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Allegre-les-fumades

Par Elisabeth Leroy

IMAGE LES FUMADES.jpgLe territoire d'Allègre-les-Fumades, situé entre les Cévennes Alésiennes et le massif du Bouquet, est un lieu privilégié où les rivières font naître des miracles de verdure au milieu des chênes rouvres. Au lieu-dit les Fumades, une antique source abreuve toujours la seule station hydrominérale du Gard qui avait la faveur des empereurs d'autrefois. La petite station des Fumades s'est blottie au pied de la colline de la Costo Caudo (coteau chaud). L'oasis de son cadre enchanteur bien qu'un peu fané par les aléas de l'histoire contraste avec les versants calcaires du massif du Bouquet qui offrent à la vue un panorama grandiose. Quelques pas de promenade permettent de découvrir la station et les derniers témoins du faste de la Belle Epoque. La buvette de la Fon Pudente, rebaptisée plus noblement au 19 ème siècle, source romaine, célèbre les eaux fondatrices où les païens vénéraient les nymphes en remerciements de leurs guérisons. Plus loin les 3 naïades de la fontaine, mais surtout l'arc de triomphe "romain" (construit en 1907), font encore référence à l'Antiquité : sur le fronton de cette porte monumentale, l'inscription "voyageur, arrête-toi et bois" introduisait le beau monde venu prendre les eaux. Bien que les nouveaux Thermes ne préconisent plus les eaux des Fumades en boisson, celle-ci sont remarquablement efficaces en ablution de toutes sortes pour soigner les voies respiratoires et les maladies cutanées. Grâce à leur teneur exceptionnelle en souffre et en bicarbonate, les sources minérales des Fumades sont comptées parmi les meilleures d'Europe et elles attiraient au début du 20 ème siècle la grande bourgeoisie étrangère. Car l'exploitation de la station fut achetée en 1907 par une société anglaise. Avec ses hôtels de luxe, son théatre, son casino, son journal, son parc, son orchestre, ses établissements de soins, ses pavillons rococos et ses eaux en bouteilles, Les Fumades-Les-Bains est à son apogée. Pas pour très longtemps hélas car la première guerre mondiale sonne le glas : destruction et pillages vont être de mise tout au long du 20ème siècle.

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Dans un parc, de grands palmiers côtoient des ifs centenaires. Une fontaine de rocaille toute moussue, trône au milieu des pommiers du Japon, des cèdres et des saules pleureurs, des allées sont bordées de buis. Un ruisseau nonchalant serpente entre des rives creusées dans l'argile tendre. Quelques bergeronnettes sautillent sous le vieux pont. Un sentier de pêcheurs accompagne les eaux vertes jusqu'au confluent de l'Auzonnet au-delà duquel le ruisseau rejoint les eaux aurifères de la Cèze, en aval du village de Rivière. Un petit canal, semblable à un torrent, se faufile entre les champs de colza et les jardins potagers bordés de vieux mûriers. Aux abords du village d'Arlinde, un moulin couvert de lierre est abandonné depuis longtemps mais le lavoir, récemment restauré, est prêt à accueillir des lavandières. Non loin de la vieille église, l'herbe grasse des prairies fait le régal de quelques chèvres blanches. Ces bêtes semblent ignorer que sous leurs sabots se trouvent des vestiges d'une villa gallo-romaine. Car les Romains avaient choisi cet endroit en raison de la belle résurgence vauclusienne qui surgit, en bouillonnant, dans une vasque couverte de cresson.

La station thermale des Fumades-les-Bains prend un nouvel essor en 1995 en se dotant d'un nouvel établissement thermal adapté aux normes modernes des traitements dermatologiques et des voies respiratoires. Il ne subsiste plus grand chose du lustre de la Belle Epoque (le grand hôtel a été détruit) mais la villa dite du Kronprinz attend toujours sur la colline que le prince héritier d'Allemagne vienne enfin soigner sa sinusite aux Fumades.


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