JO : le perdant-perdant de Nicolas Sarkozy

Publié le 08 août 2008 par Hmoreigne

Nicolas Sarkozy assistera finalement à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. A trop avoir voulu ménager la chèvre et le chou, le président français enregistre un revers de taille. Au poker diplomatique il faut avoir des atouts dans sa manche ou des nerfs solides. Nicolas Sarkozy n’a ni l’un ni l’autre. La France se voit remise à sa place. Une puissance moyenne tolérée dans la cour des grands mais dont les fanfaronnades et coups de menton de son président n’impressionnent personne. 

Pékin express. Une dizaine d’heures au mieux sur place pour 36 heures de voyage. Nicolas Sarkozy a cédé aux sirènes prochinoises, aux craintes des milieux financiers et économiques français très inquiets de se voir mis au ban d’un marché très prometteur mais aussi, d’une poignée de politiques, à l’image de Jean-Pierre Raffarin, défenseurs de l’amitié sino-française.  

L’ancien Premier ministre a défendu jeudi la décision du président de la République de ne pas recevoir le Dalaï Lama, estimant qu’en agissant ainsi « Nicolas Sarkozy s’affirme comme un homme d’Etat qui pense à long terme ». « Nicolas Sarkozy va rencontrer le président Hu Jintao, il va rencontrer le Premier ministre Wen Jiabao. En tête à tête, il dira ce que sont les valeurs de la France et les perspectives que nous attendons du gouvernement chinois en matière de droits de l’Homme ».  Sans crainte du ridicule, le vice-président de l’UMP a poursuivi en affirmant  que « Nicolas Sarkozy est dans la tradition du général de Gaulle et de Jacques Chirac car il est dans la lignée des grands présidents de la République française qui ont tous respecté cette vieille civilisation chinoise ».  « Je suis pour l’ouverture, pour le commerce, pour le tourisme » a déclaré sous forme d’aveux le Sénateur de la Vienne candidat déclaré pour la présidence de la Chambre Haute.  

C’est toute la question de la symbolique politique qui est posée. Comme le relève avec pertinence Daniel Cohn-Bendit, l’important est de savoir comment nous nous positionnons par rapport à ce qui se passe en Chine.

L’Eurodéputé a rappelé qu’il ne demandait pas le boycottage des Jeux mais, de la cérémonie d’ouverture : « la cérémonie d’ouverture, c’est le pouvoir chinois qui se met en scène. La cérémonie d’ouverture, c’est un acte politique ». Très critique à l’égard du Chef de l’Etat Français, Daniel Cohn-Bendit qui s’est vu refuser un visa pour venir en Chine a déclaré sur France Inter que « si on avait adopté la stratégie de Sarkozy, il n’y aurait rien eu ».

Quand on lui rétorque le principal argument de la diplomatie française c’est que Nicolas Sarkozy aura l’occasion de s’entretenir en tête à tête avec le président chinois Hu Jintao et son premier ministre, offrant ainsi la possibilité d’évoquer les questions qui fâchent,  l’ancien leader de mai 68 rétorque que « ça ne sert à rien ». 

Et ce ne sont pas les premières déclarations sur place du Président Français arrivé sur place qui vont éteindre la polémique. Dans une argumentation creuse et élimée, Nicolas Sarkozy visiblement fatigué par son voyage, s’est borné à rappeler que « l’olympisme n’a de sens que si tous les pays du monde peuvent participer », qu’on ne boycotte pas un quart de l’humanité et que les Jeux sont « l’occasion d’accompagner la Chine vers l’ouverture, le progrès … ».

La valse-hésitation française est caricaturale. Sensible au mouvement de protestation qui avait entouré le passage de la flamme olympique à Paris le président de la République proclamait haut et fort le 10 juillet au parlement de Strasbourg « Ce n’est pas à la Chine de fixer mon agenda et mes rendez-vous ». Cette affirmation faisait  suite à la demande de l’ambassadeur de Chine de ne pas rencontrer le dalaï-lama présent en France du 11 au 23 août.

Mercredi soir pourtant, il passait un coup de téléphone à Daniel Cohn-Bendit avec lequel il avait croisé le fer au parlement européen pour lui indiquer que son renoncement à rencontrer le chef spirituel Tibétain était en fait «une stratégie négociée» afin de «ne pas provoquer les Chinois pendant les Jeux olympiques» et qu’en attendant c’est son épouse, Carla Bruni-Sarkozy qui s’entretiendra avec le dignitaire bouddhiste. 

Le positionnement français est à apprécier à l’aune de l’attitude adoptée par les autres capitales. Or les autres chefs d’Etat ou de gouvernement  Merkel, Brown ou Bush ont fait le choix inverse de rencontrer l’exilé tibétain. Et de le faire savoir.