S'il ne fallait choisir qu'une version moderne -autrement dit stéréophonique- du "Tristan et Isolde" de Richard Wagner, ce serait celle-là, enregistrée lors d'une représentation du Festival de Bayreuth en 1966.
On peut même -c'est mon cas- la préférer à la célébrissime version monophonique de Wilhelm Furtwängler.
Les chanteurs font partie des plus grands wagnériens de la deuxième partie du 20ème siècle, notamment Wolfgang Windgassen en Tristan et Birgit Nilsson en Isolde, dont l'intelligence des rôles n'a d'égal que leurs immenses moyens vocaux, au-delà des contraintes pourtant terribles imposées par la partition.
Wolfgang Windgassen et Birgit Nilsson n'ont jamais trouvé de successeur à leur mesure ; qui, aujourd'hui, chanterait aussi bien "Tristan et Isolde" ?
Les rôles secondaires -mot à vrai dire déplacé concernant cet enregistrement !- sont eux aussi dignes d'éloges.
Le Roi Marke de Martti Talvela, basse profonde au timbre et à la palette expressive inimitables, est bouleversant d'humanité.
Eberhard Wächter, qui fut un des plus grands barytons de son temps, campe un Kurwenal magnifique qui nous transmet comme nul autre son amitié, son affection pour Tristan, maître aimé et souffrant.
Karl Böhm, qui connaissait évidemment la qualité intrinsèque de son plateau, chauffe à blanc cette oeuvre majeure de l'art occidental et fait de son "Tristan et Isolde" un sommet absolu de la discographie wagnérienne, donc de toute discographie.
Ce coffret de trois CD, autrefois édité chez Philips, a été réédité par Deutsche Grammophon.