lapsane en son centre ou la contourner. Le rapport gain de temps/risque semblait pousser à la deuxième option, mais ce fut la première qui fut choisie. Autre conflit : Callirhoé a décidé de garder secrètement son enfant. Sov va chercher à la protéger, mais l’épreuve qu’ils affrontent met la cohésion de la horde en péril.
Après l’air, voilà l’eau. Si le vent est au centre de cette quête, la Flaque de Lapsane donne une couleur différente. Après des marais interminables, voilà venu cette sorte d’immense lac où l’on a pied, mais où ne subsiste aucune île où se poser. Tout devient alors une question d’eau : on moisit, on a froid, la marche est difficile, faire du feu devient très ardu, voire impossible…
Ce tome est avant tout centré sur Callirhoé. Épuisée par sa grossesse, elle cristallise toutes les tensions. En soit, les personnages n’arrêtent pas de s’engueuler, ça en devient fatigant pour nous aussi. Le tome se révèle assez lourd à cause de ça. D’abord c’est Golgoth et Callirhoé, puis Sov et Callirhoé, puis Sov et Golgoth… Et je passe les sous-intrigues. Bien évidemment, les tensions de groupe sont inhérentes à la horde (et à sa réussite), mais leur traitement n’est ici pas forcément très judicieux. Le lecteur fatigue face à ses engueulades qui tournent en rond.
Même si Henninot « simplifie » le propos, plusieurs lectures sont nécessaires pour bien saisir tous les tenants et aboutissants (dans ce tome-ci, le vif par exemple, ou tous les phénomènes des chrones difficiles à saisir). C’est aussi une qualité de cette série : sa relecture est riche.
Concernant le dessin, j’ai été moins ébloui. L’habitude ? L’absence de vent ? Il faut dire que l’élément aquatique est moins original que ce qu’Éric Henninot nous avait proposé dans les deux premiers tomes. Cependant, il reste toujours de magnifiques instants de grâce et l’ensemble est vraiment maîtrisé. Avec ses couleurs froides, l’ouvrage a aussi sa patte graphique et dénotera forcément de l’ensemble. Bref, cela reste du grand travail de dessinateur.
La Flaque de Lapsane m’a laissé un peu plus sur le côté. Certaines explications peu claires, beaucoup d’engueulades, l’album est moins rythmé et touche moins au passé des personnages. Peut-être qu’il fallait en passer par-là, comme les personnages, par ce marais où l’histoire s’englue quelque peu avant de repartir de plus belle.