Le moment de gloire de Bégin, dans sa carrière, selon moi, le moment où il était au sommet de son art, c'était dans la Ligue Américaine, alors qu'il évoluait dans le club école des Flames de Calgary, et qu'il avait mené son club à la conquête de la Coupe Calder, en étant nommé joueur le plus utile en séries. Il se donnait tant qu'il avait la gueule en sang pour le prouver. C'était un véritable combattant. Je l'admirais beaucoup. Dans la LNH, il gardait la même éthique de travail. Se donnant toujours à 100%. Malgré un talent carré, quelques fois. Il avait le coeur gros comme l'aréna dans lequel il évoluait. Il était tout simplement symbole du mot effort.
J'avais alors demandé à mon beau-frère, pas très sérieusement, que si son frère pouvait me donner un gilet de Steve Bégin, je serais fort fier. Le beau-frère (et le frère de Steve Bégin) ont toutefois, livré. Et j'ai non seulement eu ce gilet officiel des Canadiens de Montréal, mais Bégin, Steve, l'a aussi signé à mon nom sur le devant. J'ai toujours ce gilet blanc identifié au #22 de Bégin que je porte quand je me rends aux matchs du Centre Bell. Nous avons aussi un gilet rouge, que mon fils, ma blonde ou ma fille portent, mais non identifié dans les dos ou sur les bras, à un joueur précis, quand ils m'accompagnent.
Cette année (terrible des Canadiens après avoir été une des deux meilleurs équipes des séries de l'an dernier) un voisin dans la rue vendait ses billets de saison match par match. Pour Noël j'avais l'habitude d'acheter un billet pour un match à aller voir avec mon fils. Avec le temps, ma fille a été intéressée. J'en achetais donc deux paires. Cette année, l'amoureuse en a aussi eu envie, j'en avais acheté trois paires. Ma fille est allée voir le match contre Ottawa, avec son chum, Montréal a gagné 5-1. Mon fils et moi sommes allés voir le match contre Boston, volé 3-2 en période supplémentaire, deux jours plus tard.
L'amoureuse et moi sommes allés voir le match contre les Maple Leafs de samedi dernier. Elle portait le gilet rouge, je portais le blanc, anciennement identifié à Steve Bégin, qui était autographié sur le devant à la hauteur de l'endroit où y mettrait un "C" de capitaine.
Je parle au passé car j'ai usé de ruse. Bégin ne joue plus dans la LNH depuis 9 ans. Porter son nom dans mon dos trahit légèrement mon âge et est moins actuel. Il portait le #22. Le même # qu'un tout jeune joueur des Canadiens qui fait sensation et qui sera bon longtemps: Cole Caulfield. Je donc fait découdre le nom de Bégin et l'ai fait remplacer par celui de Caulfield. L'autographe sur le devant est un tel barbeau qu'on ne peut pas distinguer la signature. J'ai trahi Bégin. On peut toutefois deviner assez clairement un S. Absent du nom de Cole Caulfield.
Karma oblige...
...au match contre Toronto, se trouvait à 20 pieds de l'amoureuse et moi... Steve Bégin. Dans les rangées plus bas, avec sa blonde.
Quand la première intermission a eu lieue, nous nous sommes dépêchés à quitter la rangée avant lui, afin de lui faire dos, montant les marches, pour qu'il ne remarque pas la dychotomie entre le nom dans le dos et son écriture sur le devant. Nous n'étions pas obligés de nous lever du tout, mais j'avais une envie pressante d'aller à la salle de bains.
Il a rigolé un peu et m'a dit: "héhéhé beau numéro...je l'ai porté fièrement moi aussi"
Nerveux, et peu habitué à des conversations les deux mains sur mon zizi j'ai répondu:
"De...je..Y a juste les vrais qui portent ce # là, t'étais mon préféré toi aussi!" réplique phénoménalement poche.
Un peu plus et je lui léchait la banane.
"Hey...c'est un gilet de mon époque en plus !"
En effet, avec les années, il y a de très légères modifications et le gilet des années 2010 et celui de cette année, sont subtilement différents. je faisait toujours face à l'urinoir donc, l'autographe restait loin de ses yeux. Et je trichais mon corps pour tenter le cacher. Toujours inspiré par absolument rien, pénis en main, j'ai répondu au maintenant chauve Steve.
"Ben kin, ben oui, c'est...oui...un beau vieux gilet...mais au bonnes couleurs...celles des Canadiens... avec le bon numéro..."
Full entertainer, Jones, répartie légendaire.
Il a rigolé pour être poli, m'a lancé le regard du "t'es intimidé par une personnalité connue mon petit païen, hein ?" a remonté sa braquette et un autre fan m'a privé d'en rajouter en le félicitant d'avoir obtenu son diplôme scolaire récemment ou je ne sais trop. Il a jasé à gauche et à droite avec ceux qui le reconnaissais. J'ai pas continué l'échange.
J'étais trop occupé à me pisser dessus.
Les Canadiens ont gagné brillamment contre les beaucoup plus forts Maple Leafs de Toronto. Toujours compter sur les Maple Leafs pour se remettre sur le sentier de la victoire.
Mais j'ai suivi tout le match, tendu pour autre chose.
Sentant le pipi.
Pipi sent celui ou celle qui trahit.
Proverbe païen.