Tsingy de Bemaraha : les Grands Tsingy et l’Allée des Baobabs

Publié le 08 août 2008 par Argancel

En janvier dernier, vous avez pu découvrir la première partie du récit de mon voyage aux Tsingy de Bemaraha dans l’article suivant : Tsingy de Bemaraha : la descente de la Tsiribihina. Il était donc grand temps que je publie la suite, tandis que je me prépare déjà à émigrer à l’Ile Maurice.

Lors de la première partie, nous nous étions arrêtés au village de Belo sur Tsiribihina, qui est la ville qu’on atteint à la fin de la descente du fleuve Tsiribihina.

Comme on peut le voir sur la carte, nous sommes maintenant très proche des Tsingy. La suite du voyage consiste à rejoindre Bekopaka en 4×4. C’est un petit village en bordure du massif des Tsingy. On rebroussera ensuite chemin pour parcourir la route de Morondava qui est bordée de nombreux baobabs, surtout sur une portion de route qu’on appelle l’Allée des Baobabs. Après Morondava, il sera temps de rejoindre la capitale Antananarivo en passant par la ville d’Antsirabe.



Nous traversons donc tout d’abord la Tsiribihina. Et nous débarquons du bac à Belo-sur-Tsiribihina.

On attaque ensuite une piste de 70 kms, soit à peu près 4h en 4×4 jusqu’à Bekopaka, un village à l’entrée des Tsingy de Bemaraha.

Au bout de la piste, la rivière Manambola nous sépare de Bekopaka. Nous devons donc reprendre un bac. Il y a quelques crocodiles qu’on ne verra pas, il faut dire que la zone est très fréquentée en cette période touristique.

A Bekopaka, nous sommes hébergés dans un bungalow au relais des Tsingy, c’est un complexe tout récent.

Je ne vous conseille pas leur cuisine mais la vue est superbe :

Nous y croisons un élégant gecko, c’est une espèce de lézard.

Le lendemain, la visite commence par les gorges de la Manambola, qui font 80m de hauteur. On peut y observer quelques tombeaux Vazimba cachés dans les falaises. Les Vazimba furent les premiers habitants des lieux.

Nous nous arrêtons dans quelques petites grottes où l’on peut admirer des stalactites et stalagmites.

La visite des Tsingy proprement dite se fera l’après midi.

Dans la forêt primaire qui les borde, nous découvrons de sympatiques sifakas (ce qui veut dire lémurien en malgache). Celui-ci est de l’espèce “propithèque de verreaux”.

Certains arbres sont étouffés par des lianes parasites impressionnantes par leur taille.

Arrivés au bord du massif des Tsingy, nous commençons à les escalader à l’aide de baudriers et de cordes et grâce à des échelles. Ca a l’air impressionnant comme ça mais le circuit est à la portée de tout le monde.

Les Tsingy de Bamaraha sont le plus grand site protégé de l’île, soit 157.000 ha regroupant le parc national (celui-là) et une réserve naturelle intégrale plus au nord.

Ici nous approchons de l’un des sommet, aménagé en belvédère.

Les Tsingy sont des églises naturelles aux clochers de Karst, classées par l’UNESCO. Ce sont des formations karstiques en forme d’aiguilles. Absolument spectaculaires!

Bon voyons, comment dit-on “se suicider” en malgache. Ah d’accord : Mamoha fo

Il y a 200 millions d’années le plateau du Bemaraha était entièrement recouvert par la mer.

Les coquillages et les coraux morts se soudèrent entre eux lentement, formant des couches successives pendant plusieurs dizaines de milliers d’années. On trouve ainsi des coquillages alors qu’on est à 100km de la mer!

Par la suite, une plaque gigantesque commence à émerger. Le calcaire sèche et se fissure, provoquant la création de canyones et de dioclases (cassures).

Enfin, il y a 5 millions d’années, un autre type d’érosion vient parachever le tableau : celle de la pluie.

Légèrement acide, celle-ci ruisselle le long de la roche, ronge le calcaire et crée les fameux lapiez, ces arêtes acérées de couleur grise appelées Tsingy (pointu ou tranchant) en malgache.

On ne se lasse pas de les admirer.

Par endroit, la végétation arrive à s’implanter, comme ici avec ce magnifique arbre Vazaha (c’est le nom malgache pour les étrangers européens). Il est comme nous : il pèle!

Et par ci par là apparaissent quelques cactus.

Tandis qu’on se promène au sommet des pics de calcaire, un pont de singe apparaît et permet d’admirer un profond canyon.

Puis après avoir profité du paysage grandiose de ces roches à perte de vue, il est déjà temps de repartir à travers les profondeurs du massif.

De dessous, les Tsingy forment d’énormes salles au plafond élevé, tandis que les quelques arbustes qui y poussent font figure de plantes d’appartement.

A la lisière du massif, on croise un des arbres icônes du site. Pourquoi pousser droit quand on peut faire quelques loopings?


Suite à cette visite des Tsingy de Bemaraha, nous traversons à nouveau la rivière Manambola pour rejoindre Belo sur Tsiribihina.

Et nous quittons Belo pour Morondava.

A 18km avant Morondava, nous nous arrêtons enfin sur l’allée des Baobabs.

L’allée des baobabs est le rassemblement de baobabs le plus spectaculaire de la grande île. Une vingtaine de ces géants pluri-centenaires du monde végétal dressent en effet la silouhette magistrale de leurs troncs énormes, que finit une frondaison quasi-atrophiée, de part et d’autre de la piste sableuse.

Le baobab est le roi des végétaux. Gigantesque arbre au tronc épais, aux gros fruits en forme de gourde et aux branches quasi-atrophiées, semblables à des racines poussant vers le ciel.

Difficile de se comparer à eux…

On dénombre à Madagascar 6 des 8 espèces de baobabs de la planète.

Le baobab connait une multitude d’usages, bien que sa solidité empêche les habitants de l’abattre. Ses feuilles et ses fruits se consomment bouillis, son écorce sert à fabriquer des cordes et des vêtements et à bâtir des maisons. Sa sève est utilisée pour confectionner du papier.

Son tronc, véritable réservoir, peut contenir des milliers de litres d’eau. Certains spécimènes dépasseraients les 1000 ans d’âge.

Le coucher du soleil est le clou du spectacle, projetant de grandes ombres dans le ciel.

Arrivée à Morondava : au coeur du territoire sakalava. La capitale de la région du Menabe bénéficie chaque année de 10 mois de chaleur sèche, tempérée par la brise marine. C’est une petite ville aux rues de sable.

Nous séjournons dans un petit bungalow qui donne sur l’océan. Il faut s’habituer au bruit des vagues dans la nuit.

On constate que l’océan érode inexorablement le littoral sablonneux de Morondava, au bord du canal du Mozambique.

Allez, on se fait une petite visite de la mangrove?

La mangrove est une forêt inondée parcourue par un mélange d’eau douce et d’eau salée. Les racines des arbres dépassent de la terre et abritent les poissons. C’est un milieu foisonnant de vie.

Et les caméléons sont de la partie :

Nous accostons de l’autre côté de la rivière, non loin d’un village de pêcheurs de l’ethnie des Vezos.

Quelques enfants du village de pêcheur. La moitié de la population malgache (18 millions d’habitants) a moins de 20 ans. Espérance de vie : 55 ans pour les hommes, 58 ans pour les femmes.

Les malgaches descendent essentiellement des malais et d’indonésiens arrivés il y a 1500 à 2000 ans.

Le village ne manquera pas de noix de coco!

Nous quittons enfin Morondava.

A partir de là, on prend une route où le bitume est parti, par plaques entières et la chaleur est accablante. Jusqu’à Miandrivazo, ce sera la galère avec cette route abîmée.

Alors que nous faisons halte pour cause de problème technique, la population très accueillante de Madagascar viens nous tenir compagnie. Les habitants sont toujours fiers de poser pour la photo et s’émerveillent en voyant l’aperçu sur l’écran numérique.

Antsirabe : c’est un peu la capitale de l’artisanat malgache, une bonne occasion de visiter les petites entreprises familiales qui se sont créées.

Ici, une broderie, où le dessinateur vient se donner en spectacle. Il dessine des scènes de la vie quotidienne sur des nappes.

Les couturières n’ont plus qu’à broder les motifs.

Une mamie adorable est là pour nous amadouer. Elle nous vends les produits de l’entreprise. Notez que les personnes âgées à Madagascar sont souvent très douées en français.

Nous terminons le périple par la visite de tailleurs de cornes de zébu, qui nous font une petite démonstration :

On doit d’abord retirer l’os de la corne.

Puis on la chauffe.

Ce qui permet de rendre la corne flexible.

Et on la taille petit à petit avant de la polir pour lui donner sa forme finale.

J’espère que vous aurez apprécié cette promenade à l’Ouest de ce merveilleux pays qu’est Madagascar.
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Tags: allée des baobabs, aventure, Bekopaka, belo, caméléon, lémurien, Madagascar, morondava, récit, sifaka, tsingy de bemaraha, tsiribihina, voyage
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