C’est une photo (ci-dessous) prise au Centre Pompidou, à Paris, par Laurence Annie Gossart et publiée sur Facebook qui m’a amené à cette courte lettre de Jonathan Edwards, un arachnophile du début du 18e siècle. Il a observé les toiles des araignées dans la nature, éclairées par les rayons du soleil et a compris comment ces fils étaient portés par l’air et permettaient à celles qui les produisaient de « voler ». Aujourd’hui, il faudrait un dispositif de prise de vues très précis pour témoigner de cette observation. D’ailleurs, Jonathan Edwards avoue ne pas avoir pu tout observer dans le détail. Cependant, ce qu’il montre est déjà riche d’applications à venir puisque ce petit livre contient quelques photos de mouvements et déplacements dans l’espace où l’observation des araignées a sans doute été très utile. L’utilité n’enlève rien à l’admiration qu’on peut éprouver devant les constructions si fragiles et pourtant si résistantes aux vents contraires.
Et je retrouve ici Francis Ponge, poète-araignée :
Sans doute le sais-je bien... (pour l'avoir quelque jour dévidé de moi-même ? Ou me l'a-t-on jadis avec les linéaments de toute science appris ?) que l'araignée secrète son fil, bave le fil de sa toile... et n'a les pattes si distantes et si distinctes – la démarche si délicate – qu'afin de pouvoir ensuite arpenter cette toile – parcourir en tous sens son ouvrage de bave sans le rompre ni s'y emmêler – tandis que toutes autres bestioles non prévenues s'y emprisonnent de plus belle par chacun de leurs gestes ou cabrioles éperdues de fuite... Mais d'abord, comment agit-elle ? Est-ce d'un bond hardi ? Ou se laissant tomber sans lâcher le fil de son discours, pour revenir plusieurs fois par divers chemins ensuite à son point de départ, sans avoir tracé, tendu une ligne que son corps n'y soit passé – n'y ait tout entier participé – à la fois filature et tissage ?