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Les Français parlent aux Français : Mongolie n°7

Publié le 09 août 2008 par Anne Onyme

Dans les steppes de Mongolie – Samedi 9 août 2008

Sain bain uu ! (cela veut dire bonjour)

On en est sûr maintenant, Stéphane à Oulan Bator a enfin récupéré nos bagages. Il est donc parti hier matin d'Oulan Bator pour  nous rejoindre avec Camilla et Pierre Henri, nous espérons ce soir dimanche.

Hier, nous avons continué notre voyage vers l’Ouest. Nous devons être à 900 kilomètres d’Oulan Bator… Le pays est absolument magnifique. Les paysages sont sublimes et, comme nous continuons à monter, ces paysages changent. D’une steppe riante vers les 1.500 mètres, nous sommes passés à une succession de vallées, séparées par des cols de plus en plus haut. Avant d’arriver hier soir dans le parc national de Khorgo rejoindre nos chambres d’hôtes : à savoir 2 yourtes que nous ont proposé une famille d’éleveurs, dont la yourte jouxte les 2 nôtres. Nous sommes dans une vallée un peu encaissée.
Je vous en parlais hier : « Je vais voir le cheval ». Expression utilisée ici pour dire que l’on va aux toilettes. Savez-vous qu’elle la plus grande invention d’Homo Sapiens ? Le feu ? Non. L’Internet ? Non. C’est le papier toilette et la cuvette des wc avec une chasse d’eau.
Car ici, rien de tout cela. On a certes embarqué dans nos sacs des rouleaux de papier adhoc, mais pas de wc. Faut aller dans la steppe. Les dames s’habillent avec le « grand manteau de cheval » qui traînent sur les pieds, et s’en vont à quelques dizaines de mètres, et s’abaissent pour faire ce qu’il faut. Avec le manteau qui les recouvre on ne voit pas grand chose (j’ai vu dans le catalogue du Vieux Campeurs qu’il y avait des outils qui leurs permettaient de faire pipi debout). Pour les hommes : pas de manteau. Faut se débrouiller. Et je dois dire que dans ce genre de sport indispensable, je me débrouille plutôt mal. Bon je vous raconte vite fait…

Hier matin vers les 7 heures, le camp n’était pas réveillé. Je prends mon rouleau… Et je trouve à quelques 30 mètres le lit d’un ruisseau encaissé et asséché. Un saule au milieu qui me permettrait de m’adosser… Très content de ma trouvaille, je jette un bref regard circulaire : rien. Et je me mets au boulot… Je communiait en pensée avec les premières générations d’Homo Sapiens qui ont dû, comme moi, faire la même chose. Tout se passait au mieux, quand soudain, une cohorte de chevaux au galop déboule sur la rive devant moi. Comme elle était sous le vent, je n’ai rien entendu… Et naturellement, les chevaux étaient mené par un magnifique mongol en costume. Il m’a regardé de façon inexpressive, m’a salué. Et est parti. Le souffle coupé – on n’est pas habitué dans notre civilisation occidentale à ce genre de situation – j’ai voulu me relever précipitamment. Et j’ai glissé… Dedans. Cela ne m’était pas arrivé depuis mon 3ème âge de « nourrissonnat ». Heureusement que j’avais assez de papier, et que, tout a fait par hasard, j’avais en poche un petit paquet de serviettes pour bébé. Naturellement je n’ai rien dit à mes collègues…
Je me demande bien pourquoi nos amis Mongols n’ont pas inventé une chaise percée pliable. Ce qui permettait de l’emporter facilement dans leurs périgrinations et de faciliter ce genre d’opérations. Il devrait y avoir un marché important pour la chaise percée… J’ai posé la question la question à Yula, notre traductrice mongole qui apprend la littérature française à l’Université de Nancy. Elle a réfléchi, les yeux bridés mi-clos derrière ses lunettes à monture de marque… Elle m’a répondu : « Pourquoi l’inventer, ils n’en ont pas besoin ! »… Oui, répondis-je, mais cela serait quand même plus utile. « Ce n’est pas utile quand on n’en a pas besoin », m’a-t-elle répondu..
Faudra que je relise Shumpeter et les économistes utilitaristes de l’école autrichienne qui ont théorisés sur l’innovation dans les sociétés humaines. Les Mongols n’ont pas inventé la chaise percée, et les Gaulois n’ont pas inventé Internet… Curieux les choses que l’on loupe quand même… Et perdu dans mes pensées, j’ai oublié que la porte d’une yourte est basse… Je me suis presque assommé…
Bon, passons.
Donc journée de vendredi sympa à part un début d’incendie dans notre fourgon soviétique à confort néo-stalinien. Le moteur de ces engins se trouvent entre les places avant (j’étais à la place du mort). Quand tout à coup, une fumée blanche est sorti du moteur, côté chauffeur. Affolement. On s’arrête. Tout le monde descend. Et je prends avec moi mes matos… Big Boudha sort sa trousse à outils (y’a tout ce qu’il faut : on pourrait démonter la Tour Eiffel avec en 2 temps 3 mouvements). On ouvre le moteur. En fait, c’était deux fils électriques qui ont fait contact. Un peu de scotch… Et on est reparti le cœur léger.
Déjeuner sur l’herbe avec une petite odeur de thym sauvage. 3 jeunes mongols de la yourte de là-bas sont venus voir à quoi nous ressemblions. Et ils nous ont permis aux plus téméraires d’entre nous de faire un tour de cheval.
Passage de la rivière Chuluut. Et voilà pas qu’il prend l’idées à nos filles de se baigner ! Tout ce beau monde enfile son maillot de bain. Et hop à l’eau. Nos 3 jeunes mongoles, n’ayant pas de maillots, ont relevé leur bas de pantalon pour tremper les pieds. Et il est arrivé ce qui arrive souvent… Une attaque de Français. Les chauffeurs mongols s’y sont mis… Nos 2 cuisinières sont remontées trempées… (en photo ci-après, aprés avoir changé d'habits)...

Nous avons donc passé la nuit dans des yourtes. Réception d’abord dans la yourte de la famille… Tout ici est à base de lait. Le fromage, le yaourt, le beurre (on le mange à la cuillère avec du yaourt frais), le thé salé au lait, et la vodka mongol fabriquée avec du lait. Et même l'air qui sent le lait. Et la maîtresse de maison Narra, n’arrête jamais. Elle va couper le bois pour nourrir le petit poêle, récure les plats en fer blanc, mets chauffer de l’eau..
Et je m’imagine le soir dans ma yourte avec Madame Billaut, fumant la pipe (à base d’une clé à pipe de 8), et elle allant couper le bois, faire le ménage, attiser le feu, faire la vaisselle… Et puis, comme il n’y pas d’électricité, ni de télé, on se coucherait de bonne heure…  Et puis peut-être qu’elle me demanderait d’aller voir le cheval…  Car ici, tout la famille avec quelque fois 2 générations dorment dans la même yourte. Et généralement mari et femme font lit séparé… Pas d’imitié donc. Aller voir le cheval veut dire aller batifoler dans la steppe. Yula nous a dit d’ailleurs que la plupart des Mongols de la steppe ont été conçus sur l’herbe à la lueur des étoiles…
Ah oui… Aprés notre installation, on a appelé Eric notre toubib, à la ferme, pardon à la yourte voisine. Un enfant avait une plaie enflammée. Eric y est allée avec Evelyne sa femme qui est infirmière (je rassure Madame Billaut, y’a ce qu’il faut pour me soigner au cas où..). Du coup, toute la vallée doit être au courant qu’il y a un docteur français. Eric songe à venir s’installer ici à la retraite..
Fait froid…  Nara m’a prêté un deel, vous savez ces grands manteaux mongols qui se boutonnent sur le côté. Faut dire que j’ai fière allure là-dedans avec ma barbe d’une semaine… Nara nous a allumé le feu de bois dans notre yourte. Et on s’est couché de bonne heure. On m’a affecté à la yourte de nos femmes célibataires… Je me demande bien pourquoi… On a bien dormi. Un peu frais quand même sur le matin, le feu s’étant éteint. Température pas loin de 0 degré je pense.
Voilà. Il doit être 8 heures du matin. Le camp s’éveille doucement. (en photo)

Dsc02046

Le soleil est déjà haut, et la vallée est baignée de lumière. Elle est en face moi où moment où je vous écris. Je suis en effet dans le fourgon de Big Boudha. Son allume cigare marchant bien, je recharge en même temps mon Macbook Air…

Bayartai ! (cela veut dire au revoir). Je ne peux pas vous dire : à demain peut-être car la notion de demain n’existe pas en mongol…


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