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GUNWOOD Dreamboat Jane 2022
Gunwood me touche au coeur grâce à sa musique et à de bons souvenirs.
Le 21 Juillet 2017, ils enchantent les nocturnes à Saint - Brieuc (derrière les bons élèves Wicked, devenus Cancres).
Les gars, d'une simplicité et une gentillesse désarmantes, nous font le plaisir de retenir, parmi nos photos, un cliché (pris par ma moitié, non pas la moitié du cliché!) pour leur profil Facebook.
Dans la foulée, leur 1er album 'Traveling soul' (après un EP en 2015) nous régale.
Le 9 Mars 2019, ils passent au Grand Pré à Langueux ouvrant pour les délicieux Shake Shake Go qui nous gratifient, en après-midi, d'un showcase où je rencontre Mr Monkey pour le début de ma contribution (Bon, on s'en fout, cela ne vous ... intéresse pas!).
En soirée, Gunwood met dans le mille et fait un tabac avec son folk blues rock finement ciselé.
'Gun' pour Gunnar (Ellwanger l'auteur-compositeur, chanteur et guitariste) et 'Wood' signe une position proche de la nature.
Elevé au gospel, il rencontre Joao Francisco "Jeff" Preto (basse, harmonica, chant) et David Jarry Lacombe (batterie, clavier, chant) en 2013 à Paris.
Après le 1er LP, Gunnar compose avec Nina Attal (Pieces of soul) et Ben l'Oncle Soul puis il prolonge les échanges sur l'EP 'Traveling sessions' avec de nombreux invités (Ben, Hugh Coltman, Yarol Poupaud...)
2022, il lâche sa seconde balle.
Sur la pochette, on rencontre 'Dreamboat Jane', la belle gosse crayonnée par Ben, toujours impliqué.
Plan serré cinématographique sur le visage d'une jeune femme blonde, le dessin reste sobre et beau comme la musique de Gunwood.
Intro rurale à la grosse caisse profonde et coups sur le cercle, la guitare folk prend alors la main pour donner le ton; un léger clavier remplit l'espace et la basse grondante se fond dans la masse.
La voix vient ensuite se poser sur des cordes battues par une main ferme. Cette voix, éraillée et légèrement couverte, traduit toujours de belles émotions.
L'assise rythmique s'installe, très régulière, jusqu'au refrain un peu plus saccadé, exprimant les soubresauts de l'existence 'Changing out there' ... 'changing all the time'.
Sur 'Dear Starlight', l'arpège se fait complice de la voix très colorée et affectée, parfois élevée en choeurs. Batterie et basse interviennent discrètement, les frappes ressemblant à des tams tams.
Les cuivres montrent doucement le bout de leur nez et la batterie bat soudain la chamade après 2 minutes mais l'apparition est courte jusqu'à la flambée, à l'approche des 3 minutes.
La dernière sentence tombe, a capella, dans une subtilité touchante.
'Share a little freedom' flotte sur un country blues bucolique. Cette fois, des choeurs aériens répondent au chant de Gunnar et la mélodie devient ritournelle sereine.
Le clip facétieux de Matthieu et Samuel Berner confirme l'affirmation 'I'm free as a bird'.
'Grow' déroule, mélancolique sur un chemin de vie. Les arpèges combinent, légers, à fleur de corde, comme la voix de Gunnar rejointe par des choeurs magnifiques.
Le son gonfle sous les échos de la basse de Jeff et les percussions où toms et tambourins tambourinent. Au bout de la route, un clavier vient donner du liant et de la souplesse.
Un riff, à la Gerdundula de Status Quo, griffe l'entrée de 'Dreamboat Jane'. L'électricité domine sur ce bateau bien secoué par le vent.
La slide déchire le ciel pendant que basse et batterie essaient de maintenir la coque.
Le clip, réalisé par Auréliane Camps, présente Jane, personnage pétillant et libre qui se laisse emporter par les flots.
Une cadence sobre mais résolument marquée, montre la direction d'une guitare au picking sonnant. Plusieurs voix se superposent par instants.
'Bonfire' crépite dans une félicité sincère et contagieuse.
Une marmite bouillonnante érupte d'emblée sur 'Better Know Yourself Well'. Le magma du clavier dégouline sur les frappes lourdes.
Surprenant, ce titre développe une mélopée soul, tellement riche, lorsque soufflent les nuées des cuivres puissants. Le rythme claque avec classe et sensualité.
L'émotion (morceau inspiré des suites du tremblement de terre en Haïti en 2010) monte à son comble progressivement et nous envahit totalement avec quelques accents à la Joe Cocker.
Quelle diversité! On enchaine avec un petit country au banjo célébrant le hasard des rencontres.
Le titre léger 'Sunny eyes' respire dans une ambiance acoustique réduite aux accompagnements de guitare folk et tambourin.
Cette fois quelques harmoniques diffusent des rayons de soleil, rapidement cachés.
La batterie roulante part, beaucoup plus franchement, et enchaine, imperturbable, jusqu'au bout entourée par une basse rugueuse.
Gunnar arrache des notes sur sa guitare et sa voix, parfois dans l'écho, semble balafrée.
'Shades' sonne durement et éblouit en même temps, époustouflant!
'Sparkles' calme les esprits avec son clavier lointain et cotonneux. On croit deviner des éclats de clarinette, non?
Le picking à l'acoustique promène tranquillement. La rythmique rappelle tambourin et grosse caisse en fond pendant que la basse rugit.
Après 2 minutes, le tambour s'énerve et un saxophone s'invite, épaississant fortement l'orchestration puis le morceau s'évanouit.
Les voix emmêlées sur 'Ye Jacobites By Name'(joué par le groupe du père de Gunnar) se souviennent des traditions écossaises mais les transposent aujourd'hui.
La folk déliée et dansante entraine sans résistance. Sa montée crescendo se fait dans une ivresse partagée (et la bière coule à flot).
Le final, a capella, donne des frissons jusqu'au bout du duvet.
'Rude thing' porte bien son nom. Le riff, âpre, gratte aux entournures.
Gunnar pousse sur le grain. Le rythme frappe, implacable.
La guitare, avec un rare solo, rappelle les meilleurs moments d'un style blues-rock fiévreux et endiablé.
'Good night song' qui conclut, a été écrite pendant le premier confinement.
Cette douce ballade fait penser aux rues désertes et à la solitude. Un câlin de réconfort d'après les artistes...
Des instruments aux intonations celtiques, synthé/harmonium, banjo, guitare folk viennent offrir un écrin délicat au morceau.
Cet album (bio)diversifié affiche les origines plurielles de Gunnar (Angleterre, Allemagne, France, malgré son prénom scandinave) et sa soif de voyage.
Elles imprègnent fortement sa musique dans des ambiances uniques ou parfois mixtes. Un parfum grisant s'en dégage.
La sincérité de l'interprétation des musiciens donne une ampleur incroyable à ses compositions.
On se laisse embarquer naturellement dans cet instant de vie émouvant. Un grand moment!
1. Changing Out There
2. Dear Starlight
3. Share A Little Freedom
4. Grow
5. Dream Boat Jane
6. Bonfire
7. Better Know Yourself Well
8. Sunny Eyes
9. Shades
10. Sparkles
11. Ye Jacobites By Name
12. Rude Thing
13. Good Night Song
réalisé avec Jean Lamoot (Noir Désir, Alain Bashung...)
enregistré studios ICP à Bruxelles
Artwork Ben l'Oncle Soul
Additional musicians :
Alexis Bourguignon (trumpet)
Thomas Faure (saxophone)
Luca Spiler (trombone)