Le métier de conducteur exige d'avoir en tête tous les textes réglementaires, gnagnagni et gnagnagna... Oui, c'est bien joli tout ça. Mais il arrive un moment où il faut lui rafraîchir la mémoire, l'informer des nouveaux textes ou de leurs rectificatifs. C'est ce que chez nous, nous appelons l'instruction. Elle peut être théorique (sur les textes) ou pratique (sur un train). En général, l'instruction est dispensée par un agent de maîtrise, ce qui évite les dérives d'interprétation. L'instruction est obligatoire mais on ne sait pas jusqu'à quel point. Le minimum étant trois jours sur deux ans, ce que nous appelons le type 2. Nous sommes relevés de notre service pendant un jour, deux jours ou trois jours consécutifs. Tout dépend des effectifs disponibles pour faire fonctionner l'exploitation en ligne. Car être relevé de notre service veut dire être remplacé sur le train. Et des effectifs, il n'en a plus beaucoup, malgré que le synoptique soit parait-il complet...
Sinon, des périodes d'instruction sont intégrées dans nos services. Elles sont d'une durée qui ne peut pas être inférieure à une demi-heure. Elles ne coïncident jamais exactement entre services. Le conducteur est donc seul sur sa plage d'instruction. Le boulot du maîtrise devient donc pratiquement impossible car il passerait son temps entre la gestion du terminus et l'instruction des agents. A moins d'allouer un maîtrise sur un poste exclusivement instruction. Mais des maîtrises, il n'y en a plus tant que ça. J'ai vu en service nuit un seul maîtrise pour toute la ligne.
Alors on s'instruit soi-même, en papotant avec les collègues. On se dit "tiens, au fait, sur l'incident d'hier, j'ai eu un doute, qu'en penses-tu?", et tout le monde de donner son avis. On entend de drôles de choses et ça finit par embrouiller la tête plus qu'autre-chose. Si on en a le courage, on révise chez soi ou sur une borne intranet, ou on va voir le maîtrise pour lui réclamer un peu d'instruction sur un sujet précis. Mais il faut s'en donner le temps et le conducteur est comme tout le monde: ça attendra demain...