Je ne peux vivre sans ressentir la présence toujours
D’une étincelle de feu clair.
Mon cœur préfère errer éternellement
Que se rafraîchir dans le courant du jour.
Je cherche l’amour aux ultimes confins
Et brûle de me dissoudre enfin,
Quand bien même tous les appuis me lâchent,
Me jouant aux mains du Malin.
Je me tiens rayonnante devant les plus profonds abîmes,
afin de connaître leur sens ultime
Et il m’est permis aux heures magiques
D’aller à l’origine, au fond des énigmes.
***
Ingeborg Bachmann (1926-1973) – Toute personne qui tombe a des ailes (Poésie/Gallimard, 2015) – Traduit de l’allemand (Autriche) par Françoise Rétif.