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L'Affaire Alaska Sanders, de Joël Dicker

Publié le 26 mars 2022 par Francisrichard @francisrichard
L'Affaire Alaska Sanders, de Joël Dicker

La dernière personne à l'avoir vue en vie fut Lewis Jacob, le propriétaire d'une station-service1 située sur la route 21.

Elle, c'est Alaska Sanders, 22 ans, retrouvée morte le 3 avril 1999 à Mount Pleasant, New-Hampshire, par une joggeuse, Lauren Donovan, qui, terrorisée, se rend en courant à la station-service de Lewis Jacob pour y trouver de l'aide.

L'enquête est alors menée par le sergent Perry Gahalowood et le sergent Mat Vance, auxquels un troisième policier, Kazinsky, est adjoint,  parce que Gahalowood sera père incessamment sous peu et peut être appelé à tout moment.

Assez vite L'Affaire Alaska Sanders est bouclée. Tous les éléments convergent pour inculper le petit ami d'Alaska, Walter Carrey:

- une lettre anonyme, retrouvée dans la poche d'Alaska, a été éditée avec son imprimante, qui a un défaut spécifique; elle est ainsi libellée:

JE SAIS CE QUE TU AS FAIT

- un pull taché du sang de la victime portant son ADN est retrouvé à proximité dans une roulotte abandonnée;

- des débris d'un feu arrière et des traces de peinture noire, près du lieu du drame, correspondent à sa voiture, qu'il a fait réparer en urgence par un copain;

- et surtout, il est passé aux aveux dans une vidéo réalisée au commissariat et où il révèle qu'il n'a pas agi seul, accusant son ami Eric Donovan de complicité.

Onze plus tard, Marcus Goldman, l'écrivain qui a réussi à faire innocenter Harry Quebert, se morfond après que Reagan, avec laquelle il devait faire un voyage en amoureux, lui a avoué être une femme mariée et s'est finalement défilée.

Comme Quebert est introuvable depuis de longs mois, il ne lui reste plus qu'une seule personne auprès de qui s'épancher, Perry Gahalowood, avec qui il a enquêté pour innocenter Harry du meurtre de sa maîtresse Nola Kellergan.

S'étant rendu chez les Gahalowood, Marcus Goldman est amené à rouvrir avec Perry l'enquête sur la mort d'Alaska Sanders, car des zones d'ombre demeurent et la culpabilité d'Eric, le seul survivant, en prison, est incertaine.

Certes l'ADN d'Eric Donovan se trouve également sur le pull taché du sang de la victime et, chez lui, est découvert un autre exemplaire de la lettre anonyme placée dans la poche d'Alaska, mais peut-être a-t-il tout simplement été piégé.

L'enquête que Perry et Marcus mènent est semée d'embûches et rebondit souvent parce qu'onze ans se sont écoulés, que les témoins mentent, volontairement ou non, ce qui empêche longtemps de connaître la vérité sur le meurtre d'Alaska.

Comme cette enquête fourmille de détails, l'auteur se montre bienveillant avec le lecteur et ménage sa mémoire; des piqûres de rappel, bien opportunes, lui évitent ainsi de faire continuellement des retours dans les chapitres précédents.

Marcus Goldman a de sérieux points communs avec Joël Dicker. Comme lui, il a eu du succès avec son roman La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert et s'apprête à en écrire un autre sur ses cousins qu'il intitulera Le Livre des Baltimore.

Cela ne signifie pas qu'il puisse dire: Marcus, c'est moi, à l'instar du mot prêté à Gustave Flaubert: Madame Bovary, c'est moi. Cependant, ce dernier livre revient sur un thème qui est cher à son personnage (et à lui-même?): pourquoi écrire?

Ce pourquoi n'est-il pas la réparation des autres qui le meut lui le vagabond magnifique de la littérature, et peut-être aussi son créateur? Dicker, aurait-t-il, comme Goldman, quelque chose à se pardonner? Mais cela ne regarde pas le lecteur...

Ce qui le regarde, c'est que Goldman cherchera enfin à se poser et à se consacrer à l'écriture en se trouvant une maison d'écrivain, suivant le conseil de son mentor, et que Dicker a créé sa propre maison d'édition après la disparition du sien:

C'est parce que je suis convaincu du pouvoir de la littérature que j'ai eu envie de créer ma propre maison d'édition, autour des lecteurs, autour de la lecture, autour de l'écriture. Une maison dont la devise est simple: faire lire et écrire.

Francis Richard

1 - Une station-service qui doit ressembler à celle du tableau d'Edward Hopper qui illustre la couverture.

L'Affaire Alaska Sanders, Joël Dicker, 576 pages, Rosie & Wolfe

Livres précédents:

Les derniers jours de nos pères (2012)

La Vérité sur l'Affaire Harry Quebert (2012)

Le Livre des Baltimore (2015)

La Disparition de Stephanie Mailer (2018)

Le Tigre (2019)

L'Énigme de la Chambre 622 (2020)


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