Dans une Europe qui s'effraie de tout changement, que de temps il nous a fallu pour prendre la mesure de l'émergence asiatique. Il nous en faut plus encore pour voir que l'Amérique du sud devient, elle aussi, une puissance qui compte.
Pendant cinq siècles, ce continent a vécu dans l'ombre coloniale et néo-coloniale. Manipulé, exploité, souvent envahi. Il est aujourd'hui libre de son destin. Plus encore: il prend conscient de la force que peut lui donner le rassemblement de ses nations longtemps divisées.
Les rencontres entre chefs d'Etats se multiplient, les projets communs démarrent, les guerres fratricides ne sont plus qu'un souvenir.
Certains n'en finissent pas de gloser sur les divisions persistantes. La région serait coupée en trois camps: les pro-Américains (Colombie en tête), les gentils progressistes (Brésil, Chili, Argentine, Uruguay) et les méchants révolutionnaires (Venezuela, Bolivie, Equateur).
Les péripéties cachent le fond des choses.
On disait le Venezuela et la Colombie au bord de la guerre: or Chavez et Uribe s'embrassent à nouveau. Economie oblige. On disait le Brésil inconciliable avec l'Argentine, et ils se sont en effet affrontés à l'OMC. Mais voilà que Lula se retrouve à Buenos-Aires avec Cristina Kirchner et Hugo Chavez: ils célèbrent un "axe pour l'unité de l'Amérique du sud" et parlent du gazoduc qui va relier leurs trois pays, de la Banque du Sud qui leur permettra de se passer du FMI.
Et le Colombien Uribe, grand ami des Etats-Unis ? Pas aussi isolé qu'on le dit. Le jour de l'Indépendance, à Leticia, il trônait aux côtés du président Lula (Brésil), du président Garcia (Pérou)... et de la chanteuse Shakira ! Il scellèrent un pacte pour sauver la forêt amazonienne, la protéger des trafiquants, des guerilleros et des pilleurs de bois. Folklore ? Pas sûr. Il n'y a pas si longtemps, les conflits frontaliers dans cette région ont fait des morts.
Uribe s'active sur tous les fronts. Il lançait l'autre jour une croisade anti-drogue avec plusieurs présidents d'Amérique centrale. Avec Chavez, il fait avancer des projets de voies ferrées entre les deux nations dites ennemies.
Reste le cas de pays moins forts. Le Paraguay où un évêque de gauche devient président: il priera les Américains de quitter la base militaire établie pendant la dictature. L'Equateur, où Rafael Correa, grand discoureur de gauche, fera de même avec une autre tête de pont US. Sa brouille avec Bogota à la suite de l'assassinat sur son territoire du commandant Reyes des FARC ne durera pas. Quant au président de Bolivie, l'Indien Evo Morales, malgré ses erreurs de néophyte, il reste populaire. Mais doit lutter contre le séparatisme des provinces fertiles et riches en gaz. Cependant les potentats locaux ne feront pas éclater le pays: le puissant voisin brésilien leur refuse tout soutien.
Cet effort historique de concertation doit beaucoup à un homme: Lula. Clairvoyant, conscient de son poids, habile et modeste, il s'entend avec tous. Il ne heurte pas les Etats-Unis - qui doivent bien reconnaître ses succès - mais il fraternise aussi bien avec Chavez, l'ami de Castro, qu'avec Uribe, l'ami de Bush. Et il déploie tout son art de conciliateur pour déminer les conflits.
Le Brésil dépend moins des marchés nord-américains et européens, développe les échanges entre voisins, se rapproche de l'Asie, de l'Afrique. Lula a osé réunir un sommet arabo-brésilien à Brasilia. Ce qui irrita fort Washington.
Mais ce diable d'homme est tout sauf mou. Il vient de protester sèchement contre le déploiement de la IVème flotte US au large de ses côtes... où l'on découvre de nouveaux gisements pétroliers. Le monde bascule.
Jacques PILET
REPERES
L'Amérique du Sud est un sous-continent ou la partie méridionale de l'Amérique, selon le point de vue. Le continent est situé entièrement dans l'hémisphère Ouest et principalement dans l'hémisphère Sud. Il est bordé à l'ouest par l'océan Pacifique et au nord et à l'est par l'océan Atlantique. L'Amérique centrale et les Caraïbes sont situées au nord-est.
L'Amérique du Sud fut nommée en 1507 par les cartographes Martin Waldseemüller et Mathias Ringmann d'après Amerigo Vespucci, qui fut le premier Européen à suggérer que l'Amérique n'étaient pas les Indes orientales mais un Nouveau Monde inconnu des Européens.
L'Amérique du Sud possède une superficie de 17840000 km2, ce qui représente 3,5% de la surface de la Terre. En 2005, sa population a été estimée à plus de 371 000 000 habitants. Le gentilé de ses habitants est Sud-Américain(e)s. L'Amérique du Sud est classée 4e en superficie (après l'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Nord) et 5e en nombre d'habitants (après l'Asie, l'Afrique, l'Europe, et l'Amérique du Nord).
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