Ces deux motifs très théoriques font leur apparition dans la même période. Y-aurait-il un rapport entre ces deux iconographies innovantes ? Nous allons voir que la réponse n’est pas si simple….
Article précédent : 3 La nuance du monde purifié
Première Bible de Charles le Chauve, 845
Fol 329v Fol 423r
Première Bible de Charles le Chauve, vers 845, BNF Lat 1, gallica
Avec le disque digital, une autre grande innovation de la Première Bible de Charles le Chauve est celle de l’Empereur trônant, son baculus dans la main gauche [1]. Deux prétoriens casqués gardent ses armes : à gauche sa lance et son bouclier, à droite son épée. Charles tend sa main droite libre vers la Bible que le comte Vivien lui présente, selon la disposition traditionnelle du don (voir 2-3 Représenter un don).
Eloignées l’une de l’autre, l’une au début des Evangiles, l’autre à la fin du Livre, ces deux scènes de majesté n’affichent rien de commun.
Les Evangiles de Lothaire, vers 850 (SCOOP !)
Un bifolium politique
Fol 1v Fol 2r
Evangéliaire de Lothaire, vers 850, BNF Lat.266, gallica
Très différente est la situation de deux images équivalentes, cinq ans plus tard.
Lothaire (sans globe bien qu’il soit Empereur) est flanqué des deux mêmes prétoriens, mais inversés : c’est celui de gauche qui lui tend son épée et l’autre qui tient sa lance et son bouclier. Même inversion des mains pour ses propres gestes : c’est sa droite qui tient la baculum, tandis que la gauche nous montre l’autre page , vers laquelle se tournent ses yeux.
Celle-ci contient un texte souvent cité mais peu traduit, les vers dédicatoires du scribe Sigilaus adressés à l’empereur Lothaire. En voici le début :
Trônant en haut, Arbitre du monde, toi qui l’a façonné et créé,
Et qui maintiens les pôles, et puissamment tout ce qui est temporel,
Qui pour les siècles du monde a ordonné aux rois de régner ;
Lothaire, qui maintenant, soutenu par ta douce piété,
A été fait commandant et roi auguste sur la Terre,
Que tu l’élèves de ta haute main droite, que tu le protèges et l’équipes,
Pour qu’il maintienne l’Empire, l’accroisse, l’affermisse, l’unifie,
Qu’il use et jouisse de bonne paix et de prospérité
El qu’il ait santé, vigueur et vive heureux pour les siècles.
Arbiter altitronus mundi , formator et auctor,
Quique polos (rum) servas , et cuncta potenter et ævi,
Qui regnare jubes reges per sæcula mundi ;
Hlotharium , qui nunc fultus pietate tua alma
Induperator habetur Rex Augustus in orbe ,
Dextera celsa tua exaltet , defendat et ornet ,
Imperium ut teneat , dilatet , firmet, adunet:
Utatur bene pace fruens et prosperitate ,
Ac valeat , vigeat , vivat per sæcula felix.
Ces vers, adressés à Dieu, l’arbitre suprême, décrivent avec précision l’image du roi :
- « que tu le protèges et l’équipes » renvoie aux deux prétoriens, avec l’épée, la lance et le bouclier ;
- « Pour qu’il maintienne l’Empire » renvoie à la main droite du Roi, posée sur la boule qui termine son long sceptre.
- « roi auguste sur la Terre, Que tu l’élèves de ta haute main droite ». Cette expression ne peut s’appliquer qu’à l’image de la page suivante : le disque que Dieu tient dans sa main droite, et qui renvoie graphiquement à la boule terminale du sceptre, représente Lothaire et, par équivalence, la Terre que Dieu lui donne à gouverner.
Fol 1v Fol 2v
Evangéliaire de Lothaire, vers 850, BNF Lat.266, gallica
Les deux images fonctionnent ensemble : le texte intercalaire anticipe le changement de registre, de la puissance temporelle (potestas) à la puissance spirituelle (auctoritas).
En tournant la page, l’image du Christ en majesté dans sa cour céleste vient se superposer à celle de l’Empereur en majesté dans sa cour terrestre, le disque d’or vient se poser en haut du sceptre. Alors que dans la Première Bible de Charles le Chauve, le disque digital avait une valeur purement théologique, illustrant la puissance cosmique de Dieu, il prend ici une valeur politique : objet-pivot entre les deux images, il illustre la délégation du pouvoir de Dieu à l’Empereur
A noter que ce texte méconnu nous révèle, au passage, une autre information cruciale : l’expression qui désignait le motif de Dieu assis sur le globe : Deus altitronus.
Le Psautier de Charles le Chauve, 842-869
Un bifolium exceptionnel
Charles le Chauve, fol. 3v Saint Jérôme, fol 4r
Psautier de Charles le Chauve, 842-869, BNF Latin 1152, galica
L’idée du bifolium est reprise, un peu plus tard, à l’Ecole du Palais de Charles le Chauve, par l’enlumineur Liuthard à qui l’on doit ce psautier. La figure de la Majestas Dei n’a pas sa place dans un recueil de psaumes : en regard de l’empereur trônant vient maintenant dialoguer non pas le Christ, mais un prince de l’Eglise, Saint Jérôme.
Formellement, les deux sommités, l’une temporelle et l’autre spirituelle, s’équilibrent :
- au Pouvoir de l’un (le sceptre et le globe) correspond le Savoir de l’autre (la plume et le livre) ;
- aux deux rideaux autour de la couronne correspond le rideau unique derrière l’auréole.
La seule dissymétrie est la Main de Dieu, qui ne concerne que Charles, pour manifester que son pouvoir lui est délégué d’en haut.
Les deux titulus dont indispensables à la compréhension de ce bifolium exceptionnel, qui ne ressemble à rien de connu.
Charles, en siègeant couronné en grand honneur
Est semblable à Josias et comparable à Théodose
Interprète illustre, le prêtre Jérôme
A traduit avec force et noblesse les lois de David.
Cum sedeat Karolus magno coronatus honore
Est Iosiæ similis parque Theodosio
Nobilis interpres Hieronymus atque sacerdos
Nobiliter pollens transcripsit jura Davidis
William Diebold [2] a expliqué le caractère juridique du bifolium : Josias, Théodose mais aussi David, étaient trois législateurs (les Psaumes de David étant interprétés à l’époque comme des Lois). Jacqueline Hoareau-Dodinau [3] a reconnu un autre point commun : la notion de Pénitence, qui inclut également Saint Jérôme.
Le premier globe impérial carolingien (SCOOP !)
Mis à part le petit globe dans la main gauche de la statue équestre dite de Charlemagne (qui pourrait être largement postérieure), celui-ci est le tout premier des nombreux globes impériaux que l’on s’est habitué à voir dans la main gauche des souverains trônant, transmis des carolingiens aux ottoniens. Le terme « globe impérial » est d’ailleurs abusif, puisque Charles le Chauve ne sera couronné empereur que bien plus tard, en 875.
Ce globe-ci est marqué d’un symbole si particulier qu’on ne le reverra pratiquement plus : comme dans le cas du disque digital, le prototype est plus complexe que la série. Les commentateurs ne s’étendent pas sur ce symbole : tout au plus y décèlent-ils une influence byzantine, puisqu’on ne le retrouvera, mais bien plus tard, sur le globe des archanges byzantins (voir 7 Autres significations ).
Un point qui n’a pas été relevé est que les deux expressions « semblable à Josias » et « comparable à Théodose » se trouvent, respectivement, au dessus du sceptre et au dessus du globe. Si la première relation est évidente (Josias était Roi de Juda), il devrait y avoir un lien logique entre Théodose et le globe. Or, pourvu qu’on y pense, ce lien se trouve facilement : Théodose, chrétien radical, est le dernier empereur romain à avoir réunifié les deux parties de l’Empire, occidentale et orientale .
On s’explique mieux, désormais, le symbole de la Croix entre les Deux monts.
Une seconde apparition du symbole
Ivoire byzantin dit « sceptre de Leon VI », Bode Museum, Berlin
On retrouve le même rarissime symbole sur le globe que tient le roi Léon dans cet ivoire très énigmatique, où la Vierge rajoute une perle à sa couronne.
Selon Schramm ([4], p 23), les deux demi-cercles seraient une manière de représenter la Terre à l’intérieur du globe céleste. Mais cette interprétation se heurte au fait que le globe céleste est ici porté par l’archange Gabriel. Le globe impérial est donc bien terrestre, et les deux demi-cercles représentent plutôt, au sein de la planète, les deux moitiés maintenant séparées de l’écoumène chrétien, l’empire d’Occident et l’empire d’Orient.
Codex aureus de Saint Emmeran (SCOOP !)
Un trifolium eschatologique
Fol 5v Fol 6
Codex aureus de St Emmeran de Ratisbonne, vers 870, CLM 14000, Staatsbibliothek, Münich
Le même enlumineur Liuthard reprend pour Charles le Chauve (ou réinvente, puisqu’il s’agit d’un autre scriptorium) l’idée des Evangiles de Lothaire : rapprocher les deux figures de majesté que sont le Souverain et le Seigneur. Mais cette fois, au lieu d’un poème, c’est une image pleine page qui s’intercale entre les deux.
On retrouve dans le premier folio :
- le porte-épée en position de don (spatharius, selon l’étiquette byzantine), à côté de la personnification de la France ;
- le porte-bouclier à la gauche de l’empereur, à côté de la personnification de la Gothie.
Leurs rôles sont expliqués par les textes en distique :
Que les armes te procurent la stabilité du Christ dans le temps
Que le bouclier toujours te protège de tes ennemis.
Arma tibi faveant Christi stabilita per aevum
Muniat et clipeus (sic) semper ab hoste suus.
Le deuxième folio montre ce que regarde Charles : la voûte céleste avec l’Adoration de l’Agneau par les vingt quatre vieillards : ils tournent vers lui leur couronne, comme pour recevoir l’influx saint qui rayonne de l’étoile à huit branches. Cette figuration très originale transforme la classique scène apocalyptique en une sorte de Pentecôte, qui fait des Vieillards à la fois des Prêtres, représentants de l’Eglise céleste, et des Rois montés aux cieux.
A noter dans les coins inférieurs les figurations à l’antique de la Mer et de la Terre.
Fol 6v
Au verso apparaît enfin le Christ avec son disque digital, entouré des quatre Evangéliste et des quatre Prophètes.
Le vieux symbole paléochrétien de la dextre de Dieu flotte au dessus de l’empereur trônant. Placé ici juste au dessus de la dextre de Charles, il assure une sorte de continuité entre les deux extrémités du trifolium : le pouvoir terrestre et le pouvoir céleste.
La transition entre Cour impériale et Cour divine est ainsi médiée par la scène de l’Apocalypse, ce qui favorise une lecture temporelle, du temps de Charles au temps de la Parousie (le retour du Christ à la fin des Temps).
« La scène royale des Evangiles de Saint-Emmeran est au contact étroit de la Maiestas Domini, placée au revers de la scène de l’Adoration. Mais la mise en image de l’Église céleste s’opère déjà au folio 6, autour de l’Agneau. La Maiestas, quant à elle, représente le cosmos à travers son principe christologique et fournit une bonne synthèse iconographique sur ce que sont les Evangiles dans l’Eglise, constituant une préface au manuscrit. L’évocation de l’ensemble du monde créé dans la Maiestas s’associe à nouveau au symbolisme du portrait de Charles le Chauve figurant le relais terrestre de la continuité du royaume chrétien jusqu’à la Parousie.« Anne-Orange Poilpré [5], p 53
Plaque de reliure de Cologne, [6], vers 1000, Musée de Cluny
Postérieure d’un siècle et demi, cette reliure ottonienne confirme que la Majestas Dei n’était pas comprise uniquement comme un schéma théologique intemporel : mais aussi comme un moment bien précis, celui de la Parousie.
L’image se lit chronologiquement en commençant par le coin inférieur gauche, dans le sens inverse des aiguilles de la montre :
- 1 Crucifixion : Saint Jean et la Vierge au pied de la Croix
- 2 Résurrection : Les saintes femmes au tombeau
- 3 Ascension : le Christ monte au ciel
- 4 Parousie : le Christ, qui trônait à la droite de la Main de Dieu, se manifeste à nouveau aux hommes.
Horizontalement (flèches bleues), la composition met en symétrie, à l’instar du Soleil et de la Lune :
- la Mort du Christ et sa Résurrection ;
- son Ascension et sa Descente.
Verticalement (flèches vertes), elle donne a lire une autre famille de symétries, sur le modèle Calice du Sacrifice / Couronne de la Victoire :
- le Départ du Christ et son Retour ;
- l’Ange accueillant les Saintes Femmes au tombeau et les Anges accueillant le Christ au Ciel.
La Dextre de Dieu (SCOOP !)
Codex Aureus de saint Emmeran, vers 870, BSB Clm 14000 vue 49
Un peu plus loin dans le manuscrit, la dextre de Dieu réapparait comme sujet central du frontispice de l’Evangile de Jean, entourée du distique suivant :
Voici la droite du Père gouvernant le monde sous son autorité.
Et qu’elle protège Charles toujours de ses ennemis.
Dextera haec Patris mundum ditione gubernans.
Protegat et Karolum semper ab hoste suum
C’est une variante d’un distique attribué à Alcuin (mais qui est en fait de Jean Scot Erigène) :
La droite du Père qui gouverne le monde sous son autorité
Et transporte en haut du ciel son propre Fils.
Dextera quae Patris mundum ditione gubernat,
Et natum coelos proprium transvexit in altos
Cette main vide et dirigée vers le haut, constitue une troisième variation sur le thème de la Dextre de Dieu, après celle qui a distingué Charles par le sacre (fol 5v) et celle qui a élevé le monde du bout des doigts (fol 6v).
Bible de Saint Paul hors les murs (vers 875)
Charles le Chauve, Bible de Saint Paul hors les murs, fol 1r
Charles le Chauve trônant apparaît pour la dernière fois, en tête de cette seconde Bible et cette fois sans vis-à-vis. La scène s’est encore développée : les deux prétoriens se sont décalés sur la gauche, laissant place à droite à la reine Rachilde et à une autre figure féminine. Dans le registre supérieur, deux anges flanquent les quatre Vertus. Mais l’objet qui attire le plus le regard est ce grand globe doré, avec son monogramme énigmatique.
Il a été déchiffré par H.Schade [7] comme suit :
HIC REX NOVAE ROMAE SALOMON
(les chiffres de la figure de gauche donnent l’ordre de lecture, le motif central remplace les lettres A V O)
Disque digital et globe impérial : en conclusion
Scriptorium de Tours :
- Dans la Première Bible de Charles le Chauve (845-46) apparaissent simultanément le disque digital et l’empereur trônant : mais celui-ci ne porte pas de globe, et les deux images sont déconnectées l’une de l’autre. La signification du disque digital est essentiellement cosmique (verset d’Isaïe, voir 2 Une figure de l’Incommensurable), avec peut-être l’idée connexe de monnaie divine et de monde purifiée (voir 3 La nuance du monde purifié).
- Dans les Evangiles de Lothaire (vers 850), les deux images de Majesté se superposent : le disque digital devient la caution céleste du pouvoir terrestre représenté par le sceptre ; l’Empereur n’a pas de globe.
Ecole du palais de Charles le Chauve
- Dans le Psautier de Charles le Chauve (846-869), le globe impérial apparaît dans un bifolium imaginé par Liuthard, comparant Charles et Saint Jérôme ;
- Le Codex aureus de St Emmeran (870) reprend le bifolium des Evangiles de Lothaire, cette fois dans un trifolium encore dû à Liuthard, sans globe impérial.
- C’est seulement dans le dernier manuscrit de la série, la Bible de Saint Paul hors les murs (vers 875) que cohabitent le globe impérial et le disque digital, mais à des pages très éloignées l’une de l’autre.
Une complémentarité trompeuse
Cette chronologie montre qu’il ne faut pas toujours faire confiance aux symétries. Deux images carolingiennes nous semblent aujourd’hui parfaitement complémentaires :
- le Seigneur d’en Haut, assis sur son globe, élevant vers le ciel, de la main droite, la Terre qu’il régit cosmiquement ;
- le Seigneur d’En bas, assis sur son trône, tenant à hauteur d’homme, de la main droite, les terres qu’il dirige politiquement.
L’étude serrée des manuscrits montre que lorsque les deux images de majesté se trouvent mises en regard, le souverain ne tient pas un globe, mais son sceptre. Tout se passe comme si la symétrie que nous percevons rétrospectivement, si facile à exploiter, n’avait pas été perçue à l’époque. Les deux motifs semblent être apparu indépendamment et selon des logiques distinctes :
- le disque digital est une innovation, à portée théologique, illustrant un verset d’Isaïe ;
- le globe est un recyclage, à visée politique, de la figure des empereurs romains.
Sur ce sujet très large, le livre de référence est celui de Schramm [4]. On trouvera également un aperçu sur le globe impérial à l’époque romaine, dans 1 Epoque romaine.
L’empereur Otto II, entouré par les symboles des quatre partie de son empire, Registrum Gregorii, vers 985, musée Condé, Chantilly
Ce portrait d’un empereur ottonien est tout imprégné de romamania : clamyde pourpre, chapiteaux corinthiens, trône avec lions. Les quatre parties de l’Empire sont figurés par des boules qui représentent non pas « la Terre », mais « mes terres ».
Slavinia, Germania, Gallia et Roma rendent hommage à Otton III
Evangile d’Otton III (ou d’Henri II), vers 1000, BSB Clm 4453 (fol.23v – 24r).
Ici les quatre parties sont nommées, distinguées par leur vêtements, leurs attributs et leur couleur de cheveux (Slavinia et Germania sont blondes). Le globe de la province, uni, est surpassé par le globe impérial, à croix inscrite.
Le Christ couronnant Henri II et Cunégonde
Livre des péricopes d’Henri II, Bayrische Staatsbibliothek, CIm 4452, Fol. 2
Dans le registre inférieur on reconnaît la blonde Germania au centre, tenant un globe de la même couleur que celui d’Henri, qui n’est pas encore empereur. Rome (ou l’Italie), à droite, lui amène le globe impérial ; tandis qu’à gauche la Gaule l’acclame avec une couronne de lauriers.[8]
L’Apfelreich
Le globe impérial, à croix inscrite ou externe, prend le nom d’Apfelreich et est décrit dans de nombreux textes à partir du XIème siècle [4] :
La pomme d’or qui représente la monarchie des empires
aurem pomum quid significat monarchiam regnorum
la boule ronde en or qui signifie le gouvernement du monde entier
pila aurea rotunda que totius mundi denotat gubernaculum
Evangile d’Henry II, vers 1020, Ottobon lat.74 fol 193v Bibliothèque vaticane
Le globe impérial est presque toujours tenu à main gauche, la droite tenant le sceptre. L’exception s’explique ici par l’emplacement très particulier de l’image, qui fonctionne en bifolium avec le frontispice de l’Evangile de Jean : l’Empereur ottonien Henri II se fait donc carrément représenter « à la guise » de Saint Jean, béni par la colombe de l’Esprit Saint tout comme celui-ci était inspiré par son aigle. Très complexe, l’imagerie détaille les différentes composantes de sa puissance [9].
L’inversion du globe signale que l’Empereur n’est pas ici en position de commandement, mais d’acceptation de cette puissance reçue directement du Ciel
Références : [1] Dominique Aubert « La majesté sacrée du roi : images du souverain carolingien » Histoire de l’art Année 1989 5-6 pp. 23-36 https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_1989_num_5_1_2314Article suivant : 5 Les antécédents possibles
Anne-Orange Poilpré « Le portrait royal en trône sous le règne de Charles le Chauve: l’espace contraint de la royauté » dans « L’image médiévale: fonctions dans l’espace sacré et structuration de l’espace cultuel », 2001, pp 325-340 [2] William Diebold, « Verbal, visual, and cultural literacy in medieval art- word and image in the Psalter of Charles the Bald », 1992, Word and Image https://www.academia.edu/38176329/Verbal_visual_and_cultural_literacy_in_medieval_art-_word_and_image_in_the_Psalter_of_Charles_the_Bald.pdf [3] Jacqueline Hoareau-Dodinau « Le prince et la norme: ce que légiférer veut dire », 2007, p 59 https://books.google.fr/books?id=a0dI1NpIJXkC&pg=PA59 [4] Schramm, « Sphaira, Globus, Reichsapfel: Wanderung und Wandlung eines Herrschaftszeichens von Caesar bis zu Elisabeth II », 1959 https://www.jstor.org/stable/20055325 [5] Anne-Orange Poilpré, « Charles le Chauve trônant et la Maiestas Domini. Réflexion à propos de trois manuscrits », Histoire de l’art, 2004, 55 pp. 45-54 https://www.persee.fr/doc/hista_0992-2059_2004_num_55_1_3070 [6] Caroline Frésard « La relation du texte et de l’image en occident au XIème : l’architecture du texte et l’architecture de l’image chez Raoul Glaber »
https://www.academia.edu/3312733/La_relation_du_texte_et_de_l_image_en_occident_au_XI%C3%A8me_l_architecture_du_texte_et_l_architecture_de_l_image_chez_Raoul_Glaber [7] HERBERT SCHADE « STUDIEN ZU DER KAROLINGISCHEN BILDERBIBEL AUS ST. PAUL VOR DEN MAUERN IN ROM 2. Teil », Wallraf-Richartz-Jahrbuch, Vol. 22 (1960), pp. 13-48 https://www.jstor.org/stable/24655665 [8] La description correcte a été donnée par Ursula Nilgen « Blonde Roma? Zum Sinn des Blondhaars in der Buchmalerei der Reichenau », Zeitschrift für Kunstgeschichte, 66. Bd., H. 1 (2003), pp. 19-32 https://www.jstor.org/stable/20055325 [9] Ernst Kantorowicz, « The King’s Two Bodies: A Study in Medieval Political Theology », p 113 https://archive.org/details/kingstwobodiesst0000kant/page/113/mode/2up