Voilà un disque que j'écoute depuis de nombreuses semaines, magie de l'internet et de la fuite de plus en plus fréquente du matériel des maisons de disques. Il fallait sans doute ça pour apprécier ce nouvel album des Canadiens de Destroyer à sa juste valeur. Car, comme chacune de leur production, elle ne se laisse pas apprivoiser si facilement. "Labyrinthitis" poursuit le chemin emprunté par les précédents disques, on y retrouve un peu tout ce qui fait le style de Destroyer depuis la révolution "Kaputt", album charnière, qui les a vus basculer dans une musique plus éthérée, étirée, planante, easy listening. Il y a ici des bribes de New Order, des Pet Shop Boys de "Behaviour", des références eighties mais avec un son plus moderne qui permet d'éviter le kitsch. Il y a des choses directes, évidentes, comme les irrésistibles "All My Pretty Dresses" ou "It Takes a Thief" mais ce sont les plus déviants et plus longs en bouche "Tintoretto it's for you" et "Drink the Bread, eat the wine" qui ont été choisis pour singles, car Dan Bejar aime rien tant qu'à inviter l'auditeur à faire l'effort de rentrer dans son univers. Surtout ne pas lui donner trop aisément. Bref, vous l'aurez compris, ce "Labyrinthitis" aussi beau que sa pochette, ressemble au disque le plus abouti de son auteur. Preuve qu'après plus de vingt ans de carrière, certains continuent encore et encore d'avancer, de peaufiner, d'aller à l'essentiel. Déjà en bonne place pour le palmarès 2022...