Opposé à Marine Le Pen qui propose un départ à 62 ans; voire 60 ans, le candidat LREM s'est dit prêt à "bouger si on ressent trop d'angoisse chez les gens" et parle maintenant d’un départ éventuel à 64 ans mais évite toujours le débat sur la réforme du financement…
La France comptera 1,4 cotisant par retraité à partir de la fin des années 2040 selon le Conseil d'orientation des retraites (COR). Se basant sur cet élément statistique et un manque de financement des actifs vers les inactifs, Emmanuel Macron veut maintenant reculer l’âge de départ à 65 ans, voire 64 ans, en faisant une xième réforme allant toujours dans le même sens, à savoir celui d'une nouvelle régression sociale que nous connaissons depuis 1993 :
- En 1993, la réforme Balladur a porté le nombre d’années de cotisation nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein a 40 annuités (160 trimestres) au lieu de 37,5 ans (150 trimestres). Principale conséquence : les personnes voulant prendre leur retraite sans avoir les 40 annuités nécessaires pour une pension à taux plein, subissent une décote de 10 % du montant de la pension mensuelle par année manquante, pour l'ensemble des salariés du privé. Quant au salaire annuel moyen (SAM), basé sur les 10 meilleures années qui sert de base au calcul de la pension, il est calculé maintenant sur les 25 meilleures.
- En 2003, la réforme Fillon a aggrave encore la situation en portant la durée d’assurance pour obtenir une pension à taux plein (50% du SAM) à 41 annuités de cotisations.
- En 2010, la réforme Woerth a porté progressivement l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans en 2017.
- En 2014, la réforme Touraine porte à 42 annuités à l'horizon 2023 pour une retraite à taux plein, à 42 ans et un trimestre en 2026, à 42 ans et demi en 2029, à 42 ans et trois trimestres en 2032 et enfin à 43 ans en 2035. Une décote a été instituée avec une réduction progressive de 5% par année manquante en cas de liquidation avant 65 ans sans réunir les conditions du taux plein. Les cotisations patronales et salariales ont augmenté de 0,15 point en 2014 puis 0,05 en 2015, 2016 et 2017, soit 0,30 point au total. L'indexation annuelle des retraites a été reportée d’avril à octobre.
Au total, ces quatre réformes se sont traduites par une baisse de 20% à 25 % du montant moyen des retraites du régime général ! Et aujourd’hui, un retraité sur deux perçoit une pension globale inférieure à 1300 € par mois, un quart des retraités perçoit une pension inférieure à 800 €, environ 10 % moins de 300 €.
Une situation qui s'est encore aggravée au cours du quinquennat d’Emmanuel Macron avec l »augmentation de 25% du taux de la CSG sur le montant des pensions (8,3% au lieu de 6,6%) puis de non indexation de celles-ci sur le taux annuel d'inflation.
Un autre financement est possible pour éviter le recul de l'âge de départ
Pour éviter une réduction continue des droits des pensionnés que l'on connait depuis 30 ans, il est possible d'aller dans une toute autre direction en soumettant à cotisations l’ensemble des revenus des personnes physiques, tels que déclarés à l'administration fiscale, et non les seuls salaires. Un tel changement serait à la fois plus juste et plus rémunérateur car un point de prélèvement assis sur le revenu fiscal rapporte sensiblement plus que le même taux appliqué au seul salaire.
Tous les citoyens sans exception seraient assujettis à cette nouvelle cotisation qui pourrait même devenir une sorte de cotisation universelle de Sécurité sociale, remplaçant toutes les autres, y compris la CSG, et finançant toutes les branches Vieillesse, Maladie et Allocations Familiales. Déjà adopté par de nombreux pays, ce système existe déjà partiellement en France dans la mesure où les retraites de la Fonction publique sont financées par les cotisations sur salaires des fonctionnaires actifs mais aussi par une aide complémentaire du budget de l'Etat.
Le problème de l’étroitesse de l’assiette des cotisations se pose également pour les personnes morales et les cotisations dites patronales. En effet, les entreprises à fort taux de main d’œuvre, ayant une forte masse salariale mais une faible valeur ajoutée, se trouvent pénalisées par rapport à celles ayant une faible masse salariale et une haute valeur ajoutée. Le remplacement, même partiel, des cotisations patronales par une contribution sur la valeur ajoutée reviendrait pour la première fois à inclure les profits d’exploitation des entreprises dans l’assiette de financement de la Sécurité sociale, notamment les entreprises ayant « ajusté à la baisse » leur masse salariale à l’occasion de restructurations ou de délocalisations.
Cette dernière proposition fut explorée à plusieurs reprises par d’anciens premiers ministres, Alain Juppé et Lionel Jospin, mais elle est restée lettre morte. La confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) et l’Union patronale artisanale (UPA) y sont pourtant favorables.
Le système de financement basé sur le recouvrement de cotisations sur les seuls salaires a relativement bien fonctionné pendant les «trente glorieuses» mais il a atteint aujourd’hui ses limites. Changer ce mode de financement permettrait de maintenir le système par répartition sans reculer l'âge de départ à 65 ans ou 64 ans....
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