Cette protéine, identifiée par cette équipe de scientifiques du Cedars-Sinai Medical Center pourrait constituer une cible clé pour réduire voire éliminer le risque de propagation du cancer de la prostate. La protéine kinase 2 interagit avec le récepteur RIPK2 dans les cellules cancéreuses de la prostate, amplifié dans environ 65 % des cancers mortels de la prostate. L’équipe qui publie dans la revue Nature Communications, suggère qu’inhiber le récepteur pourrait bloquer toute progression de la maladie.
La démonstration opérée chez la souris ouvre la possibilité d’utiliser des médicaments déjà disponibles, dont un déjà approuvé par l’Agence américaine Food and Drug Administration (FDA) pour le traitement de la leucémie. Si ces résultats d’étude préclinique étaient confirmés par des essais cliniques, cette découverte pourrait avoir un impact majeur sur le traitement des patients atteints d’un cancer avancé de la prostate.
90% des décès sont causés par une récurrence du cancer métastatique,
le résultat de la propagation du cancer à d’autres organes, précise l’auteur principal, le Dr Wei Yang, professeur agrégé de chirurgie et de biomédecine : « si nous parvenons à prévenir l’apparition d’un cancer métastatique, nous pourrons considérablement prolonger la survie et améliorer la qualité de vie des hommes atteints de ce cancer ».
Mieux comprendre les déclencheurs génétiques du développement du cancer de la prostate permet d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques, l’équipe du Cedars-Sinai a examiné les profils moléculaires de biopsies de patients atteints d’un cancer avancé de la prostate. Les chercheurs ont découvert que le récepteur RIPK2 est amplifié dans environ 65 % des cancers mortels de la prostate.
L’amplification du récepteur RIPK2 augmente avec la progression du cancer : ce constat a incité les scientifiques à faire l’hypothèse que la protéine pouvait jouer un rôle très important dans la progression du cancer. Déjà étudiée dans les troubles inflammatoires, on en savait encore peu sur les fonctions de RIPK2 dans la progression du cancer et la formation des métastases : les chercheurs montrent que RIPK2 active une autre protéine, qui à son tour déclenche un moteur crucial appelé c-Myc qui alimente la progression et les métastases de nombreux types de cancer, dont le cancer de la prostate.
La preuve in vitro : les chercheurs montrent chez la souris que l’inhibition de la fonction RIPK2 avec à la fois de petits inhibiteurs moléculaires (médicaments) et un système d’édition du génome CRISPR/Cas9, réduit considérablement la propagation du cancer de la prostate (la tumeur est réduite par 10). Le ciblage de RIPK2 avec le ponatinib, l’inhibiteur approuvé par la FDA, réduit de 92% les métastases du cancer de la prostate chez la souris.
L’espoir de petits inhibiteurs moléculaires de RIPK2 devra encore être confirmé par des essais cliniques mais ces résultats chez la souris sont extrêmement prometteurs. La prochaine étape va consister à identifier les biomarqueurs qui peuvent aider les cliniciens à sélectionner les patients éligibles à ces traitements.
« Cibler RIPK2 chez des patients présélectionnés, seul ou en association avec des thérapies standard ou émergentes, pourrait améliorer considérablement la survie et la qualité de vie des patients atteints de cancer avancé ».
Source: Nature Communications 3 Feb, 2022 DOI: 10.1038/s41467-022-28340-6 Receptor-interacting protein kinase 2 (RIPK2) stabilizes c-Myc and is a therapeutic target in prostate cancer metastasis
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Équipe de rédaction SantélogMar 21, 2022Équipe de rédaction Santélog