Elle. Elle fait partie des artistes les plus intrigants et les plus enthousiasmants de sa génération. Sally, Marion, double sont ses qualifications et ses blasons. Elle défie la pop ou la variété avec finesse et adresse, chamboule notre audition et notre imaginaire avec sa voix si singulière et ses visuels qui sortent du lot. Pour notre plus grand plaisir, pour notre émerveillement, pour notre éveillement je dirais même, Sally nous sort d'une torpeur dans laquelle on patauge depuis trop longtemps. Elle est de ceux et celles qui rafraîchissent la chanson française et qui la remettent au goût du jour. Elle travaille assez pour la réinventer et s'applique tout autant pour lui rester fidèle, tout en honorant ses propres codes et critères personnels, qui rendent sa musique unique et particulière, impactante et pleine de sens.
Elle puise dans son énergie, les épreuves qu'elle traverse, les vérités auxquelles elle doit faire face. Si elle ne se livre pas sur sa santé mentale ou sa vie personnelle dans les médias, elle le fait presque naturellement dans ses textes qu'elle met en musique. C'est son exutoire. Son territoire, qu'elle ne cesse de conquérir. Mieux se connaître, avoir conscience de ses limites mais également de ses capacités, de ses dons, de ses domaines d'expertise, c'est mieux déterminer les contours de sa créativité, c'est la contrôler, la maîtriser, c'est avoir une emprise sur ce qu'on parvient à sortir de nous même. Et c'est ce que notre chère Sally s'efforce de faire, en s'acharnant, et en ne lâchant jamais la corde qui la relie à ce qu'elle à toujours voulu devenir : chanteuse.
Ayant grandi à l'écart du milieu qu'elle convoitait tant, ce n'était pas gagné. Mais notamment grâce à Lord Esperanza, c'est arrivé, elle a les pieds dedans. La tête aussi, et elle ne compte rien céder. Elle se cherche, elle se trouve, se perd puis repart de plus belle pour définir cette artiste, cette femme qu'elle raconte à travers ses râles de mots assemblés et de mélodies, qui se confondent chaque fois entre bonheur et malheur, à l'image de la vie et de son tumulte, une musique aussi explosive et branlante qu'amère et puissante.
Aujourd'hui Sally se confie sur les coulisses de son atelier, de son métier et en profite pour parler de ses projets passés et pour celui à venir très prochainement : son tout premier album ! Découvrez une jeune femme véritable et sensible, qui batit son rêve à grands coups de massue, venant percuter sans retenue nos émotions les plus enfouies.
- Tu confiais récemment sur un post Instagram avoir peur de sortir ton premier album et douter de sa pertinence. Aujourd'hui est sorti "Partout où je vais", son premier single promotionnel. Comment te sens tu maintenant que cette étape est franchie ?
- Tu annonces cet album comme une nouvelle ère, qu'est-ce que tu veux dire par là ? Quelles en sont les caractéristiques ?
- Pourtant les textes de Pyaar sont forts et personnels ...
- Ton univers est multiculturel, très défini, précis, et ton image est pointue que ce soit dans les costumes, les maquillages, les mises en scène, tes clips. Es-tu exclusivement à l'origine de ce style ?
Le single "Quand Je Veux Je Peux" est un entre-deux. Il casse progressivement le style traditionnel de Sally pour l'introduire dans le monde complètement neuf visuellement de "Tout Roule".
- Tu t'es retrouvée dans le milieu musical et son business dès l'adolescence. Notamment après que Lord Esperanza t'ai repéré. Comment as-tu franchi ce cap ?
- Tu as eu accès à tout ça assez tôt finalement ... Est-ce que ça n'a pas rendu l'entrée dans le milieu plus difficile ?
- Sur Pyaar, ton producteur attitré était Makeameal, l'est-il toujours aujourd'hui ? Il t'accompagnait même sur scène ...
A peine le début de sa carrière concrétisée par sa signature, Sally fait d'une pierre deux coups : elle réalise un de ses rêves tout en atteignant un de ses objectifs professionnels. Autrement dit elle a l'occasion de tourner un Colors, une prestigieuse antenne de lives vidéos postés sur Youtube, dont le principe est de mettre en lumière des artistes à l'international, quel que soit leur style, leur nationalité ou le stade de leur notoriété. Un micro, un fond monochrome, un artiste et le tour est joué. Sally nous parle de cet évènement.
- Lors du Colors de JFLA, tu étais déjà signée ?
- Justement toi qui es une artiste qui propose une musique alternative, différente, novatrice ... Malgré cette volonté, n'es-tu pas parfois tentée de faire des morceaux à tendance plus commerciale ?
- Tu en es encore à tes débuts, mais ta visibilité dépasse largement ton audience (11 mille abonnés sur Youtube et Instagram, 1 million de vues pour le Colors et au moins plus de 100 milles vues pour la plupart de ses clips). Comment tu expliques ce contraste ? Tu te considères comme une artiste accomplie ?
- La musique te fait l'effet d'une thérapie. Tu penses que si tu n'avais pas été bipolaire tu aurais fait de la musique ? Et si oui, tu l'aurais fait de la même manière ?
- Comment tu considères Sally (pseudo pro) ? Comme un personnage artistique ou comme une extension de toi ?
- Certaines de tes inspirations comme Rosalia ou Kid Cudi ont une immense carrière. Est-ce un de tes objectifs ou rêves à long terme ?
- Le clip de " Shoot " morceau aux multiples featurings féminins imaginé par Sally et son équipe
" Agathe Lemoine mon ancienne cheffe de projet avait songé au concept, et de mon côté je me suis occupée du casting, de trouver qui je voulais sur ce son avec moi. Ça reste une idée d'équipe. Agathe a incroyablement bossé là- dessus après on m'a laissé le choix pour trouver les personnes voulues et faire le meilleur morceau possible. Notre choix à tous et l'idée de base c'était qu'il n'y ait que des filles. Au bout d'un moment il faut se soutenir entre femmes et faire des morceaux ensemble, on n'en peut plus d'attendre que des rappeurs nous donnent notre chance. On n'est pas là que pour faire des refrains. J'espère que ce morceau sera précurseur pour les générations futures, même à une petite échelle. Ce qui m'a fait beaucoup de bien c'est "Buvance" la collaboration entre Le Juiice et Stavo, c'est ça qu'on veut ! C'est fini les filles qu'on invite pour chanter les histoires d'amour. Il y en a qui sont très bien, mais faire ça systématiquement c'est trop. Il y a des mecs avec qui j'aimerais collaborer mais je ne vais pas leur courir après. "
- "BBHMM", Rihanna, 2015 (Ceci n'est qu'un live. Pour retrouver le clip original dans sa totalité, le chercher directement sur Youtube)
- "No Church In The Wild", Kanye West & Jay-Z, 2012
" J'adore ce clip d'abord parce que c'est Romain Gavras qui l'a réalisé, qui en plus est français. C'est une légende ! Il fait autant de clips très quali comme " No Church In The Wild ", autant de clips un peu plus "freestyle" avec " Bad Girls " de M.I.A. Pour NCITW, quand tu regardes le clip tu as l'impression d'être dedans. Le fait que ça mette en image les violences policières, que la chanson soit magnifique ... Et le beat est incroyable, tu commences par un truc assez ensoleillé au niveau du refrain et la prod arrive et tout bascule. Les images sont tellement belles, le fait que ce soient des tons aussi uniformes ... Je ne peux pas regarder ce clip seule, tellement je suis immergée à chaque visionnage et que je mets trois heures à analyser un clip que je connais par cœur. Pour moi ce clip est un court-métrage. Il y a plein de clips que j'aime, mais lui c'est le seul où j'arrive vraiment à rentrer dedans. Romain Gavras a vraiment été précurseur pour nous."
" Exo est un des premiers groupes de K-pop que j'ai commencé à écouter, à 15 ans. A ce moment-là il y avait surtout G-Dragon et tout mais j'avais pas trop accroché. J'étais aussi à fond sur 2nE1. Exo a changé toute ma perception de la K-pop. "Love Shot" est ma chanson préférée de toutes celles que j'ai écouté de ce style musical. J'ai beau l'avoir vu des tonnes de fois, le connaitre par coeur, il me surprend toujours. L'esthétique, la danse, tout est dingue."
- Le fait que les membres de ces groupes de K-pop soient formés pour devenir des stars, ça change ton point de vue sur cette musique ?
- Pour revenir à ta musique et pour clore cette interview je te pose ma dernière question. Dans tes textes tu parles de sujets très intimes tels l'adoption ou la bipolarité. Comment fais-tu la distinction entre public et privé ?
A une époque de mise à l'épreuve et d'incertitude, le travail que Sally fournit est primordial. C'est de la musique mais pas que. Plus que jamais, sa productivité est à double sens, tout est pensé, millimétré, pour être fort et authentique, mais avant tout pour créer du lien et aller plus loin, ensemble. De par l'image mise en forme par la jeune chanteuse et son équipe, de par ses prises de positions subtiles ou plus franches, de part son implication et son plaisir de faire, d'accomplir, de partager. La voir réussir, grandir, c'est se voir avancer avec elle, c'est être témoin d'une existence qui nous ressemble, avec ses défauts, ses difficultés, qu'elle nous aide à contourner, à apprivoiser pour rendre le quotidien plus facile, plus vivable ou du moins, plus compréhensible et supportable.
Sally est un des nombreux reflets dont on dispose qui rend l'inconnu plus familier. Elle est un élément de comparaison qui nous pousse vers l'avant au lieu de nous enfoncer puisqu'elle adopte une démarche de transparence et de transmission. Bipolarité, appartenance, différence, elle abat modestement une à une les barrières que la réalité nous impose. Elle nous aide à nous retrouver, nous situer dans une période ou tout manque de logique et dans laquelle l'espoir ne cesse de s'amoindrir. Intentionnellement ou pas, sa musique nous bouleverse, nous touche, nous remue mais surtout nous plaît et nous divertit quand le reste semble se morceler. Éclatante de vitalité et de concret, elle amène le statut d'artiste et de chanteuse à un niveau neuf, contemporain.
Ecoutez Sally. Pour toutes les raisons que je viens de mentionner, mais d'abord parce que c'est pardessus tout une musique, un style qui méritent mille fois leur part d'audience et leur place dans nos playlists. est disponible sur toutes les plateformes et son premier album ne saurait tarder, à vos marques, prêt, partez ! Le clip de " Partout où je vais " en est le premier extrait, vous pouvez le retrouver ci-dessous ! Si tu n'en a pas eu assez, tu peux lire mon article dédié à Pyaar Pyaarici et mon live report d'un de ses concerts solos là.