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Jean-Pierre Schlunegger – Buissons de la mort

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Jean-Pierre Schlunegger – Buissons de la mortQuand je pense qu’un homme va mourir
Dans des buissons de flammes
Pour les canons en fête
Avec des cailloux secs enfoncés dans la tête
Les mains crispées sur un talus d’orties
Je le vois seul comme un enfant qui crie
Un enfant que n’écoute personne

Quand je pense qu’un homme va mourir
Avec des yeux d’enfant et des mains rouges
Avec un visage un corps des mains
Un poulpe d’angoisse au ventre et dans les reins
Le ciel se ferme et les oiseaux s’envolent

Quand je pense qu’un homme va mourir
Et qu’il se prend aux buissons de la mort
Dans les rizières embrumées
Je le vois aussi comme un bateau
Immobile un instant au sommet de la vague

Alors j’ai la tristesse du mendiant
Qui se laisse tomber au bord d’un champ
Pour aujourd’hui l’espérance est finie

***

Jean-Pierre Schlunegger (1925-1964)De l’ortie à l’étoile (Les Amis du livre, 1952)


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