L’orage était majestueux. Le ciel devenu un bandeau de papier millimétré sur lequel dix aiguilles de sismographes nerveuses traçaient des éclairs de fin du monde. Ce fut un authentique délice dont elle se régala derrière la fenêtre de sa chambre plongée dans l’obscurité, à cause de la panne d’électricité. Malgré ses neuf ans, jamais elle ne trembla, concentrée sur les pulsations frénétiques du ciel et les déchirures éclatantes qui zébraient la nuit. Elle s’endormit très tard, lorsque l’orage fut passé mais elle continua d’y rêver, déçue de se réveiller sous un ciel dégagé.