L’appartement où il vit est un capharnaüm. Il y reste peu de place pour circuler ; on a tout de suite la sensation d’enfermement, d’étouffement. Au contraire, les couloirs de l’hôpital donneront lumière et espace, mais sembleront affreusement vides. Là où il est, seul, bien qu’une jeune femme y passe et y vive sans doute, juste à côté, là où il est, donc, il est tenu par l’amoncellement des choses, des bouteilles, par la taille du juke-box qui le fait plus grand, qui le tient debout. Les images sur les murs parlent de mort, de suicide. Et lui, Daniel, qu’il fredonne sur un enregistrement, qu’il répète deux ou trois notes sur un clavier, qu’il sorte du plus profond de lui-même une mélodie déchirante qui illumine son visage, Daniel creuse en lui , creuse dans la folie. Les traces de la folie, c’est aussi cette voix masculine parlant des symptômes de Daniel Berthon qui interrompt souvent son traitement ; c’est la venue du docteur Andreux, une femme, qui lui donne rendez-vous lui promettant de ne pas l’envoyer à l’hôpital. Et lui, de répondre « Non. Non c’est non ».
Ilan Klipper a confié le rôle de Daniel au chanteur Christophe, dont le prénom à l’état civil est aussi Daniel. C’est troublant, douloureux, fascinant.
Le film (23 minutes) est à voir sur MK2 Curiosity jusqu'au 24 mars 2022.