Renvoi aux 22 s'est déjà élevé, avec beaucoup d'autres amateurs de rugby, contre la plaie des mêlées simulées dans le rugby professionnel (Cf. "Pour en finir avec les mêlées simulées", du 4 mars 2008).
Plutôt que de critiquer les mêlées simulées elles-même, il s'agit plutôt de montrer du doigt leur utilisation par des entraîneurs dans le seul but d'éviter le naufrage de leur pack en cours de partie.
Car en soi, la mêlée simulée est une mesure assez sensée, qui a pour objet d'éviter les blessures graves que pourraient encourir des joueurs non spécialistes des postes de 1ères lignes, tenus de remplacer les titulaires de la charge sortis sur blessure ou sanctionnés d'un carton.
C'est pour cette raison qu'il n'est pas question de revenir sur la règle elle-même : quand il n'y a plus sur le terrain assez de joueurs expérimentés de 1ère ligne, on simule les mêlées.
Afin d'éviter les abus constatés en championnat, la Fédération Française de Rugby a décidé de remettre en application la règle dite "de carence" qu'elle avait introduite en 2006, mais qui n'avait pas eu l'aval de l'IRB. Cette fois-ci, la FFR n'a pas demandé son avis à l'instance internationale. Elle l'a seulement averti de sa mise en oeuvre de la mesure... On peut se demander pourquoi l'International Board est aussi frileuse sur le sujet. Certains pourraient y voir l'influence de certaines fédérations, moins enclines que la notre à défendre la culture, voire le culte, de la mêlée. On verra bien comment l'IRB réagira cette fois ci...
Concrètement, la règle de carence comporte deux volets :
S'agissant du nombre de remplaçants sur la feuille de match, on passe de 7 à 8, avec obligation d'aligner sur le banc un joueur (au moins) de chaque poste de la première ligne. Le nombre de remplacements maximum reste fixé à 7.
En match, toute sortie sur blessure ou exclusion définitive qui entraînera l'impossibilité pour une équipe d'aligner trois "spécialistes" aux postes de piliers et talonneur, aura pour conséquence d'obliger cette équipe à sortir un coéquipier et à jouer à 14 le reste de la partie. Les mêlées seront simulées.
A priori, cette mesure ne signera pas la disparition des ersatz de mêlées mais devrait contribuer à en diminuer le nombre. Car même si une équipe peut avoir intérêt à préférer sortir un joueur plutôt que de risquer des reculades en mêlée, il est certains que les entraîneurs y réfléchiront à deux fois avant d'opter pour cette solution.
En tout les cas, il y a fort à parier qu'on verra un peu moins de piliers boîter bas ou saigner à vingt minutes de la fin des rencontres.