Abandonner un chat - souvenirs de mon père, de Haruki Murakami, traduit par Hélène Morita (éd. Belfond)

C’est un souvenir d’enfance qui déclenche le récit que fait dans ce livre Haruki Murakami. Un chat que son père voulait abandonner… Né en 1917, cet homme est le deuxième fils d’une fratrie de six enfants. Mais il est né avant la guerre entre la Chine et le Japon et cette guerre a sans aucun doute eu des conséquences sur sa vie, que l’auteur qualifie de malchanceuse. J’ai lu ce petit livre, magnifiquement illustré par Emiliano Ponzi, parce qu’il révèle, à travers cette vie, des éléments d’une histoire que je ne connais pas, des usages familiaux ou sociaux que j’ignorais. Le nombre de morts dans la guerre contre la Chine, le nombre de morts dans celle qui a suivi, celle qu’on nomme « deuxième guerre mondiale », le hasard qui sauve de cette mort le père de Haruki Murakami. Ce que ce dernier ne sait pas, il ne le remplace pas ici par de la fiction parce qu’il veut s’en tenir à ce qu’il sait. Il a le sentiment, écrivant ces souvenirs, de « devenir transparent : « Si je lève ma main en l’air, j’ai l’impression de voir au travers ». Ce récit est habité par des chats qui connaissent des chemins que les humains ignorent et sont souvent plus habiles à monter qu’à descendre.