BBC4 consacre une série d'émissions à la vie de Vladimir Poutine. Ce que j'en retiens :
Une jeunesse pauvre, dans les rues d'une URSS, qui souffre encore d'une guerre terrible. Tout enfant, il veut entrer au KGB, et lui rend visite pour savoir ce qu'il faut faire pour cela. On lui répond : des études de droit. Il étudie le droit. Entre au KGB. Y fait une carrière terne. Il est agent de liaison. C'est un besogneux. Puis la Russie s'effondre. Après un moment où il envisage d'être taxi, il est collaborateur d'un de ses anciens professeurs de droit, un libéral brillant, qui devient maire de Moscou. Mais celui-ci disparait. Survient la grande crise. Poutine, toujours homme de liaison, organise l'approvisionnement de Moscou. Il fréquente tout le monde, y compris la Mafia, et s'enrichit. Il aurait pu être oligarque. C'est sa capacité d'organisation et sa fiabilité qui le font repérer par les faiseurs de roi, qui doivent remplacer Heltsine, en fin de vie éthylique. Il devient président.
Il semble avoir pensé, initialement, que la Russie était du côté de l'Occident. La civilisation contre la barbarie : la menace islamique. La sienne était Tchétchène. Mais l'Occident lui a répondu "droits de l'homme". Lorsque les dits Tchétchènes ont pris des otages, il a tué les otages et les Tchétchènes. Ce qui est, en substance, ce que recommande les traités de négociation, mais pas les droits de l'homme. L'Occident l'a critiqué. Il s'est senti abusé.
Quant les oligarques, qui s'étaient emparés des biens de l'Etat, ont cru pouvoir faire jouer la démocratie, comme le font les milliardaires occidentaux, il leur a fait entendre qu'il ne les ennuierait pas, s'ils ne s'occupaient pas de politique. Et même qu'ils pouvaient s'enrichir honteusement, en servant sa politique. Pour leur malheur, quelques-uns ne l'ont pas compris. Peut-être aussi pour le malheur de l'économie russe.
Le peuple russe le vénère, parce qu'il lui a rendu sa fierté. Au moment de la chute de l'URSS, le pays était tombé plus bas que terre. Les experts occidentaux venaient sans cesse lui faire la leçon. Sous la présidence Poutine, le pays s'est relevé. Avec la hausse des prix du pétrole, il a même connu un moment de prospérité.
Apparemment, M.Poutine a envisagé de quitter le pouvoir, pour jouir de la vie, mais a jugé que sa mission n'était pas finie.
Conclusion ? Il se voit en de Gaulle, et c'est probablement ce qui le définit le mieux. Il a une "certaine idée de la Russie". Comme celle de De Gaulle ou de Churchill, elle semble manquer de subtilité. Pouvait-il en être autrement ? Les hommes politiques qui ont pris la succession de De Gaulle et Churchill étaient peut-être mieux adaptés à leur époque que ces derniers, mais ils ne furent guère brillants. Or, la situation russe est bien plus compliquée que celle de la France et de l'Angleterre... Le changement, ça ne se fait pas en un claquement de doigts.