Je crois qu'on entre dans la véritable intimité le jour où l'on connait assez l'odeur de l'autre pour l'avoir en mémoire quand il n'est pas là...
On reconnait bien des visages, bien des voix. On cherche plus ou moins lontemps avant de reconnaître quelqu'un que l'on connait plus ou moins bien. Il y a aussi les personnes qu'on a pas besoin de
reconnaître, l'évidence est là toute seule.
Mais combien de personnes reconnait-on à son odeur ?
Oui je parle bien d'odeur, sans vouloir déguiser le mot en senteur ou en parfum !
Je gage qu'il n'y en a qu'une seule, celui ou celle qui partage nos nuits, celui qui est comme encore là quand on ferme les yeux dans le
T-shirt abandonné en chiffon sur le drap.
Le trop comme le pas assez nous font passer dans l'anonymat de la foule. Les odeurs de pas assez propre ne portent plus que l'odeur de notre espèce.
Et les parfums sont un masque attirant avant de le soulever peut-être. Leur diversité nous le fait oublier, mais nous pouvons croiser un parfum un jour, tout autant qu'une robe qu'on remarque
parce qu'elle est aussi dans notre penderie. Un parfum d'ex peut nous ramener en arrière avec un petit malaise, ou une certaine nostalgie, mais l'image sera fugitive.
Un amour chasse les odeurs du passé définitivement. Une seule prend toute la place, vous êtes juste dans votre respiration, ralentie et toute douce.
Vous vous rappelez quand le visage approche la chaleur de sa peau. Pas d'image, pas même de son, voyage dans le souvenir du bien-être.