La pure démocratie

LA PURE DÉMOCRATIE

Je vous propose mon analyse de ce que pourrait être la démocratie à l’état strictement théorique, c’est-à-dire à l’état pur. Il est important de faire la distinction entre la démocratie en tant que système, et les outils qui permettent d’accomplir la démocratie elle-même. Il s’agit de deux notions strictement différentes qu’il ne faudrait certainement pas confondre.

La démocratie pure en tant que système

Concernant la démocratie, l’utilisation du terme système est déjà un mot de trop. La démocratie est en dehors de toute structure qui pourrait l’emprisonner dans une configuration définitive. Néanmoins, il faut bien la définir d’une manière qui ne la trahisse point, ou du moins n’altère pas son essence.

La démocratie serait la faculté d’un groupement de personnes de décider pleinement et sans entraves de son destin. Le mot destin, ici, est pris au sens large de son acception. Dans une démocratie pure, du moins théoriquement, cette population n’a pas besoin d’intermédiaire. Tout doit se faire de façon naturelle, comme si la démocratie fait partie de la personnalité des humains qui composent cette communauté.

Il y a chez les membres de la démocratie une dualité. Le citoyen, appelons-le ainsi, et c’est déjà antidémocratique, possède deux genres préoccupations :

– Des préoccupations personnelles, ses propres affaires, sa propre famille, sa propre ambition. En ce sens, le citoyen recherche un bien-être personnel.

– Des préoccupations de démocratie. Ici le citoyen participe à la démocratie en tant qu’intérêt orienté vers les autres.

Il y a une différence entre ma théorie et ce que propose Jean-Jacques Rousseau lorsqu’il parle de la volonté générale et de la volonté de tous. Chez Rousseau, les deux volontés sont actives, dans mes propos, tout est naturel.

Toutefois, l’individu est suffisamment averti pour que ses ambitions personnelles n’entravent nullement celles des autres personnes de sa communauté. C’est un équilibre difficile, qui demeure naturel.

La décision des citoyens est l’élément majeurs de la démocratie. À aucun moment cette décision n’obéit à l’obligation de résultat. Le mot obligation en lui-même est contre la démocratie.

Se donner comme horizon un but précis est le début de l’aliénation de l’humain. Les hommes et les femmes dans la démocratie vivent leur destin en fonction du parcours de leur existence.

Il n’y a pas, non plus, obligation de résultat compatible avec une morale donnée. En démocratie les peuples peuvent très bien décider de faire la guerre à un autre peuple. Pourtant, il est bien admis que la guerre est une mauvaise chose.

Je donne un exemple caricatural pour bien comprendre cet élément clé. On imagine une population barbare, mais qui est régie par la démocratie. Si elle prend la décision de massacrer une autre population de façon strictement injuste, on pourra dire que la décision est démocratique, mais que les conséquences sont strictement immorales ou amorales. Selon notre présente morale.

Il est très important ici de distinguer la démocratie en tant que processus où les gens décident de leur destin, et de la nature de ce destin. C’est là une composante génétique majeure d’une démocratie pure.

Il apparait donc que la démocratie à l’état pur n’a pas besoin de système, n’a pas besoin de leader, n’a pas besoin de formations politiques, n’a pas besoin de constitution. Et certainement pas d’un contrat social. Tous ces éléments dénaturent la pureté de la démocratie.

Il faut bien distinguer entre ce que je vous propose, et l’utopie. Dans l’utopie, on pense qu’il est possible d’atteindre quelque chose de parfait. Ce que je vous propose est une analyse théorique d’un concept élagué de tout ce qui gravite autour de lui sans en faire faire partie de manière intrinsèque.

Un autre élément crucial de la démocratie pure est la faculté pour les peuples de changer d’avis, de changer de direction, d’orienter leur destin comme bon leur semble.

Je ne sais si la démocratie telle que je la conçois a existé par le passé, et je ne suis pas sûr qu’elle puisse exister dans le futur. Mais, pour moi, ce serait cela la démocratie.

Les outils dans la démocratie

Les représentants

Que ce soit la constitution, ou que ce soit le système de vote, ou que ce soient des intermédiaires comme les représentants, cela constitue une grave défaillance de la démocratie. Cela pose au moins le problème suivant : puisque les humains sont dans l’incapacité par eux-mêmes de produire une démocratie pure, il faut recourir à des outils. Cette incapacité peut survenir du nombre, avec l’impossibilité de se mettre d’accord ; cela peut également provenir de la fiabilité des personnes qui œuvrent pour des orientations strictement propres. Les exemples sont multiples.

La démocratie par la représentation :

Ici, les gens choisissent des intermédiaires pour les représenter. Le principal défaut est que rien ne garantit que cette personne reste fidèle à la volonté de la population. En effet, si les gens ne sont pas capables de faire une démocratie naturelle par défaillance, cette même défaillance peut également affecter le représentant.

L’un des principaux défauts de la démocratie par représentants et qu’une fois la personne élue il est pratiquement impossible de la destituer.

Le système de vote : là encore, il signifie l’échec des humains à se mettre d’accord entre eux pour quelque chose qui peut paraître évident. Le chiffre, communément admis, est celui de 51 %. La personne devient le représentant si elle atteint ce chiffre. Ce qui voudrait dire que l’opinion des 49 ne compterait plus. Ceci pousse les élus à faire des compromis pour satisfaire ceux qui n’ont pas voté pour eux. Nous entrons dans l’esprit consensuel. Si, dans une première phase de l’histoire de cette démocratie, le représentant est dans le consensus de bonne foi, par la force des choses, cela se transforme en moyen de se faire réélire.

 Avec le temps qui passe, la fonction d’élu devient une fonction de prestige, voire d’enrichissement par des moyens directs ou indirects.

La démocratie dévoyée

 Du moment que la fonction de représentation du peuple devient un privilège, un signe de réussite, et de pouvoir, la démocratie est dévoyée à plusieurs niveaux.

– Au niveau de la communication : Le candidat sait qu’il peut ne pas être réélu et fera tout pour séduire les gens. Langue de bois, promesses qu’il ne tiendra pas, perversion des gens sinon persécutions.

La personne élue tente par tous les moyens de subordonner tous les individus qui pourraient lui créer le moindre obstacle.

 Ceci aura pour conséquence l’utilisation des médias, et de tout système de communication.

Mais la pire des choses est la dramatisation. Le candidat apprécie tellement le pouvoir que cela devient une partie de lui-même. Il est prêt à tous les extrêmes tels que créer des climats malsains pour orienter la volonté des gens vers une autre direction que vers lui. De la naissent les conflits sociaux, et les guerres.

Dans le prochain article, toujours à propos de démocratie je prends à contre-pied tout ce qui est dit pour prouver que dans l’ancien régime la monarchie du droit divin était une vraie démocratie. Du moins en avait-elle les grandes caractéristiques.

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