Pour l’essentiel
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Dans la chronique d’aujourd’hui, je voudrais souligner, une fois de plus, l’incompétence des intellectuels européens. Ici, il est question de l’effondrement du mur de Berlin et de l’interprétation superficielle que l’on a pu faire de cet événement. Manquant, de cette manière, l’essentiel.
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Lorsque le mur de Berlin s’est effondré, tous les intellectuels on sabré le champagne : la civilisation communiste s’est écroulée ; vive le modèle occidental. Tous ces intellectuels, dans un mouvement d’inconscience collective, ont cru, fermement, que la Russie rejoindrait la civilisation occidentale ; en faire partie ; adopter son modèle démocratique.
Obnubilés par leurs propres narcissismes, ces intellectuels n’ont pas compris que le communisme n’a jamais constitué une civilisation.
Le communisme est né dans l’l’euphorie du XIXe siècle avec la naissance du marxisme qui présageait que, finalement, le mode de production capitaliste allait disparaître pour être remplacé par ce modèle parfait qui est le communisme. En même temps, s’achevait, définitivement, le cycle de l’histoire. Puisque, le communisme constituait l’ultime étape de l’évolution historique humaine.
Le communisme qui s’était installé en 1917 en Russie était tout, sauf une civilisation. C’était une réponse au capitalisme, et à la révolution industrielle du XIXe siècle. En réalité, le communisme était une idéologie socialiste qui s’opposait à une autre idéologie libérale. Ni le libéralisme ni le socialisme ne constituent en eux-mêmes des civilisations. Ce sont, uniquement, des modèles économiques et idéologiques.
Après s’être installé en Russie, le communisme s’est propagé soit par conviction, soit par la force dans les pays avoisinants. Le communisme et son exaltation accompagnée du rêve d’un monde meilleur, se sont répandus dans tous les continents.
Ainsi, a-t-on vu émerger des courants marxistes, léninistes, trotskistes, staliniste dans beaucoup de pays d’Amérique latine, et même en Europe. Ce qui ne fait, certainement pas, de ces courants, une civilisation, mais des orientations de pensée.
On le sait parfaitement, les idéologies finissent par disparaître. Lorsque certains pays de l’ancienne URSS ont compris que le communisme n’était pas leur voie originelle, ils ont voulu s’en écarter. Le régime de Staline, par la suite de Khrouchtchev, de Brejnev les ont en empêché par la force des militaires. Ce sont des événements historiques qui nous sont bien connus. Quelque chose qui est maintenue par la force, ne constituera jamais une civilisation.
Lorsque l’URSS s’est effondrée pour des raisons particulières, et malgré l’avènement de Gorbatchev et de ses réformes, la Russie n’a pas rejoint ce qu’on appelait le monde libre. Elle est redevenue ce qu’elle était avant l’avènement du communisme.
On peut dire que le communisme n’était qu’une apparence qui cachait la véritable nature de la Russie. Pays qui est opposé viscéralement à une grande partie de l’occident. Ceci s’explique, en partie, par les invasions dont il fut l’objet : celle de Napoléon, puis celle d’Hitler. À chacune de ses invasions, le peuple russe paye un lourd tribut, tant économique qu’humain. Cela ne s’oublie jamais.
L’autre raison de l’aversion de la Russie envers le reste de l’Europe est le fait de l’Église orthodoxe. Rappelons-le, il s’est produit un schisme tragique entre l’Église orthodoxe et l’église catholique de Rome. Devrais-je rappeler que l’Église orthodoxe a prononcé l’excommunication du pape de Rome. Celle-ci a duré des siècles pour ne prendre fin qu’en 1965. La réconciliation entre ces deux pôles chrétiens n’est pas près de se faire. D’autant que certains ecclésiastiques de l’Église orthodoxe russe ne sont pas partisans de cette réconciliation et reconduisent l’excommunication.
On peut dire que, du temps du communisme et de la guerre froide, c’était une rivalité basée sur les idéologies économiques avec une composante humaine ; mais, après l’effondrement du mur de Berlin, et avec l’éparpillement de l’ancienne Union soviétique, cela s’est transformé en choc frontal de civilisation.
Les Russes veulent à tout prix éviter leur contamination par les valeurs occidentales qu’ils estiment décadentes. Poutine ne l’a jamais caché, l’Église orthodoxe pareillement.
Ce que l’on peut dire, c’est que le communisme n’avait fait qu’occulter un problème essentiel, c’est-à-dire, l’incompatibilité entre Est et Ouest.
Lorsque le mur de Berlin s’est effondré, il ne fallait pas en conclure que les divergences entre la Russie et le reste de l’Europe étaient enterrées. Au contraire, il fallait s’attendre à ce qu’elles resurgissent. Et elles ont resurgi. Et bien que Mstislav Rostropovitch jouât du violoncelle sous les vestiges de ce mur, cela ne changea rien à l’affaire.
La guerre de l’Ukraine actuelle comporte en elle une dynamique de préservation de civilisation. Du moins, selon les Russes.
Pour conclure :
Si les intellectuels occidentaux avaient un tant soit peu de compétence, ils auraient compris toutes les dissemblances profondes entre le peuple russe et les autres pays européens. Ils auraient, alors, orienté leurs efforts de réflexion, s’ils sont capables de le faire, vers la compréhension de ce peuple. Il s’agissait là d’une étape essentielle qu’ils ont malheureusement complètement ratée.
Passé ce stade, entreprendre des efforts de paix basés sur un respect mutuel. Cet effort aurait eu pour conséquence un rapprochement du peuple européen avec le peuple russe, avec, dans un premier temps, un partenariat très étroit ; ensuite, dans une seconde phase, l’intégrer, pourquoi pas, à l’Union européenne. L’Europe aurait connu, alors, une puissance et une prospérité sans égales.
Au contraire, les intellectuels ont montré une arrogance et un mépris sans limites envers ce pays. Au lieu de la paix, nous assistons à ce gâchis humain que nous déplorons tous, qui est la guerre d’Ukraine.
Mes pensées vont, en premier lieu, vers la souffrance du peuple ukrainien, et j’espère que la paix et la raison l’emporteront sur toutes autres considérations. Cela étant, il faudrait revoir les erreurs du passé pour que pareil désastre ne se répète plus jamais.
© abdesselam bougedrawi
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