Le goulag existe en Chine - et nous le savons; nous le combattons au nom de l’humain. Le paradis n’est nulle part de ce monde et la Chine fait ce qu’elle peut, depuis 30 ans, pour améliorer (enfin !) le sort de ses habitants. Ces mêmes Français éperdus d’amour pour le Grand Timonier et ses dictons de mirliton à la fin des années 1960, sont ridicules aujourd’hui de “dénoncer” un régime qui se libéralise. Ils préféraient sans doute la vieille dictature au nom de l’Avenir aux tâtonnements maladroits de l’éternel présent ? N’ont-ils rien appris ?
L’olympisme n’est pas la politique - ou 3000 ans d’histoire occidentale n’ont aucune signification. Ne mélangeons pas le médiatique, adepte de “coups” de pub, avec les relations mondiales, qui doivent évidemment perdurer. A quoi cela sert-il d’isoler la moitié de l’Asie ? A établir un “goulag moral” ? Au nom de quel Absolu dont nous serions seuls détenteur ?
Chacun son rôle. Que les athlètes se mesurent, que les hommes politiques agissent en politiques, que les militant français militent en France, que Reporters Sans Frontières nique la censure chinoise. C’est de bonne guerre. Mais il ne faut pas, alors que tout est joué, faire “comme si” la Chine était indigne de présenter les Jiho. Il ne fallait pas laisser la clique Samaranch décider, si c’était si “moralement” insoutenable… Or personne n’a rien dit, parmi les “moralistes” autoproclamés !
La Chine est un grand pays avec une longue histoire et une culture profonde. Qu’elle ne soit pas comme nous est une évidence qu’il est bête de souligner. Qu’elle se se prosterne pas devant “nos” valeurs est normal : à nous de les vivre en exemple et de les faire aimer ! Ce n’est pas parce que nous avons pris l’habitude, depuis trois siècles, d’appeler “universel” ce qui nous convient, et de l’imposer par le sabre, le goupillon ou la faucille, que le monde doit s’incliner. L’Occident n’est pas le témoin de Jéhovah pour tonner ses Commandements. La Corse ou le Pays basque ne sont peut-être pas le Tibet, ni la querelle entre Flamands et Wallons celle entre Hans et Ouïgours - mais que savons-nous du contexte et de l’histoire ? La Chine ne nous dit pas ce que nous devons faire - pourquoi le dirions-nous à la Chine ?
Començons par balayer devant notre porte. Nos valeurs des Lumières - auxquelles je crois - ne sont pas défendues par la moraline “universelle” qui dégouline des média démagos. Elles le sont quand nous donnons au monde notre exemple de vertu : en 1776 contre la colonisation, en 1789 contre l’ordre féodal, en 1848 pour le suffrage dit “universel” (réservé alors aux adultes mâles de plus de 21 ans, sans les femmes…), en 1945 contre les dictatures racistes en Europe et en Asie, en 1961 contre le blocus de Berlin, en 1975 pour aider les civils au Biafra… En revanche, agresser une athlète paraplégique lors du passage de la Flamme à Paris ne fait pas honneur à la cause qu’on est sensé défendre.
Car posture ne vaut pas politique. C’est toute la différence - et de taille ! - entre éthique de conviction et éthique de la responsabilité.
Les discours médiatiques ne sont que de la bonne conscience qui dispense d’agir. Se draper dans la vertu ignore les intérêts.
J’aimerais que les boycotteurs assument - et qu’ils disent clairement qu’ils accepteront les licenciements chez Airbus et Alstom si le Président n’était pas allé en Chine. Parions qu’ils n’oseront pas.
Car affirmer “les Principes”, cela ne coûte rien ; agir dans le concret, cela coûte. Et les moralistes sont bien trop flemmards pour penser le dilemme d’un droit de l’homme abstrait qui s’oppose aux droits des hommes concrets…
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