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Géorgie: Le retour des Cosaques du Don

Publié le 09 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com
Samedi, 09 Août 2008 10:41

Par Jacques DEHAIRE

C'est malheureusement tragique: les morts s'ajoutent aux morts dans ce qui est devenu en quelques heures une vraie guerre dans le  Caucase:,entre deux pays membres du Conseil de l'Europe: plus 1600 tués, selon des informations non vérifiées mais diffusées par les agences de presse russes. C'est confirmé : l'armée russe intervient sur terre et dans les airs en Géorgie. Mais les « volontaires » évoqués par Poutine constituent la force de frappe essentielle. Qui sont ces « volontaires » ? Les Cosaques du Don qui ont été mobilisés depuis le 4 août, donc dès le début de l'actuelle montée des violences dans la province séparatiste ‘Ossétie du Sud.

Les cosaques du Don. Folklore et réalité. Traditions et retour en force. Chants, danses et vertus guerrières...

Géorgie: Le retour des Cosaques du Don
 

Le passé ? Il est entré dans la légende.

Le berceau des cosaques du Don se situe évidemment  près du fleuve Don en Russie. Notamment autour de  Rostov-sur-le-Don, actuellement la capitale de l'oblast de Rostov dans le Caucase russe. Leur première apparition remonte au  XVIe siècle, mais les premières prestations historiques datent grandes apparitions datent de l'époque des premiers Tsars russes. Endogènes, au même titre que ceux de l'Oural et du Térek, les Cosaques du Don ont un statut transnational : ils constituent une nationalité à part entière, avec un système politique élaboré (avec  une Rada,  l'assemblée militaire,  et un ataman, un chef  élu), une culture propre, mais également une langue qui diffère du russe, pour se rapprocher de l'ancienne langue ruthène.

Le nom "Cosaque" dérive du turc et signifie à peu près  « homme libre et indépendant ». Une marque de respect dans  un pays et à une époque où le servage était tout à fait normal et général. Des vagabonds des bois, chasseurs, pêcheurs et pilleurs...Fiers de leurs chevaux et de leurs qualités physiques. Habiles dans l'art de manier les armes qu'ils dérobaient aux Tatars Tatars de Crimée, aux   Turcs des bord de la mer d'Azov, aux caravaniers  qui voyageaient le long du Don et de la Volga. Les plus audacieux étaient aussi des pirates, des voyous des mers : Avec leurs légers voiliers, ils naviguaient sur la mer Caspienne, la mer d'Azov et la mer Noire jusqu'à Constantinople. Des qualités navales qui leur seront utiles, plus tard, en baltique quand ils défendront la « Moscovitie » contre les Suédois et quelques autres.. 

Géorgie: Le retour des Cosaques du Don

« Hommes libres », les cosaques du Don avaient la réputation d'être incontrôlables. Les premiers Tsars qui tentèrent de les mettre à leur services l'ont payé cher. Les cosaques n'obéissent qu à leur ataman. Et ils sont très autonomes sur le terrain. D'où leur réputation de « franc tireur », de « messager », d' « agent de  renseignement », de « harceleur ». Des fonceurs, très mobiles, qui cassent les lignes ennemies...

C'est Ivan le terrible qui a l'idée de les utiliser en leur permettant de s'épanouir dans le respect de leurs spécificités. Les tsars de Russie vont s'attacher leurs services en leur fournissant  armes, munitions et vivres, et en tirant parti de cette cavalerie d'élite. Bien traités, ils seront ainsi neutralisés dans leur esprit d'intendance et de rébellion face au pouvoir central... tant pour s'adjoindre les services de cette cavalerie d'élite, que pour les maintenir dans un état de soumission, les empêchant de se retourner contre le pouvoir russe.

Les cosaques du Don ont leur apogée durant les guerres entre la Russie et Napoléon Ier. Ils ont lutté au coude à coude avec les troupes régulières russes sous le commandement de Suworof. Lors de la campagne italienne, ils sont « entrés dans l'éternité » par une traversée dure des Alpes. En Autriche et en Prusse ils ont lutté contre Napoléon et ses armées. Ils ont atteint les bords de la mer du Nord et même Paris. Ensuite, ils combattront  la Prusse et l'Autriche avec férocité, en laissant de bien mauvais souvenirs dans les populations locales,. Au nom de la protection des frontières de l'Empire russe.

Les Cosaques du DON étaient répartis en dix armées. La principale armée de la cosaquerie, pouvait mobiliser quasiment sans délais 70 000 « sabres » (cavaliers d'élite).Leur uniforme bleu galonné de rouge, avec la coiffe de fourrure typique des cosaques, contribueront à leur donner une image de conquérants,de combattants redoutés, de guerriers plein de noblesse.

Mais leur célébrité devint mondiale...grâce à Hollywood. Avec leurs rites et les chants d'église orthodoxe, ils symbolisent l'ancienne Russie.

Les  soviets ne reconnaîtront  pas l'autorité des Ataman .La révolution communiste de 1917 a causé une certaine scission dans la communauté des Cosaques: les hommes qui n'avaient pas de possessions suivaient les bolcheviks. Les autres prenaient une attitude d'expectative ou neutre. Pour eux, la loyauté envers le pays était plus grande que la loyauté envers le tsar (qui avait entre-temps été détrôné). Cette réserve, cependant, n'a pas duré longtemps. Les gens qui avait l'habitude de donner leur avis à haute et intelligible voix, ont eu de grands problèmes avec les puissants communistes et dictatoriaux. Le rouleau compresseur du totalitarisme a été plus fort que ces mousquetaires russes.

A partir de 1919, il y a eu une sorte de "décosaquisation": un mot qui a rimé avec persécution.  . Leur pouvoir militaire était détruit. Leur foi orthodoxe censurée. Les Cosaques ont dû ou bien émigrer, ou bien plus ou moins renier leur origine. Autrement dit: les communautés des Cosaques qui sont restées en Russie ont disparues dans la clandestinité. Cette situation a durée plus de 70 ans.

Après la chute du communisme, des descendants de l'ancienne armée cosaque ont immédiatement ressurgi. Entre-temps, on retrouve les communautés des Cosaques sur les rives du Don comme toujours. Ces communautés s'appellent des "stanitsy" et sont dirigés par des "atamans". Et les Cosaques sont tout à fait de retour. Avec la bénédiction de Poutine et du clergé orthodoxe.

La renaissance du mouvement cosaque a commencé au début des années 90. Le processus est particulièrement intensif sur les lieux traditionnels de vie des Cosaques aux frontières sud de la Russie mais des associations de Cosaques ont vu le jour dans plusieurs grandes villes du Nord comme Moscou et Saint-Pétersbourg. Au départ, ces associations présentèrent des revendications de nature culturelle et historique, puis exigèrent une administration locale autonome ainsi que la restitution de leurs terres traditionnelles. En 1992, un décret présidentiel a réhabilité les Cosaques. Il leur accorda le statut de groupe ethnique et des terres à titre gratuit ; en échange, les forces cosaques participent à la protection des frontières.

Actuellement,ils sont en première ligne, ou presque, contre les forces géorgiennes. « En volontaires » 

Jacques DEHAIRE

Etre Cosaque au XXI ième siècle...

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Qu'est-ce qu'un Cosaque au XXIe siècle ? Que font-ils, comment vivent-ils aujourd'hui ? A ces questions du journaliste de Vremia répond l'Ataman de l'unité cosaque du Don, Victor Vodolatskiï. EXRAITS

Vremia : Quelles sont les différences entre les Cosaques de l'Empire tsariste et ceux du XXIe siècle ?

Victor Vodolatskiï : Avant un Cosaque savait que son rôle était d'être un guerrier orthodoxe. Où qu'il se trouvât, son devoir était d'être prêt 24 heures sur 24 à défendre les frontières de la Russie. Aujourd'hui les mœurs et les mentalités ont changé. Il est impossible qu'un territoire vive selon ses propres règles. Mais l'esprit de nos ancêtres reste en chacun de nous, ce qui nous permet de vivre dans des stanitza (villages de Cosaques). Essayez de trouver quelque part une organisation qui peut réunir 35 000 personnes en un très court délai ! Trente-cinq mille, c'est le nombre de Cosaques du Don, avec leur famille, cela représente 106 000 personnes.

 Un Cosaque moderne peut être chirurgien, policier ou fermier mais il appartient à une unité armée qui vit selon son règlement et où sont inscrits ses droits et ses devoirs. (...) Les Cosaques tentent de conserver les traditions et la culture de leurs ancêtres. Il n'est pas possible de recréer la communauté cosaque sous sa forme d'avant 1918 mais nous espérons occuper au sein de la société une place respectable.

Sur le Don, les Cosaques sont la nationalité titulaire (il s'agit de la nationalité officielle et prédominante sur ce territoire) et cela implique non seulement qu'ils ont des droits mais également qu'ils sont responsables de ce qui se passe sur ce territoire. C'est pourquoi, avec l'aide du gouverneur, nous avons formé des milices municipales de Cosaques ; au cours de l'année, 700 hommes ont maintenu l'ordre public. Nous nous occupons également de la protection de l'environnement : nous prenons soin des forêts plantées par nos grands-pères et arrière-grands-pères. Nous aidons également les douaniers à garder nos frontières. »

UN SITE SUR LES COSAQUES

LA GUERRE EN OSSETIE DU SUD

UNE NOUVELLE GUERRE FROIDE? 

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