Après une longue pause, faute de sortie musicale probante, me voilà de retour avec quelques nouveautés plutôt emballantes. On commence par le come back d'un rockeur qu'on croyait perdu, le genre de candidat idéal au triste club des 27, ceux qui vont trop vite, trop fort, qui se brûlent les ailes et meurent à 27 ans comme Jim Morrison, Brian Jones, Janis Joplin, Jimi Hendrix, Kurt Cobain ou Amy Winehouse. Pete Doherty a d'ailleurs eu une relation avec cette dernière. Si elle a fini par sombrer corps et âmes dans la drogue, lui, s'en est sorti miraculeusement. Les Libertines, après une entrée en matière fulgurante - on ne se lasse toujours pas de leur premier et formidable "Up The Bracket", classique rock du début des années 2000 - ont disparu rapidement des radars. Si tout réussissait alors au chanteur anglais - en couple avec la très médiatisée Kate Moss - le mode de vide "sexe, drogues et rock'n'roll" n'a qu'un temps et Doherty devient rapidement plus que l'ombre de lui-même, artistiquement comme physiquement. On sait que depuis quelques années, il semble couler des jours paisibles, en France, près d'Etretat, dans les bras d'une réalisatrice française. La France, l'amour, le vin, la bonne chaire, la campagne normande et la rencontre avec Frédéric Lo, voilà qui requinque son homme. Ce dernier, talentueux guitariste de l'ombre, est entre autres faits d'armes, en grande partie responsable du meilleur disque de Daniel Darc, le sublime et bien nommé "Crève Coeur".
Le résultat de la collaboration entre Doherty et Lo est ici aussi miraculeux : un classique instantané rempli de mélodies pop ouvragées et délicieusement orchestrées. Une musique intemporelle, qui se fiche bien des tabloïds et des modes. Si certains doutaient encore du talent de songwriter de l'anglais, ce n'est plus possible à l'écoute du très beau "The Fantasy Life of Poetry and Crime".