Pour réjouir ton cœur voici dans mes paumes
Un peu de soleil et un peu de miel,
Selon la loi des abeilles de Perséphone.
Nul ne peut détacher la barque à la dérive,
Nul n’entend l’ombre bottée de fourrure,
Nul ne peut vaincre la peur au bois de la vie.
Il ne nous reste plus que des baisers
Aussi velus que les minces abeilles
Qui meurent, à peine enfuies de leur ruche.
Dans les fourrés de la nuit elles bruissent,
La forêt du Taygète est leur patrie,
Leur pâture le temps, la mélisse et la menthe…
Prends pour réjouir ton cœur mon offrande sauvage,
Ce simple collier sec d’abeilles mortes
Qui ont su changer le miel en soleil !
1920
Ossip Mandelstam
Partager cet article Repost0Poètes D'hier
« Article précédent Article suivant »