Johnnie Carwash + Mad Foxes à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 26 mars 2022

Publié le 28 mars 2022 par Concerts-Review

Johnnie Carwash + Mad Foxes à Bonjour Minuit, Saint-Brieuc, le 26 mars 2022

michel

Elle questionne: c'est quoi ton programme, ce soir ?

Un bain de jouvence rock'n'roll à Bonjour Minuit, vais en profiter pour soigner le look de la bagnole avec Johnnie Carwash et vérifier si effectivement les renards prolifèrent en ville avec Mad Foxes.

21:00, le Club: fond sonore noise et message de Monsieur Sécurité, le trio Johnnie Carwash sort de l'attique avec tout son attirail pour pratiquer un lavage complet de ton cerveau.

En provenance de Lyon, Manon Tssaheli (chant, guitare), Bastien Boudet (basse, backings) et Maxime Frain (batterie, mini clavier, backings) ont inauguré leur station de lavage automobile en 2018, ils l'ont baptisé Johnnie ( ie, ils insistent, même s' ils pensaient à feu Johnny).

Le groupe, né sur les cendres de Madly Wise, a pondu 2 EP's et, tout récemment, l'album 'Teenage Ends' encensé par la presse musicale hexagonale.

Fraîcheur pop et hargne punk cohabitent sans que le ménage ne s'abîme en vaines querelles intestines.

'I don't give a shit' ouvre les hostilités, la pétulance de ce garage rock et l'énergie déployée par le trio laissent présager un concert à la fois fun et culotté.

La high-pitched voice de la petite Manon coule de source et donne un cachet Hinds ou Frankie Cosmos ( influence revendiquée) à ce premier titre prometteur.

'Anxiety' malgré le titre alarmant est plus poppy, il précède 'Teenage Ends' qui donne son nom au premier album.

Démarrage, relativement calme, la basse donne le ton, très vite le morceau monte en cadence, Maxime frappe dur, les copains ne sont pas en reste, tandis que Manon sucre la plage de son timbre acidulé.

Un besoin pressant?

Voici ' Public toilet' qui te permet de te soulager en 69 secondes, n'oublie pas de te laver les mains.

Quoi, oui, tu peux siffloter pendant que le band balance ses oooh oooh oooh racoleurs.

'Shy', elle est timide, mais elle se soigne grâce aux sha la la's purulents du refrain.

Après ce petit rock syncopé viennent les 300 secondes plus chagrines du charmant ' Sad lovers in town'.

Avec le concis 'Francis Cosmic' tu plonges dans un bain fuzz plein de petites bulles et de mousse.

Qui a dit que le garage était sale, le NME?

Ici on est plutôt dans la mouvance américaine, celle qui est née dans les sixties avec les female groups comme Goldie & The Gingerbreads, The Daughters of Eve ou The Luv'd Ones, une époque insouciante où tous les rêves étaient permis.

On a aussi une chanson d'amour à notre répertoire: ' Forever Yours', l'amour est parfois abrasif.

Sans transition Lyon embraye sur ' U want me dead' un nouveau brûlot de moins de deux minutes, d'une efficacité plus pertinente que le vaccin anti-covid.

Insatiable, Maxime a déjà relancé la machine, les rouleaux et jets d'eau qui doivent faire reluire les chromes de ta limousine tournent à plein régime , 'Slut Skirt', sa basse galopante et son chant affriolant, rendent cette mini-jupe très attrayante.

'Napoléon' déboule, le petit clavier ajoute une touche fête foraine à ce garage punk impérial, terminé par un roulement de tambour pour éviter un Waterloo catastrophique.

Drumming survitaminé pour le plus épais ' Yeah Yeah Yeah', Bastien, désormais topless, y va d'un solo de basse servi fuzzy , ça cogne dur, du coup!

On dédie la suivante à Milou, Snoopy, Rintintin, Idéfix et Pluto, mais pas à Rex, on ne veut pas passer pour des fachos, voici ' U're a dog'.

Approchant des quatre minutes, ce morceau canin est plus élaboré, il annonce une dernière salve, 'Nothin', qui dépasse les six minutes.

Démarrage asthmatique sur fond de basse obsédante, mais tu sais que ça va cracher des flammes.

Quelques riffs cinglants présagent un orage pendant lequel coups de tonnerre et éclairs vont t'assourdir et zébrer le ciel.

L'outro noise termine un concert hautement appréciable.

Longue attente, il sera 22:45' avant de voir du mouvement sur scène, les renards sortant enfin de leur tanière sur effets sonores grinçants.

La barbe est tendance chez Mad Foxes, trois goupils en provenance de Nantes, écumant les futaies de la région et semant la pagaille dans les poulaillers depuis 2016.

Le bristol indique deux albums: 'Desert Island Wish' en 2018 et 'Ashamed' en 2021, une démo était parue en 2016 ( 5th Floor Tape).

Lucas Bonfils (guitare et chant), Elie Paquereau (batterie et chant) et Arnaud Turquier (basse) ouvrent avec le titletrack de leur dernier recueil ' Ashamed'.

Bourdonnement en bruit de fond, une voix caverneuse, merci la reverb, pour engager la plage qui très vite éclate sur des riffs ravageurs et une rythmique en béton, un post punk brut et surchauffé.

Fondu enchaîné sur le tout aussi excité 'Gender Eraser', aux vocaux scandés et hargneux, rappelant le phrasé d'un certain John Lydon, The Birthday Party, eux aussi, se traînent dans le coin.

Tandis que le groupe dénonce la malignité du male power , les riffs cinglants se succèdent, Arnaud et Elie maçonnant un mur du son inébranlable.

Troisième salve très No Future, ' Nihilism' , en bas, enfin quinze centimètres plus bas, quelques imbibés ont entamé un mosh pit viril.

Ils continueront leur gymnastique pendant toute la durée du concert ne s'arrêtant passagèrement que le temps de procéder au ravitaillement.

Je m'hydrate pendant le sport.... a dit le médecin.

'Judge Bitch Bore' est sur les rails, le truc décape tellement que les danseuses de chez Béjart créent des figures hardies au risque d'éborgner les voisins, déjà, la bière stagne sur le plancher.

Une intro doom engage 'Sights' qui petit à petit contracte des accents psyché, Lucas prenant des intonations Jim Morrison.

Un grand morceau, à la fois tourmenté et oppressant.

Non, 'Patience' n'est pas le morceau des Guns, le truc décoiffe davantage, ce qui a le don d'inspirer un acrobate, ne carburant pas à la limonade, il imagine d'effectuer des sauts périlleux dos tourné vers ses petits camarades.

Sans filet, au cirque certains se sont démolis des vertèbres en tentant ces culbutes hasardeuses.

Sur scène le trio poursuit son oeuvre dévastatrice, 'Propeller' tient de la furie furieuse, tu ne contrôles plus ton crâne qui balance à la cadence infernale imprimée par les animaux roux.

'Charlie' hypnotise avant de fulminer, ça ne va pas calmer les adeptes du close combat, l'un d'entre eux, pris d'une illumination mystique, agrippe les barres métalliques soutenant les spots pour faire ses exercices de trapèze, au risque de faire chuter les projecteurs sur nos têtes.

Spectacle total, ce soir!

'The Cheapest Friend' aborde le thème de la dépression et si t'as pas la cervelle complètement ravagée après ce titre, le plus lent 'Home' et ses sonorités acides devraient t'amener à dialoguer avec les fantômes de Syd Barrett ou de Kevin Ayers, maintenant si tu préfères, Julian Cope n'est pas encore au cimetière.

Après le cri de désespoir grunge ' Fear of Love' vient l' irritant ' Crystal Glass' reposant sur une basse saturée et chanté d'un timbre impétueux et récitatif.

'Turtles' , un titre non retrouvé dans leur discographie met un terme à un concert époustouflant.

Dans son trip, Lucas, le grand prêtre non-conformiste, vient haranguer les fidèles de plus près, résultat, il se retrouve soulevé dans les airs, mais pas en première classe, il n'y avait pas d' accortes hôtesses dans ce zinc, avant de retrouver ses complices qui fignolent un final apocalyptique pour se tirer en douce vers les loges.

Le mot de la fin revient au chanteur: vous êtes de grands malades!