Un chat noir, ça porte malheur ? C’est ce que craint un des personnages du film de Kusturica. Mais ici, le chat noir est toujours accompagné du chat blanc. Tout le film semble tendre vers l’idée de faire la paire, que ce soit selon de vieilles amitiés ou selon des désirs juvéniles. Mais pour y parvenir, la société entière se met en route, ou en fleuve, puisque tout se passe au bord du Danube. Les Russes commercent avec les gitans, recyclant de vieux appareils, le train transporte de l’essence, source de profits. Les trafics ne cessent jamais et ce sont toujours les mêmes qui gagnent. Mais le film est traversé de multiples pistes et son burlesque provoque le rire, et sa musique nous entraîne. On n’est jamais sûr d’arriver à bon port et pourtant on y va, et pourtant on y arrive, quitte à détruire méthodiquement et bestialement une automobile de l’ère soviétique. Au milieu de tous ces éléments remuants, il y a l’amour d’Ida et Zare, l’affection du grand-père pour son petit-fils et la résurrection des deux vieux pour que la fête soit réussie. Et la musique, tout au long.
Ce film était proposé par MK2 Curiosity.