"Caméra invisible", clame le gros titre
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La justice portègne vient d’interdire l’usage d’un système informatique de reconnaissance faciale qui avait été implanté par le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires pour lutter contre la délinquance et la criminalité. La mise en place d’un tel outil avait d’ailleurs soulevé l’opposition d’un large spectre idéologique et politique de militants et d’habitants.
Or il semble bien que le ministère portègne de la Justice et de la Sécurité (qui cumule les compétences judiciaires et policières) se soit servi de ce système dans un tout autre objectif que celui avec lequel on avait tâché de le vendre à l’opinion publique de la Capitale fédérale : deux organismes qui luttent pour la protection des droits civils l’accusent d’avoir illégalement eu accès aux données personnelles de 7 millions d’individus (dans une ville qui compte 3 millions d’habitants) et d’avoir ainsi collecté des informations sur les faits et gestes de membres du gouvernement national (adversaire politique du gouvernement de Buenos Aires), de journalistes, de magistrats enquêtant sur des affaires qui mettent en cause en ce moment des caciques de l’opposition ainsi que de personnalités de la société civile, notamment certains dirigeants et dirigeantes d’organisations militant pour les Droits de l’Homme (il s’agit pour la plupart des associations de victimes de la dictature militaire).
Dans le système de surveillance,
les plaignants ont
identifié rien moins que 10 millions (environ) de requêtes entre
avril 2019 et mars de cette année, dont certaines concernaient rien
moins que le président Alberto Fernández lui-même, alors que le
système n’avait été établi que pour être utilisé dans des
enquêtes judiciaires ouvertes sur des faits délictueux ou criminels
avérés. Cette période englobe comme par hasard les élections de
mi-mandat qui se sont tenues en octobre 2021.
L'affaire est traitée dans un titre secondaire,
en colonne de droite :
"Capitale : un juge contestable prive la Police
d'un système de sécurité", dit le titre
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C’est ainsi la deuxième fois
que la droite néolibérale est montrée
du doigt pour n’avoir pas respecté le droit de citoyens à leur
vie privée : la
première fois, c’est quand un audit effectué dans les services de
renseignement argentins avait révélé l’existence d’écoutes
illégales, effectuées à la demande supposée du président
Mauricio Macri, alors à la tête de l’État fédéral, (1)
contre les membres de certaines familles des sous-mariniers du ARA
San Juan qui se sont
portés partie-civile dans l’affaire de la disparition en mission
du bâtiment.
Une des caméras du Centre de sécurité urbain
Et pour une fois, l’affaire intéresse au-delà de Página/12
Clarín et La Nación, deux journaux de la droite libérale, traitent l’information ce matin mais ils insistent surtout sur la mise hors service par un méchant juge portègne d’un outil destiné, selon eux, à lutter contre l’insécurité.
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
(1) Lui nie toute implication dans ces écoutes mais personne ne voit à qui d’autre elles auraient pu servir.