La machine à écrire vert menthe que s'était achetée Élise dans les années 60 ! Une Hermès Baby. La même que celle de Françoise Sagan, avait raconté Dora dans son journal.
Dans ce court passage de juin 2017, Françoise, qui doit son prénom à l'auteure de Bonjour Tristesse, cite deux des femmes de sa lignée. Il ne manque plus donc qu'Adèle.
Dans ce roman, dont le titre est le nom d'une machine à écrire, Louise De Bergh raconte la vie de quatre femmes qui apparaissent dans cet ordre: Françoise, Adèle, Dora, Élise.
Peu à peu le lecteur apprend qu'Adèle est l'arrière-grand-mère de Françoise, Dora sa grand-mère et Élise sa mère. Seules Françoise et Dora s'expriment à la première personne.
Le temps d'Adèle est celui des années 1910 à Vienne, celui d'Élise les années 1970-1980 à travers le monde, tandis que Dora et Élise se voient en France dans les années 2010.
Ces femmes, en dehors de leur parenté, ont en commun de ne pouvoir ou savoir garder l'homme de leur vie. Malgré qu'elles en aient, il leur échappe d'une manière ou d'une autre.
Pour trois d'entre elles, cet homme est un artiste: elles sont douées pour faire des dessins, qui se déduisent les uns des autres et s'inspirent de ceux du premier de ces artistes.
Dora, tant qu'elle le peut (elle est bientôt centenaire), se sert d'une machine à écrire pour tenir journal. Elle en a eu plusieurs: Les machines à écrire sont restées mes meilleures amies.
Il faut croire que c'est héréditaire puisque sa fille Élise en a acquis une, une Hermès Baby. Françoise doit se servir plutôt d'un ordinateur, mais elle écrit elle aussi, pour comprendre.
Dora, sa grand-mère, si elle ne lui a pas beaucoup parlé de sa mère et de son arrière-grand-mère, a tenu journal pour qu'un jour, quand elle le lira, elle comprenne ce qui était tu.
Sera rompu le silence destructeur qui, au début de la lignée, à la suite d'un amour déçu, a saisi ces femmes: la boucle des traits tracés par le premier des artistes aimés sera bouclée...
Francis Richard
Hermès Baby, Louise De Bergh, 312 pages, Éditions Romann