Mezkal, la BD d'une histoire multidirectionnelle
Titre : Mezkal
Auteur : Kevan Stevens (scénario), Jef (dessins),
Editeur : Soleil
Collection : Hors Collection
Année : 2022
Page : 188
Résumé d'une aventure hallucinée:
Un cauchemar, non plutôt un mauvais rêve, une rue avec des prostituées, des marins ivres, des drogués, pour arriver à un bar, le Mezkal. Là, un guitariste au visage qu'on ne perçoit pas, des gens louches, des cordes de guitare, une chute... et Vananka se réveille. La journée commence. Le jeune homme vit avec sa mère depuis que son père a levé le camp, alors qu'il était enfant. La routine lui déplaît fortement. mais un bouleversement inattendu va changer sa vie et le plonger sur la route, avec sa guitare en bandoulière. Sa destination ? Peu importe finalement. Enfin, en attendant, ce sera le Mexique.
Scénario d'un périple déjanté:
Vananka est sur la route et son arrivée au Mexique démarre sous de bons auspices. Recueilli dans une ferme tenue par un vieil homme sympathique, un enfant aveugle légèrement habité de visions et... une belle jeune femme. Mais c'est aussi là que tous les problèmes vont commencer. La belle jeune femme a un cousin, Felipe, qui travaille dans le trafic de drogue. Bien sûr, Felipe n'aime pas que Vananka tourne autour de sa cousine, et il veut le débaucher pour faire le chauffeur de camions chargés de drogues. Tout va s'enchaîner très vite pour Vananka: la route, la DEA, les Hell's Angels, le shaman, les numéros de cirque, le soldat champion de MMA, les hallucinations, les coups de feu et la drogue, bien sûr.
Kevan Stevens nous entraîne dans ce récit qui ne cesse jamais d'avancer. Vananka, quand les choses s'accélèrent, n'a pas une minute de repos. Et le lecteur non plus. On s'attend à ce que les événements évoluent dans un certain sens, mais Kevan Stevens ne cesse de nous prendre au dépourvu en jouant sur les codes de ce genre.
Et c'est avec plaisir que l'on tourne les pages pour profiter de cette galerie de personnages tous plus hauts en couleurs, étranges, dangereux, les uns que les autres.
On se demande quel est le moteur de Vananka. L'amour ? La curiosité ? Le dépit ? En fait, il y a quelque chose de sous-jacent, de caché, une quête intérieure qui semble le mener toujours précisément là où il finit.Une quête qui trouvera peut-être son aboutissement grâce au jeune garçon aveugle, Mateo.
En attendant, Vananka va découvrir toutes les facettes du désert mexicain et du trafic des cartels...
Le dessin qui dépote:
Au même titre que le scénario, le dessin pousse les manettes à fond. Jef n'est pas en reste, il alterne des personnages aux têtes semi-réalistes avec des énormes caricatures. Les expressions des visages sont parfois simples, et parfois déformées par les sentiments. On oscille en permanence entre le tragique et le rire.
Les décors posés tirent, eux, vers un réaliste marqué, les camions, les bâtisses ou les villas, Tout est vraisemblable et nous garde dans le récit. Les couleurs éclatantes qui hantent les pages de cette BD rehaussent encore la bizarrerie des situations, et se justifient pleinement quand on arrive aux hallucinations et aux cauchemars.
D'ailleurs, ces planches là se découpent de manière originale, créant un tourbillon, des enchaînements inattendus de cases. On retrouve cette dynamique dans certaines scènes. A d'autres moments, La composition aime se reposer sur un dessin pleine page dont une partie, le ciel, ou le sol, est couvert de quelques cases pour former la planche. Les cases aux contours parfois coupés, qui semblent inclinées, annoncent souvent une surprise, l'inattendu, le gag.
Conclusion d'une BD qui part dans tous les sens sans jamais perdre son fil:
Mezkal se lit quasiment d'une traite. Et c'est un plaisir de suivre Vananka dans sa quête insensée jusqu'à la dernière case.
Zéda croise Vananka.