Les patients atteints d’hépatite C traités et guéris avec des médicaments antiviraux à action directe sont moins susceptibles d’être hospitalisés, d’avoir besoin de soins en urgence pour le foie ou pour d’autres problèmes de santé, conclut cette étude longitudinale menée au Henry Ford Health System. Les conclusions de l’étude, présentée dans la revue Clinical Infectious Diseases soulignent ainsi l’effet puissant et la grande efficacité des antiviraux à action directe (AAD), sur la santé globale de ces patients.
Le virus de l’hépatite C fait environ 2 millions de nouvelles infections chaque année, et 70 millions de personnes sont porteuses du virus dans le monde, une majorité d’entre elles n’étant pas diagnostiquées. Le VHC est responsable de plus de 400.000 décès par an mais aussi de centaines de milliers de cirrhoses du foie et de cancers du foie. En France, on estime qu’environ 230.000 personnes sont atteintes d’hépatite C chronique et que seules 140.000 personnes ont connaissance de leur maladie. Si les antiviraux à action directe (AAD) ont révolutionné le traitement de la maladie, le besoin d’un vaccin reste considérable, pour atteindre l’objectif ambitieux de l’OMS de réduire l’incidence de l’hépatite C de 90 % et les taux de mortalité de 65 % d’ici 2030.
Les antiviraux à action directe (AAD) ont révolutionné le traitement de la maladie
L’auteur principal, le Dr Stuart Gordon, directeur du Département Hépatologie du Henry Ford Health System, et son équipe valident « l’effet extraordinaire de ces nouveaux antiviraux », qui guérissent l’hépatite C chez 98 % des patients. La guérison étant définie par une charge virale indétectable dans leur sang : « Non seulement le traitement élimine le virus, mais il contribue à l’amélioration de la santé globale des patients. Des résultats cohérents avec ceux de nos précédentes études qui suggéraient déjà qu’un traitement efficace de l’hépatite C réduit également le risque chez ces patients d’autres problèmes de santé comme le diabète, les maladies rénales, les accidents vasculaires cérébraux et les crises cardiaques ».
L’étude menée par les chercheurs de Détroit avec des collègues du Geisinger Health System (Pennsylvanie), du Kaiser Permanente à Hawaï et des Centers for Disease Control and Prevention a utilisé les données de la Chronic Hepatitis Cohort Study, collectés à partir de 4 systèmes de santé américains. C’est la première étude à examiner les effets des AAD chez des patients atteints d’hépatite C avec et sans maladie hépatique avancée. Au total, l’analyse a porté sur les données de 6.100 patients dont la moitié ont été traités par AAD. Les antiviraux sont pris par voie orale une fois par jour pendant 8 à 12 semaines. Les effets secondaires sont légers, voire inexistants. Les médicaments empêchent le virus de l’hépatite C de se multiplier dans le corps et peuvent prévenir des complications à long terme comme des dommages au foie. L’analyse constate que :
- les patients traités avec des AAD ont un risque d’hospitalisation plus faible, et en cas d’hospitalisation, leur séjour est plus court ;
- ces mêmes patients ont moins de problèmes de santé hépatique mais aussi non liés au foie ;
- ils consultent également moins aux Urgences pour des problèmes hépatiques ;
- leurs dépenses de santé accusent une réduction substantielle, estiment les chercheurs ;
- enfin, toujours chez ces patients, l’incidence des maladies chroniques est très réduite.
« Ces AAD présentent donc des bénéfices considérables :
vous êtes guéri du virus, votre santé générale s’améliore, vous êtes moins susceptible d’être hospitalisé ».
Un traitement efficace, oui mais à condition d’être dépisté : les auteurs rappellent que le dépistage de l’hépatite C est recommandé pour tous les adultes de 18 ans et plus, y compris les femmes enceintes, à chaque grossesse, et notamment pour les personnes présentant des facteurs de risque continus tels que l’usage de substances injectables ou le traitement par dialyse.
Compte-tenu de l’efficacité et des avantages remarquables des AAD, tous les patients atteints d’hépatite C devraient être traités rapidement.
Source: Clinical Infectious Diseases 11 Feb, 2022 DOI : 10.1093/cid/ciac124 Lower rates of emergency visits and hospitalizations among chronic hepatitis C patients with sustained virological response to interferon-free direct-acting antiviral therapy (2014–2018)
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