"La plupart des édifices (de Paris) qui sont le principal ornement de la ville sont ou imparfaits, ou masqués : il manque au Louvre l'autre aile des galeries du côté de la rue Saint-Honoré ; il n'y a point encore de place régulière et décorée devant sa superbe façade qui a pour pendant l'église gothique de Saint-Germain-l'Auxerrois. Le portail de Saint-Sulpice est placé dans la ruelle, entre l'église et le séminaire, et il faut se tordre le col pour pouvoir porter la vue jusqu'au second rang des colonnes. L'Ecole de chirurgie est tellement bornée par la barbare église des Cordeliers que les carosses ne peuvent entrer dans la cour. Il faut deviner le portail de Saint-Gervais, un des chefs-d'oeuvre de l'architecture..."
Charles de Peyssonnel in L'antiradoteur ou le Petit philosophe moderne 1785
Edition reprise, présentée et anotée par Mario Pasa aux Editions Payot sous le titre "Petite Chronique du Ridicule. les Français ont-ils changé depuis 1782 ?" 2007
Après une longue carrière diplomatique, et notamment vingt ans au poste de consul général à Smyrne (Izmir), c’est presque en voyageur étranger que Charles de Peyssonnel (1727-1790) a redécouvert la France et Paris dans les années 1780, et c’est donc avec un œil particulièrement perçant qu’il s’est amusé à rédiger, selon les termes de son éditeur, « une critique délicate des ridicules qui nous environnent, et qui ne sont aperçus que de l’homme observateur ». Source Payot