Pierre Quéméner
Très proche de la jeunesse, Pierre était aussi un dirigeant sportif talentueux en plus d’être bénévole. On sous-estime gravement — et on a tort — l’importance que toutes ces femmes et hommes jouent au sein de la vie associative. Il fut l’un des cadres essentiels de l’Etoile athlétique lovérienne, où il côtoya les grands noms que sont MM. Totain, Boucher, Le Targa, Lambert, sans oublier les inconnus qui, chaque année le 11 novembre, courent le Carrington, cette fête du cross country ouvrant la saison au calendrier national et accueillant des coureurs de toutes nationalités.
C’est aussi grâce à lui (et quelques autres) qu’Alain Mimoun, Michel Jazy, Michel Bernard, des gloires de l’athlétisme hexagonal, sont venues à Louviers pour affronter les coureurs locaux et régionaux. Mes amis Daniel Legrand etJacky Ricard qui avaient connu « Monsieur Quéméner » au faîte de sa gloire sportive lui ont rendu visite pendant des années à l’Ermitage, le grand âge l’ayant obligé à quitter sa maison de la rue Guy de Maupassant où il était apprécié de tous les habitants du quartier.
A la table du conseil
Elu conseiller municipal d’opposition, avec Henri Fromentin et Louis Vallée, sur une liste d’action communale aux côtés du docteur Ernest Martin, il prit tout naturellement des responsabilités exécutives en devenant adjoint au maire lorsqu’Henry Fromentin devint le premier magistrat de la ville en 1976, d’abord et en 1977 encore lors du renouvellement national des assemblées communales. Dans son poste d’adjoint il déploya toutes ses qualités. C’est lui notamment qui contribua à permettre le jumelage de Louviers avec la ville allemande de Holzwickede conscient que le déroulement dramatique de la seconde guerre mondiale ne devait pas pénaliser les générations de jeunes Français et Allemands dont on apprécie aujourd’hui la qualité des échanges autant que leur impérieuse nécessité. Le sport faisait également partie de ses attributions et il parvint à soutenir tous les clubs sportifs de la ville. L’office municipal des sports alors présidé par André Crenn, fut le théâtre de duels épiques entre tenants du sport loisir et ceux du sport de compétition. Au sein du Comité d’Action de gauche, les partisans de l’un et de l’autre s’affrontèrent, Pierre parvenant à créer le consensus et à rassurer le monde sportif.
Sur le plan humain et relationnel et sans rien renier de ses convictions d’homme de gauche, Pierre Quéméner refusait tout sectarisme. Il était direct, ouvert, un animateur né et l’un des piliers d’une municipalité qui avait fait de la démocratie directe le cœur de son programme. Pierre Quéméner y démontra l’étendue de ces certitudes : la confiance, l’écoute, le partage, la discussion d’où peut sortir une solution aux problèmes collectifs embrassant tout le champ de l’action communale. Avec le décès de Pierre, c’est bien une page de Louviers qui se tourne. Denis Lahaye, ancien adjoint de Frank Martin, a réagi à la mort de Pierre Quéméner : « il habitait sa vie et a toujours été présent pour les autres. »
Les obsèques civiles de Pierre auront lieu ce vendredi 1er avril à 12 heures au crématorium d’Evreux. Je présente à ses enfants, ses petits-enfants et toute sa famille, mes condoléances attristées.
Avec Gérard Martin, Henri Fromentin, Patrice Yung et Monique Bonnet.