Encore un film sur l’univers de la cuisine ! C’est vrai mais il est excellent et nous parle en fait de bien d’autres choses que d’associations de produits. Tout à l’opposé de The Chef en terme de construction.
Cathy (Audrey Lamy) rêve de diriger son propre restaurant depuis son plus jeune âge. Elle a grandi dans le même foyer que Fatou (Fatoumata Kaba). Elles sont restées amies et vivent dans la démerde, rêvant toutes les deux à bientôt quarante ans de réussir leurs vies. Cathy est encore sous la coupe d’une patronne de restaurant qui usurpe son talent. Pire, elle se retrouve contrainte d’accepter un poste de cantinière dans un foyer pour jeunes migrants dirigé par un homme (François Cluzet) qui désespère de caser ses jeunes en école d’apprentissage pour leur éviter l'expulsion.Elle y sera soutenue par une éducatrice (Chantal Neuwirth) dont la candeur et la gentillesse vont l'agacer avant d'agir comme un déclic. Cathy pourrait baisser les bras mais on va assister au contraire à un retournement de situation tout à fait attendu mais si bien joué que ce film est une tranche d’optimisme. Et ça fait du bien en ce moment particulièrement.Louis-Julien Petit a joué au poker en pariant sur l’association entre un trio d’acteurs professionnels (dans lequest Sabine) qui furent les seuls à avoir un texte précis à jouer et des jeunes migrants, interprétant en quelque sorte leur propre rôle. La mayonnaise a formidablement pris, comme on dit dans le jargon commun à la cuisine et au cinéma.
Certains jeunes sont très doués pour devenir acteur. En particulier le très jeune Yannick Kalombo : (GusGus) qui a un potentiel incroyable. Les séquences sont criantes de vérité. Il faut reconnaitre aussi qu’Audrey Lamy s’est beaucoup investie et qu’elle est parfaitement crédible, quasi naturelle, jamais vulgaire et pourtant cash, osant danser en passant la serpillière. Un vrai clown. François Cluzet est sans surprise tout à fait à l’aise et Chantal Neuwirth totalement naturelle en éducatrice bienveillante. Ce n'était pourtant pas gagné parce qu'il fallut surmonter les accidents de tournage, rupture totale du tendon d'Achille pour François, phlébite pour Audrey, sans compter les soucis de Covid.Le réalisateur revendique la « dramédie », c'est-à-dire la combinaison de la comédie avec la tragédie. Pour ce qui est de rire, on s'en donne à coeur joie. Mais l'instant d'après on se surprend à peiner à retenir nos larmes. C'est très habile.La brigade nous alerte intelligemment sur le sort des migrants, souvent obligés de se prétendre mineurs pour rester sur le sol français. Le scénario suggère des moyens d'action, certes un peu border-line mais qui méritent le respect. Il est allé encore plus loin en offrant à une association une interface qui servira de relais à des patrons/formateurs de secteurs en grande pénurie (agriculture, restauration, etc...) qui ont envie d’engager ou de former de jeunes mineurs non accompagnés. On voit apparaitre dans le film le numéro de téléphone07 49 79 49 61 qui est bien réel. On lui souhaite de réussir !La Brigade, un film de Louis-Julien Petit, en salles depuis le 23 mars 2022Scénario : Louis-Julien Petit, Liza Benguigui, Sophie Bensadoun et Thomas PujolAvec Audrey Lamy, François Cluzet, Chantal Neuwirth …