Les photographies d’Alec Soth puisent leurs racines dans la tradition de Walker Evans, Robert Frank et Stephen Shore. Sa représentation du quotidien fait apparaître la complexité d’une société américaine construite sur des idéaux d’indépendance, de liberté, de spiritualité, et d’individualisme. Son nouvel ouvrage intitulé A Pound of Pictures, publié par les éditions britanniques Mack, est une célébration du flux de conscience du médium photographique, réunissant une nouvelle série inédite d’œuvres réalisées entre 2018 et 2021. Grand collectionneur de clichés de particuliers qu’il acquiert dans des brocantes ou sur eBay, le photographe explique: “Je rassemblais ces objets, je les regardais simplement et je réfléchissais à ce médium. Sur ce que cela signifie d’être un photographe, et sur les différentes façons dont les photographies vivent dans le monde.” Dépeignant un éventail de sujets très varié – statues bouddhistes, ornithologues ou de chercheurs de soleil, bustes d’Abe Lincoln – ce livre réfléchit au désir photographique d’épingler et de cristalliser le vécu et les expériences, en particulier lorsqu’ils sont représentés par des images imprimées. Dans cette séquence éclectique, on retrouve les présences récurrentes de l’iconographie, des souvenirs et des mémoires, et des créateurs d’images qui nous entourent au quotidien. Les photographies de Soth sont suivies de ses propres notes et réflexions dans une longue postface, formant ainsi un voyage sinueux et ruminatif. “Si les photos de ce livre parlent d’autre chose que de leurs surfaces chatoyantes, écrit-il, elles parlent du processus de leur propre création. Il s’agit de pénétrer dans un monde extatiquement spécifique et de créer un lien entre l’éphémère (la lumière, le temps) et le physique (les yeux, le film)”. Le livre de 156 pages, contenant cinq reproductions aléatoires de photographies vernaculaires insérées au hasard des pages, est maintenant disponible sur la boutique en ligne des éditions Mack.