L'époque est au chromosome XX. Un an après les vocalises enchanteresses des françaises de Gloria, surviennent les citoyennes du monde de Los Bitchos. Bitcho, littéralement "pot en terre" dans la langue de Cervantes est en fait une licence orthographique du mot qui signifie "insecte" et........n'a pas la connotation que vous voudriez idéalement lui trouver.
Fondé à Londres à la fin des années 2010, Los Bitchos a connu plusieurs changements notables de line up. D'abord trio mené par l'australienne Serra Petale et l'uruguayenne Carolina Faruolo toutes deux aux guitares, en compagnie de la joueuse de keytar (guitare-synthé) Agustina Ruiz, Los Bitchos est devenu entre-temps quintette avec la suédoise Josefine Jonsson (basse) et l'anglaise Nic Crawshaw (batterie), échappées d'un obscur groupe punk de la perfide Albion Avant que de perdre l'une de ses deux cofondatrices. Serra Petale elle, est restée. C'est à n'en pas douter la figure de proue du groupe. Preuve en est la manière dont elle cabotine volontiers sur les différentes sessions KEXP et festivals auxquels s'est joint le groupe. C'est elle (la brune mutine à droite sur la pochette) qui imprime au groupe découvert et produit par Alex Kapranos de Franz Ferdinand, les différentes sonorités des titres de Let The Festivities Begin!
La particularité du debut de Los Bitchos qui pourtant ne font pas dans le math rock, c'est d'être instrumental. Et que les quelques 37 minutes du disque qui bien sûr fait dans la concision, s'écoutent sans ronron ni lassitude ; alors que ne pointent que quelques slogans noyés dans le mix sur deux ou trois titres. Une gageure.
Pour arriver à leurs fins, les filles perpétuent le festif et le rythme de la cumbia, cette danse percussive en provenance de Colombie et curieusement d'obédience funéraire. On ne le croirait pas au déhanché du quatuor qui loin de dénaturer le folklore, en restitue l'esprit de fête initial venu d'Afrique.
A dire vrai, Los Bitchos ne donne pas exclusivement dans le folklore. La reverb et les sonorités surf presque Lynchiennes (la superbe intro de "Good to go!") sont omniprésentes, avec parfois des effluves de reggae ( le single "Pista ", "Tropico"). Le disque qui est aussi et surtout un long solo ininterrompu de guitare, louche aussi vers des sons orientaux et plus précisément anatoliens ("I enjoy it", "FFS" clin d'oeil à l'association du même nom entre Franz Ferdinand et Sparks) ? Pas étonnant, Serra Petale a aussi vécu en Turquie, patrie de naissance de sa maman. Et la hype du début d'année 2022 a su créer un pont et une amitié certaine avec Altin Gün, autre groupe multiculturel en vogue. Il y a aussi parfois même si rarement, un boost métallique et plus "rock" pour l'infernale, "Good to go!" encore et "Try the circle!". Raison invoquée ? Nos filles sont fans de Van Halen !
La doucereuse et vacharde (car dédicacée) "Lindsay goes to Mykonos" clôt sans sans coup férir et avec majesté Let The Festivities Begin!
Alors hype londonienne ou espoir durable ? 2022 n'apportera pas immédiatement pas la réponse à cette question.
En attendant, faisons nôtre la devise de Bertrand Tavernier et qu'à l'image de l'hédonisme totalement assumé de cette surprenante pochette, que la fête commence !
En bref : quatre filles dans le vent que tout le monde semble avoir le bon goût d'aimer. L'avenir pourrait bien appartenir à Los Bitchos et à ces instrumentaux jouissifs et décomplexés.